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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/33

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exemple quand elle souriait. Sa figure avait une remarquable expression de gaieté placide, qui semblait indiquer une égalité de caractère toujours bien rare. On n’aurait pu désirer une attitude meilleure ni mieux soutenue ; et il n’était pas jusqu’au son de sa voix qui ne fût en parfaite harmonie avec la réserve de ses manières. Wilding acheva d’être séduit, lorsqu’à la question suivante qu’il lui fit avec douceur :

— Quel nom inscrirai-je, madame ?

Elle répondit :

— Je me nomme Sarah Goldstraw. Mon mari est mort depuis de longues années. Je n’ai pas d’enfants.

Cette voix frappa si agréablement l’oreille de Wilding, tandis qu’il prenait ses notes, qu’il ne se hâta point de les prendre et qu’il pria Madame Goldstraw de lui répéter son nom. Lorsqu’il releva la tête, le regard de l’étrangère venait de se promener autour de la chambre et retournait vers lui.

— Vous m’excuserez de vous adresser encore quelques questions ? — fit Wilding.

— Certainement, monsieur, si je ne voulais pas être interrogée, je n’aurais rien à faire ici.

— Avez-vous déjà rempli les fonctions de femme de charge ?

— Une fois seulement. J’ai servi une dame qui était veuve. Je l’ai servie pendant douze ans. C’était une pauvre malade qui est morte récemment, et c’est pourquoi vous me voyez en deuil.

— Je suis persuadé que cette dame a dû vous laisser les meilleures lettres de crédit ? — reprit Wilding.

— Je crois qu’il m’est bien permis de dire que ce