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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/1017

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COU

Ce mot vient de coopertura.

On appelle aussi couverture, les pièces d’étoffe qu’on met sur les mulets, non pas tant pour les garantir de la pluie, que par ornement pour montrer à qui ils appartiennent par les écussons & broderies qu’on y met dessus. Stragulum. On en fait aussi de parade dans les entrées & les grandes cérémonies. Quelques-uns appellent assez mal couverture, l’étoffe, la tapisserie qui sert à couvrir des chaises & autres meubles.

Couverture se dit aussi des peaux que les relieurs mettent sur les livres quand on les relie. Tegmen, tegumentum, tegumen. Une couverture de veau, de maroquin, de parchemin, de papier marbré. Cet homme ne connoît les livres que par la couverture. Une fausse couverture, c’est une pièce de basane, ou de parchemin, qu’on met sur la vraie couverture pour la conserver.

Les serruriers appellent couverture de la serrure, la pièce de fer qui en couvre les gardes ; ce qu’on nomme aussi foncet. Opertorium.

Couverture signifie aussi le toit des maisons, ce qui défend le dedans des injures de l’air. Tectum. Une couverture d’ardoise, de tuile, de plomb, de bardeau, de chaume. Une couverture à claire voie est celle dont les tuiles sont peu pressées, comme sur un appentis qui ne doit pas subsister long-temps. Les couvertures d’Orient sont toutes en plateforme. Les couvertures à la mansarde sont des toits dont la charpente est brisée, qui fait un angle, ou deux faces de chaque côté. On affecte dans les bâtimens modernes d’empêcher qu’on ne voie la couverture.

On dit aussi d’un parapet, d’une colline, qu’ils servent de couverture à un logement, à un camp, pour dire qu’ils les mettent à couvert des ennemis, qu’ils servent de défenses. Propugnaculum.

Couverture de fanaux, termes de Marine. Ce sont des baquets ou autres choses qu’on met sur les fanaux lorsqu’on les serre, pour les conserver & empêcher qu’ils ne se gâtent. Operculum.

Couverture se dit figurément en choses morales, & signifie prétexte pour couvrir, pour déguiser un dessein, pour excuser une faute. Simulatio, causa, prætextus. La dévotion sert de couverture aux hypocrites pour faire bien des méchancetés. C’est pour servir de prétexte & de couverture à l’avarice & à l’ingratitude. Patru. Un mari sert de couverture à une femme adultère.

COUVERTURIER. s. m. marchand ou artisan qui vend ou qui fait des couvertures. Stragulorum, lodicum opifex.

COUVET. s. m. pot de terre ou de cuivre avec une anse que les pauvres femmes remplissent de feu, & mettent sous elles l’hiver. Igniculum. Ce mot n’est connu que parmi le petit peuple.

COUVEUSE. s. f. poule qui couve, qu’on garde dans une métairie pour couver. Gallina incubans.

COUVI. adj. œuf qui est à demi couvé par la poule, ou gâté pour avoir été gardé trop long temps. Ovum incubatione vitiatum. Sancho Pansa fut traité avec une omelette d’œufs couvis.

COUVIN, nom d’une petite place du pays de Liège. Convinum. Couvin est situé entre Rocroy & Mariamon.

COUVINE. s. f. Ce mot qui étoit autrefois en usage, veut dire queue. Dame à grand couvine, dans les vieux Auteurs, est une Dame qui a une longue queue à son habit.

COUVIVER, v. a. vieux mot. Flater.

COUVOYON. s. m. nom d’homme. Covoyonus, Comvoyo. S. Convoyon, que nous prononçons couvoyon, de même que Mouchi, Moutier, Couvent Coutances étoit fils d’un Gentilhomme de Bretagne, & fut premier Abbé de S. Sauveur de Redon en Bretagne. Voyez Gallia Christ. T. IV, au mot rotonum, & Baillet au vingt-huitième de Décembre, & le Martyrologe de M. Chastelain au cinquième de Janvier, p. 92, & suiv.

