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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/162

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Cette fois encore, Obenreizer ne prit aucune part à la discussion. Il fumait silencieusement au coin du feu, jusqu’à ce qu’enfin Vendale eût congédié les disputeurs et lui demandât son avis.

— Bah ! — répondit-il, — je suis fatigué de ces pauvres diables et de leurs services. Toujours les mêmes histoires. Ils ne font point leur commerce aujourd’hui différemment qu’ils ne le faisaient quand j’étais petit garçon. Quel besoin avons-nous d’eux, je vous le demande ?… Que chacun de nous prenne un sac et un bâton de montagne, et au diable les guides ! Nous les guiderions vraiment bien plutôt qu’ils ne nous guideraient. Nous laisserons ici notre portemanteau, et nous passerons là-haut tout seuls. N’avons-nous pas déjà voyagé dans les montagnes ensemble ? J’y suis né et je connais cette passe… Une passe !… cela fait pitié ; c’est une grande route qu’on devrait dire !… Ah ! je la connais bien. Laissons ces pauvres gens essayer leurs finesses commerciales sur d’autres que nous. Vous voyez bien qu’ils nous suscitent des retards pour gagner leur argent. Ils n’ont pas d’autre intention.

Vendale fut charmé de pouvoir couper court à cette discussion fatigante. Actif, aventureux, brûlant d’avancer et, par conséquent, très-accessible aux suggestions d’Obenreizer, il prêta les deux mains à ce beau projet.

Deux heures après, ils avaient acheté tout ce qui leur était nécessaire pour l’expédition du lendemain, ils avaient fait leurs sacs, et ils dormaient.

Dès le point du jour, ils trouvèrent la moitié de la