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Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/20

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père de famille, il faisait représenter par ses enfants et quelques-uns de leurs petits amis des féeries, où lui-même remplissait les rôles d’ogre et de géant. Mais revenons à sa propre enfance.

Pendant les deux dernières années que Charles vécut à Chatham, il fréquenta l’école d’un jeune ministre du nom de William Gibs, qui soumit à un frein nécessaire des facultés susceptibles de s’égarer en se portant sur trop de sujets à la fois. M. Gibs se plaisait à proclamer son élève un garçon capable et triompha quand l’avenir vint justifier ses prévisions. À l’époque de la publication de Pickwick, il lui envoya une tabatière avec l’inscription suivante : « À l’inimitable Boz[1] », — risquant ainsi de lui donner la seule mauvaise habitude qu’il eût contractée, à son école, car, dans l’orgueil qu’il éprouva du jugement de son vieux maître, Dickens se mit à faire usage de cette tabatière et ne perdit pas sans peine le goût de priser.

Sur le terrain des jeux, proche de l’école de M. Gibs, fut jouée pendant la fenaison l’une des pièces du petit Charles, les meules de foin représentant les donjons de Seringapatam d’où venaient l’arracher ses compatriotes, les Anglais victorieux, représentés par deux de ses cousins et un

  1. Abréviation tronquée du sobriquet de Moses qu’il avait donné à son plus jeune frère en l’honneur du Vicaire de Wakefield.