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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/100

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BRU

magne. La première dans la Basse-Autriche ; la seconde en Stirie ; la troisième dans l’Electorat de Saxe.

☞ BRUCKEN. Petite ville d’Allemagne, dans la Thuringe.

BRUCOLAQUES, ou BRUCOLACAS. s. m. pl. Les Grecs appellent ainsi les cadavres des personnes excommuniées, qu’ils disent être animés par le démon : ce qui leur fait donner ce nom de Brucolacas, qui veut dire faux ressuscités. Le démon se servant de leurs organes, les fait parler, marcher, boire & manger. Ils ont quelque rapport avec les utoupi, les striges. Les Grecs disent que pour ôter le pouvoir du démon sur ces excommuniés, il faut prendre le cœur du Brucolaque, le mettre en pièces & l’enterrer une seconde fois, ou, comme le dit François Richard dans sa relation de l’Île de Saint Irène, chap. 15, brûler son corps, & jeter ses cendres au vent. Il y a un article des Brucolaques dans les Huetiana, où le savant Evêque leur donne une autre étymologie. Adrien Baillet dit que ces imposteurs qui publient sous leur nom les ouvrages des savans, qu’ils ont recouvrés, sont semblables aux Brucolaques ou faux ressuscités.

☞ BRUEL. Ville d’Allemagne, au diocèse de Cologne. Voyez Bruyll.

BRUG. s. m. Vieux mot. Pont. Il a aussi signifié un donjon, une tour. On trouve Brig dans le même sens.

BRUGELETTE. Nom de lieu. Brugeletta. Il est à trois lieues de Mons en Haynaut. P. Hélyot, T. VII, pag. 304.

BRUGES. Ville de Flandre, Province des Pays-Bas. Brugæ. On dit qu’il y avoit autrefois près de Bruges une ville nommée Outtembourg, Aldenburgum ; qu’elle fut ruinée par Attila, & ensuite au IXe siècle par les Normands, & que ce fut en ce siècle que de ses ruines Baudouïn le Chauve, Comte de Flandre, entoura Bruges de murailles, & la fortifia. Bruges a été autrefois capitale de tous les Pays-Bas. ☞ C’étoit la plus riche & la plus florissante de toutes les villes de la Flandre, dans le temps où elle n’étoit pas encore sous la domination de la maison d’Autriche. Philippe, fils de l’Empereur Maximilien, & pere de Charles V, étoit né à Bruges. C’est une des plus belles villes des Pays-Bas. Hoffman lui donne de longitude 24d. 25’ & de latitude 51d 36’. Cette ville, selon M. de Cassini, est 20°. 38’, 33”, de long & à 51d. 11’, 30” de latitude.

Ce mot semble venir de Bruzziæ, nom que lui donne l’Auteur de l’histoire de la translation de S. Vendril, Act. SS. Bened Sæc. V. p. 210, & dans la Notice des Gaules de M. de Valois au mot Bruzziæ. L’Abbé Suger, dans la vie de Louis le Gros, l’appelle Brugæ ; d’autres Brugia, & d’autres Brugiæ. Nous disons Bruges ; & les Flamands Brugge ; ainsi le z s’est changé en g, comme dans Blauziacum, Blaugiacum, Blaugi, Virzeium, Verziacum, Virgeium, Vergiacum, Vergy. Ce mot vient apparemment de Brud, qui en flamand signifie la même chose que bray en ancien françois, c’est-à-dire de la fange, de la boue, parce que cette ville étoit dans un lieu marécageux & boueux : on aura dit apparemment Briudria, Bruderia, Bruzzia : le changement de d en z, n’est pas extraordinaire, sur-tout devant un z, ou une s.

Il y a aussi en Béarn une petite ville du même nom.

BRUGELIN, INE. s. m. & f. qu’on trouve en quelques vieux Auteurs, pour signifier qui est de Bruges en Flandre, mais il n’est point en usage. Brugensis.

BRUGEOIS, OISE, s. m. & f. Qui est de Bruges. Brugensis. L’insolence des Brugeois, qui se saisirent de sa personne (d’Engelbert II, Comte de Nassau) dans la chambre même de l’Archiduc, triompha de sa constance. D. l. Pise. J’aimerois mieux dire ceux de Bruges, les habitans, les bourgeois de Bruges.

☞ BRUGGEN. Petite ville d’Allemagne, au cercle de Westphalie, au pays de Juliers, sur la Swalin.

