Aller au contenu

Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

non par courage, mais par nécessité ; car il n’était guère moins dangereux pour elle de rentrer dans sa chambre que de descendre.

Au dehors, la pluie battait les murs avec, rage et tombait à flots du toit de chaume. Des moucherons et des cousins, faute de pouvoir s’aventurer en plein air, volaient çà et là dans l’obscurité, se heurtant contre la muraille et le plafond, et remplissaient de leurs bourdonnements ce lieu silencieux. Le fantôme remua de nouveau. Involontairement, l’enfant fit de même. Une fois dans la chambre de son grand-père, elle serait en sûreté.

L’homme suivit le corridor jusqu’à ce qu’il eût gagné la porte même que Nelly souhaitait si ardemment d’atteindre. L’enfant, en se sentant si près de son refuge, allait s’élancer pour se jeter dans la chambre et s’y renfermer, quand le fantôme s’arrêta encore. Une affreuse idée la saisit : si cet homme entrait là, s’il voulait attenter à la vie du vieillard !…

Nelly se sentit défaillir.

Cependant le fantôme entra dans la chambre.

À l’intérieur, il y avait une faible lumière ; et Nelly, encore muette d’effroi, complètement muette, et presque inanimée, se hasarda à regarder.

La porte était restée en partie ouverte. Ignorant ce qu’elle faisait, mais ne songeant qu’à sauver son grand-père ou à périr avec lui, Nelly s’inclina…

Ah ! quel tableau frappa ses yeux !

Le lit n’avait pas été occupé ; il n’était pas même défait. Devant une table était assis le vieillard, seul dans la chambre. Son pâle visage était tout illuminé par l’ardeur cupide qui brillait dans son regard, en comptant l’argent qu’il venait de voler à sa petite-fille de ses propres mains.






CHAPITRE XXXI.


L’enfant s’éloigna de la porte et regagna sa chambre d’un pas plus faible, plus incertain encore que lorsqu’elle s’était approchée de celle de son grand’père. La terreur qu’elle avait