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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/188

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— Et qui écrit ensuite, — continua le notaire en soulevant sa large tabatière pour chercher parmi ses papiers, — qui écrit qu’il va venir en conférer avec moi.

— Il écrit cela ? — s’écria Obenreizer. — Eh bien Monsieur, n’ai-je pas des droits légaux ?

— Eh ! mon pauvre garçon, tout le monde, à l’exception des criminels, tout le monde a son droit légal.

— Qui dit que je suis criminel ? — dit Obenreizer d’un air farouche.

— Personne ne le dit. Un peu de calme dans vos chagrins, par pitié. Si la maison Defresnier donnait à entendre que vous avez commis quelque action… oh ! nous saurions alors comment nous comporter avec elle.

Tout en parlant, il avait passé la lettre fort brève de Bintrey à Obenreizer, qui l’avait lue et qui la lui rendit.

— Lorsque cet homme de loi Anglais vous annonce qu’il va venir conférer avec vous, — s’écria-t-il, — cela veut dire qu’il vient pour repousser mon autorité sur Marguerite…

— Vous le croyez ?

— J’en suis sûr, je le connais. Il est opiniâtre et chicanier. Dites-moi, Monsieur, si mon autorité est inattaquable jusqu’à la majorité de cette jeune fille ?

— Absolument inattaquable.

— Je prétends donc la garder. Je l’obligerai bien à s’y soumettre !… Mais, — reprit Obenreizer, passant de cet emportement à un grand air de douceur et de soumission, — je vous devrai encore cette satisfac-