Aller au contenu

Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques articles intéressants, à des prix qui allaient depuis douze francs jusqu’à quinze cents, et les mit en étalage dans la montre, au grand ébahissement du public.

Après ces premières améliorations, le capitaine Cuttle, au milieu de cette atmosphère d’instruments de marine, commença à se donner des airs quelque peu scientifiques ; il regardait les étoiles le soir, à travers le châssis vitré de la salle à manger, tout en fumant sa pipe avant de se coucher, comme si les étoiles faisaient partie, selon lui, de l’établissement. En sa qualité de marchand de la Cité, il commença aussi à s’occuper du lord maire, des shériffs et du conseil des prud’hommes ; il se sentait dans l’obligation de lire tous les jours la cote des fonds publics. Mais il avait beau faire, sa science de vieux loup de mer ne l’aidait guère à déchiffrer cet argot-là. Il s’arrêtait tout court devant les fractions dont il se serait bien passé.

Aussitôt après son entrée en possession du petit Aspirant de marine, il était allé trouver Florence pour lui donner ces étranges nouvelles de l’oncle Sol ; mais elle était partie. Voilà donc le capitaine Cuttle à son nouveau poste, n’ayant pour toute société que Robin le rémouleur ; comme les hommes dont l’existence a subi de grands changements, il a perdu toute notion de la durée, et il rêve de Walter, de Solomon Gills et de Mme Mac-Stinger elle-même, comme de songes perdus dans la nuit des temps.



CHAPITRE V.

Ombres du passé et de l’avenir.


« Votre très-humble… monsieur, dit le major. Corbleu, monsieur, un ami de mon ami Dombey est mon ami ; je suis enchanté de vous voir.

— Carker, dit M. Dombey pour expliquer ses liens d’amitié avec le major, je dois beaucoup à la société du major et à sa conversation. Le major Bagstock m’a rendu grand service, Carker. »

M. Carker, le gérant, arrivait à Leamington : il avait en-