COUVRE-CHEF. s. m. coëffure dont les femmes de village se servent en plusieurs endroits, comme en Normandie, Picardie, &c. Rica. Elle est faite d’un morceau de toile empesée & tortillée, dont elles entourent leur tête.

On appelle aussi de ce nom, tout ce qu’on met sur la tête & sur le visage pour les couvrir, tant aux hommes qu’aux femmes. Capitis tegmen, tegumentum. L’Ecriture nous apprend que l’on mit un couvre-chef sur la tête du Lazare & de Jesus-Christ, lorsqu’on les ensevelit. Philotas avoit les mains liées derrière le dos, & la tête voilée d’un couvre-chef. Vaug.

Couvre-chef. s. m. c’est une partie de l’habillement de l’Abbesse & de la Secrète de Remiremont, qui ont seules droit de le porter. C’est une espèce de linge qui s’appelle couvre-chef, quoiqu’elles ne le mettent pas sur leur tête. Il s’attache seulement derrière la tête, & les deux bouts viennent joindre la petite barbette qui leur couvre le sein en manière de guimpe, puis elles mettent sur leur tête deux grandes coëffes, l’une de taffetas, dont les deux bouts se nouent sur la barbette & la cachent en partie, & l’autre de gaze ou crêpe, qui pend par derrière : le couvre-chef n’est que de la hauteur de la personne, tombant par derrière jusqu’à terre, & est couvert d’une gaze noire. P. Hélyot. T. VI, p. 415.

Couvre-chef, terme de Chirurgie. Fascia cucullata. Bandage dont on se sert pour envelopper la tête. Il y en a de deux sortes, l’un grand, l’autre petit.

Couvre-chef se dit aussi quelquefois en riant & dans le style burlesque, pour signifier tout ce qu’on met sur la tête d’une personne pour l’accabler.

Jupiter fit à Thyphon leur grand chef,
D’une montagne un couvre-chef. Scar.

COUVRE-FEU. s. m. instrument ☞ de fer ou de cuivre qu’on met sur le feu pour le couvrir & le conserver pendant la nuit. Foci operculum.

Couvre-feu, signal de retraite qu’on donne dans les villes de guerre pour se coucher, pour avertir qu’on ne sorte plus. Signum vespertino receptui. Par une Ordonnance de Philippe de Valois, il paroît qu’on sonnoit le couvre-feu au soir & au point du jour ; & qu’à Laon on fit dépendre la cloche du beffroi pour punir les habitans d’une sédition qui étoit arrivée. Pasquier dit qu’on appeloit autrefois le couvre-feu ou courfeu, & par corruption carfou, ou selon d’autres, garefou, pour avertir de se mettre à couvert des débauchés & des voleurs de nuit. On l’appelle en Gascogne chasse-ribauds.

Couvre-feu. s. m. nom de la cloche qu’on sonnoit en Angleterre tous les soirs au commencement de la nuit. Cette coutume & le nom de cette cloche vinrent de Guillaume le Conquérant, qui ordonna sous de rigoureuses peines qu’au son de la cloche, qui sonnoit à sept heures du soir, chacun se tînt renfermé dans sa maison, qu’on éteignît les chandelles, & qu’on couvrît le feu. ☞ Ceux qui manquoient d’exactitude dans l’observation de cette loi, étoient rigoureusement punis. Le couvre-feu fut aboli par Henri II.

☞ Le couvre-feu étoit une police ecclésiastique, autrefois en usage dans les cloîtres. Cette coutume s’observe encore actuellement dans quelque endroits. Dans l’église cathédrale de Paris, on sonne tous les soirs à sept heures le couvre-feu, & la cloche qui sonne le signal, porte aussi le nom de couvre-feu.

COUVRE-PIÉ. s. m. espèce de couverture qui ne s’étend que sur une partie du lit, & qui sert à couvrir les piés. Les couvre-piés sont ordinairement de toile ou de taffetas piqué & garni entre deux d’aigredon, ou autre chose propre à donner de la chaleur.