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Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/190

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CHAPITRE XVI.


M’éloignant de la porte du Temple aussitôt après avoir lu cet avis, je gagnai de mon mieux Fleet Street ; là je montai dans un fiacre attardé, et me fit conduire aux Hummums, dans Covent Gardon. À cette époque, on pouvait toujours y trouver un lit à n’importe quelle heure de la nuit ; le portier en me donnant accès à son guichet toujours ouvert, alluma la chandelle qui venait la première en ligne sur son casier, et me conduisit droit à la chambre dont le numéro venait le premier sur sa liste. C’était une sorte, de voûte, au rez-de-chaussée sur le derrière, avec un lit monstre, à quatre colonnes, couvrant en despote la place tout entière, mettant arbitrairement une de ses jambes dans la cheminée et une autre dans la porte, en écrasant le misérable petit lavabo d’une manière complètement divine et juste.

Comme j’avais demandé une veilleuse, le garçon de service m’avait apporté, avant de me quitter, la bonne vieille veilleuse constitutionnelle des temps vertueux, un objet semblable au fantôme d’une canne qui se cassait instantanément quand on y touchait, auquel on ne pouvait rien allumer, et qui était placé solitairement au fond d’une haute tour en fer-blanc, percée de trous ronds, qui sur le mur, avaient l’air d’yeux tout grands ou-