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Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/277

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romaine, et développait ce thème avec autant d’éloquence que de moralité. Les deux charretiers passaient constamment de la salle d’exhibition au dehors, sous des costumes différents, criant très-haut qu’ils n’avaient rien vu dans leur vie qui fût plus admirable que ce spectacle, et pressant les auditeurs, avec les larmes aux yeux, de ne pas se refuser un si beau plaisir. Mme Jarley, assise au bureau, fit sonner des pièces d’argent depuis midi jusqu’au soir ; elle criait d’une voix solennelle à la foule de remarquer que le prix d’admission n’était que de cinquante centimes, et que le départ de la collection entière, destinée à faire une tournée parmi les têtes couronnées de l’Europe, était positivement fixé à la semaine suivante, jour pour jour.

« Ainsi, dépêchez-vous, il est temps, voilà le moment, disait Mme Jarley en terminant chacun de ces appels. Rappelez-vous que c’est l’extraordinaire collection de Jarley, composée de plus de cent figures, et que cette collection est unique dans le monde, toutes les autres ne sont qu’attrape et déception. Dépêchez-vous, il est temps, voilà le moment ! … »






CHAPITRE XXXIII.


Comme l’enchaînement de ce récit veut que nous ayons à nous occuper de temps en temps de quelques-uns des faits qui se rapportent à la vie domestique de M. Sampson Brass, et comme nous ne saurions, pour cet objet, trouver une place plus commode que celle-ci, le narrateur va prendre le lecteur par la main et le mener dans l’espace, pour lui faire franchir un plus grand intervalle que ne firent don Cléophas-Leandro-Perez Zambullo et son démon familier à travers cette agréable région, et pour s’abattre sans façon avec lui sur le trottoir de Bewis Marks.

C’est une petite et sombre maison, que celle de M. Sampson Brass, devant laquelle vont s’arrêter les intrépides aéronautes.

À la fenêtre du parloir de cette petite maison, fenêtre placée si bas près du trottoir, que le passant qui longe le mur risque de frotter avec sa manche les vitres obscures et de leur rendre service à ses dépens, car elles sont fort sales ; à ladite fenêtre