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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/18

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ment disgracieuse ; au-dessus de tout on avait perché certaine coupole, où se balançait une cloche.

— Monsieur Bintrey, — dit Walter Wilding, — pensez-vous qu’un homme de vingt-cinq ans qui peut se dire en mettant son chapeau : Ce chapeau couvre la tête du propriétaire de cette propriété et le maître des affaires qui se font dans la maison, pensez-vous que cet homme, sans être orgueilleux, n’ait point le droit de se déclarer satisfait de lui-même ; le pensez-vous ?

Ainsi s’exprimait Walter Wilding dans son propre bureau, s’adressant à son homme de loi, et tout de suite, pour joindre l’action à la parole, il prit son chapeau, s’en coiffa, et remit ensuite ce meuble où il l’avait pris. Il fit tout cela sans outrepasser les bornes de la modestie qui lui était naturelle, car il était né modeste.

C’était un homme à l’air simple et franc, le plus naïf des hommes, que Walter Wilding, avec son teint blanc et rose et son heureuse corpulence, étonnante chez un garçon de vingt-cinq ans. Ses cheveux bruns frisaient avec grâce, ses beaux yeux bleus avaient un attrait extraordinaire. Le plus communicatif des hommes aussi bien que le plus candide, jamais il ne trouvait assez de paroles pour épancher sa gratitude et sa joie quand il croyait avoir quelque motif d’être reconnaissant ou joyeux.

Bintrey, au contraire, était un prudent compagnon, la réserve même. Ses yeux pouvaient être comparés à deux petits globules clignotants qui sortaient de deux grosses paupières au milieu d’une grosse