Aller au contenu

Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au portrait suspendu au-dessus de sa cheminée ; puis il cacha sa tête dans ses mains et se tut.

Vendale se leva, vint s’asseoir auprès de lui, et lui mettant affectueusement la main sur l’épaule, lui dit doucement :

— Walter, je vous connaissais avant ce qui vous arrive, comme un parfait honnête homme, à la conscience pure et au cœur droit. C’est un grand bonheur et un grand profit pour moi de côtoyer de si près dans la vie un compagnon qui vous ressemble et j’en remercie Dieu. Souvenez-vous que je vous appartiens. Je suis votre main droite, et vous pouvez compter sur moi jusqu’à la mort. Ne me jugez pas mal si je vous confesse que le sentiment que tout ceci me fait éprouver est encore bien confus. Vous pouvez même ne le trouver ni délicat ni équitable. Mais je vous jure que je me sens bien plus ému pour cette pauvre femme trompée et surtout pour vous-même, à qui cette révélation inattendue vient arracher les joies du souvenir, que pour cet homme inconnu (si toutefois il est devenu un homme), privé, sans le savoir, des biens qu’il ignore… Toutefois vous avez bien fait d’envoyer quérir Monsieur Bintrey. Son opinion sera sans doute, en bien des points, semblable à la mienne. Walter, n’agissez pas avec trop de précipitation dans une affaire si sérieuse ; gardons scrupuleusement ce secret entre nous. L’ébruiter à la légère serait vous exposer à des réclamations frauduleuses. Oh ! les faux témoignages et les manœuvres des intrigants ne nous manqueraient point. Cela dit, Wilding, j’ai encore à vous rappeler une chose : c’est que lorsque vous m’avez cédé une