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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/36

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que j’emploie comme si elles étaient de ma famille. Jusqu’à ce que ce projet s’accomplisse, vous n’aurez à songer qu’à moi et à mon nouvel associé ; je ne puis vous renseigner sur ce point quant à ce qui le concerne ; mais, pour moi, je puis bien me donner à vous comme un homme d’habitudes régulières et d’un appétit invariable…

— Et les déjeuners ? — interrompit Madame Goldstraw, — y a-t-il quelque chose de particulier, monsieur, pour vos déjeuners ?

Elle s’interrompit elle-même et laissa sa phrase inachevée. Ses yeux se détournaient de son maître et se dirigeaient vers la cheminée et vers ce portrait de femme… Si Wilding n’eût pas tenu désormais pour certain que Madame Goldstraw était une personne expérimentée et sérieuse, il eût pu croire que ses pensées s’égaraient un peu depuis le commencement de cet entretien.

— Je déjeune à huit heures, — dit-il ; — j’ai une vertu et un vice : jamais je ne me fatigue de lard grillé et je suis extrêmement difficile quant à la fraîcheur des œufs.

Le regard de Madame Goldstraw se reporta enfin vers lui, mais à défaut de son regard, l’esprit de la femme de charge était encore partagé entre son maître et le portrait…

— Je prends du thé, — continua Wilding, — et peut-être suis-je un peu nerveux et enclin à l’impatience lorsque je le prends trop longtemps après qu’il a été fait… Si mon thé…

Ce fut à son tour de s’arrêter tout net et de ne point