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Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/193

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saine et sauve. La femme de cet intègre voiturier indiqua à Kit la maison de M. Garland, et notre jeune homme, sa malle sur l’épaule, prit aussitôt cette direction.

À coup sûr, c’était un joli petit cottage, avec un toit de chaume et de petites girouettes aux pignons, et à quelques-unes des fenêtres des morceaux de verre colorié, larges comme un porte-monnaie. Sur un côté de la maison se trouvait une écurie juste assez grande pour le poney, avec une chambre au-dessus, juste assez grande pour Kit. On voyait flotter des rideaux blancs ; des oiseaux chantaient aux fenêtres dans leur cage, aussi brillante que si elle était en or ; des plantes étaient disposées le long du sentier qui conduisait à la porte, autour de laquelle on les avait réunies et enlacées en berceau ; le jardin resplendissait de fleurs dans tout leur éclat, qui répandaient une douce senteur et charmaient la vue par leurs couleurs variées et leurs formes élégantes. Soit dans la maison, soit dehors, tout était parfait de soin et de propreté. Dans le jardin, pas une mauvaise herbe ; et, à en juger par de bons outils de jardinage, un panier à bras et une paire de gants qui se trouvaient à terre, dans une des allées, le vieux M. Garland avait, dû s’occuper à jardiner le matin même.

Kit regardait, admirait, regardait encore, et ne pouvait s’arracher à ce spectacle, ni détourner la tête pour sonner la cloche. Il eut encore le temps après de regarder la maison et le jardin, car il sonna deux ou trois fois sans que personne vînt, et finit par prendre le parti de s’asseoir sur sa malle et d’attendre.

Bien des fois encore il tira le cordon de la sonnette ; personne ne venait. Mais à la fin, tandis que, assis sur sa malle, il évoquait dans sa mémoire les châteaux de Géants, les princesses attachées par les cheveux à un clou à crochet, les dragons s’élançant de derrière les portes, et autres incidents de même nature qui, dans les livres de contes, arrivent à tous les jeunes gens d’humble condition, lorsqu’ils se présentent pour la première fois devant des maisons inconnues, la porte s’ouvrit vivement, et une petite servante, très-propre, très-modeste, ce qui ne l’empêchait pas d’être très-jolie, parut sur le seuil.

« Je suppose, monsieur, dit-elle, que vous êtes Christophe ? »

Kit se leva de dessus sa malle et répondit affirmativement.

« J’ai peur que vous n’ayez sonné bien des fois ; mais nous ne