Bruggen. Autre petite ville d’Allemagne, dans le cercle de la basse-Saxe, Evêché de Hildesheim sur la Leine.

BRUGNE. s. m. Vieux mot. Baudrier.

☞ BRUGNETO. Petite ville d’Italie, dans l’Etat de Gênes, sur la rivière de Votra, Siège d’un Evêché suffragant de Gênes.

BRUGNOLES. Voyez Brignoles.

BRUGNON, s. m. Quelques-uns disent brignon ; mais le bel usage est pour brugnon. Brinolium. Fruit à noyau, qui a une peau rouge & déliée, qui a la chair pleine d’eau, & qui est d’un goût exquis. Il mûrit au mois de Septembre. Le brugnon violet est le plus estimé de tous. Il y a aussi des brugnons indiqués. Quelques-uns croient que le brugnon est une espèce de prune : ce qui a donné lieu à cette diversité de sentimens sur la nature du brugnon, c’est qu’il approche fort de la prune & de la pêche. Nous appelons brugnon tout ce qui étant lisse, c’est-à-dire, sans poil, ne quitte pas le noyau. La Quint. Part. III, ch. 5, p. 418. Cela s’entend parmi les pêches. Tous les brugnons ne sauroient presque avoir trop de maturité.

La Quintinie met le brugnon entre les espèces de Pavies. Il y a un brugnon violet tardif, que la Quintinie au même endroit, p. 418, compte parmi les dernières pêches du mois d’octobre, & les moins bonnes de l’année ; & un brugnon jaune lisse qu’il met au même rang : de sorte qu’il y a, dit-il, trois brugnons bien différens. ☞ Le brugnon violet tardif & le brugnon jaune ne mûrissent guère à Paris, & sont sujets à se crevasser & à pourrir sur l’arbre. pag. 440.

☞ BRUGUÈRE, ou BROUGUÈRE. Petite ville de France, dans le Rouergue, sur le Tarn.

☞ BRUGUIÈRE (la) Ville de France dans le Haut-Languedoc, au Diocèse de Lavaur.

BRUIANT. Voyez Bruyant.

BRUIÈRE. Voyez Bruyère.

BRUINE. s. f. Petite pluie froide & dangereuse pour les grains. Pruina. La bruine se forme, quand la vapeur destinée à faire de la neige ne se gèle que lorsqu’elle est en bas. On dit aussi brouine, à perurendo, parce qu’elle brûle les tendre boutons des vignes & des arbres. Voyez Pluye.

Bruine vient de pruina, en changeant le p en b. Le P. Thomassin remonte plus haut, & il dérive pruina de πῦρ & πύρινος, qu’il dérive de l’hébreu bahar, accendere, brûler, en changeant le b en p ; & il remarque que la bruine brûle les blés & les autres plantes auxquelles elle s’attache, penetrabile frigus adurit.

BRUINER. v. n. & impersonnel, qui se dit de la bruine qui tombe. Il bruine. Cadit pruina.

BRUINÉ, ÉE, part. & adj. Qui est gâté de la bruine. Uredine affectus, perustus. Il ne se dit que des blés. Les blés bruinés sont de difficile garde.

BRUIR une petite étoffe, comme il se pratique à Amiens, à Reims & au Mans, c’est en amortir tous les ressorts en la pénétrant de la vapeur de l’eau chaude dans une chaudière carrée, où on la couche sur son rouleau avec d’autres, ce qui la dispose à se bien apprêter.

BRUIRE. v. n. Je bruis, tu bruis, il bruit, nous bruissons, vous bruissez, ils bruissent. J’ai brui. Je bruirai. Que je bruisse. Strepere. Ce mot n’est en usage qu’à l’infinitif, & à la troisième personne de l’imparfait de l’indicatif, où l’on dit, il bruyoit. On entendoit bruire le vent, le tonnerre ; pour dire, souffler, gronder. Les flots bruyoient. Il signifie aussi, faire un bruit sourd & confus. Les Soldats firent bruire leurs armes en forme d’applaudissement. Ablanc. Les douleurs des femmes grosses sont causées par des vents qui vont & qui viennent en bruissant par tout le ventre. Mauriceau.

Le Scholiaste de Théocrite dit sur la seconde Idylle : Les Anciens faisoient bruire de l’airain aux éclipses de lune. Il ajoute qu’à Athènes le Prêtre de Proserpine faisoit bruire un vaisseau d’airain. De Mézir.