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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/54

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et très simplement que je ne vois pas cette aventure du même œil que vous. Quant à être un imposteur, vous, mon cher Wilding, cela est tout bonnement absurde. Comment peut-on être coupable d’une faute commise sans le savoir, et qu’est-ce qu’un imposteur qui n’a point consenti à l’imposture ? Et quant à ce qui regarde votre fortune…

— Ma fortune ? — répéta Wilding.

— Vous la devez à cette personne généreuse qui a cru que vous étiez son fils et qui vous a forcé de croire qu’elle était votre mère, puisqu’elle s’est fait connaître à vous sous ce nom. Êtes-vous sûr que le don de ses biens qu’elle vous a fait n’a pas pour cause le charme des rapports établis entre vous et qui ont fait la joie de ses derniers jours. Vous vous étiez, par degrés, attaché à elle, et certes, elle ne s’était pas moins fortement attachée à vous. C’est donc bien à vous, Walter, à vous, personnellement, qu’elle a conféré, en mourant, tous ces avantages que vous vous reprochez aujourd’hui sans raison d’avoir accepté.

— Point du tout, — s’écria Wilding. — Est ce qu’elle ne me supposait point sur son cœur un droit naturel que je n’avais pas ?

— Ceci, — répliqua Vendale, — j’en conviens. J’y suis bien forcé pour être sincère. Mais, pensez-vous que si, durant les derniers six mois, qui ont précédé sa mort, elle avait fait la découverte que vous venez de faire vous-même, l’impression de tant d’années heureuses passées auprès de vous, la tendresse qu’elle vous avait vouée, eussent été tout à coup effacées ?

— Ah ! — dit Wilding, — ce que je pense ne chan-