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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/31

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aussi surprenant que la découverte d’un nouveau monde par le vieux Colomb. Le ciel, à force de regarder d’en haut, découvrit le Carrefour des Éclopés. La lumière et la chaleur y pénétrèrent. Un rayon s’en vint jouer sur un portrait de femme suspendu au-dessus de la cheminée et qui composait, avec le portrait de Pebblesson l’oncle, la seule décoration de la salle à manger de Wilding.

Wilding contemplait cette peinture.

— Ma mère à vingt-cinq ans, — se disait-il.

Et ses yeux suivaient avec ravissement ce rayon béni… Il pensait qu’il avait accroché là cette toile afin que les visiteurs pussent admirer sa mère dans tout l’éclat de sa jeunesse et de sa beauté. Quant à un autre portrait qui avait été fait de la morte, alors qu’elle avait cinquante ans, il l’avait mis dans sa chambre à coucher comme un souvenir avec lequel il voulait toujours vivre…

— Quoi ! c’est vous, Jarvis, — dit-il.

Ces mots s’adressaient à un de ses commis qui venait de passer la tête par la porte entre-bâillée.

— Oui, — répliqua Jarvis, — je voulais seulement vous dire, monsieur, qu’il va être dix heures et que plusieurs femmes attendent dans le bureau.

— Mon Dieu ! — s’écria Wilding, qui rougit et qui pâlit en même temps, — sont-elles vraiment plusieurs ?… J’aurais mieux fait de les faire introduire quand il n’y en avait qu’une ou deux. Je les recevrai donc, chacune à son tour, Jarvis, dans l’ordre de leur arrivée.

Ce disant, il se retrancha derrière la table, s’en-