Aller au contenu

Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/1019

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1011
COU — CRA

lâche action couvre un homme d’infamie. Pudore, dedecore suffundere. Ce Capitaine se couvrit d’une honte éternelle par sa révolte. Ce Conquérant revint triomphant, tout couvert de gloire, de lauriers. Clarus, illustris. Il n’est point de gloire dont on ne doive vous couvrir. M. Scud. Voyez Couvert.

Couvrir se dit aussi figurément pour cacher, déguiser, voiler, dérober à la connoissance des hommes. Tegere, occultare, dissimulare, velum obtendere, prætendere, prætexere. Les hypocrites se couvrent du manteau de la dévotion pour cacher leurs crimes, pour couvrir leurs défauts. Cet homme est fort adroit, il sait bien couvrir son jeu, ses desseins, sa marche. Cet amant est fort discret, il a bien couvert jusqu’ici sa passion. Ils couvrent leur prudence humaine & politique du prétexte d’une prudence divine & chrétienne. Ceux qui contestent les miracles modernes sont des profanes, qui couvrent leur incrédulité du titre spécieux de bon sens. Vous ne pouvez digérer que l’on ait levé le voile de dessus le fond d’iniquité que vous affectez de couvrir du prétexte de zèle. S. Evr. Quand nous aimons quelqu’un, notre passion couvre tous ses défauts. Maleb.

Envain vous vous couvrez des vertus de vos pères. Boil.

Couvert, erte. part. Voyez ci-dessus.

COW.

COWALAM. s. m. grand arbre qui croît au Malabar, & dans l’Île de stylan. Son fruit ressemble à une pomme ronde ; il est couvert d’une écorce épaisse & verdâtre, sous laquelle on en trouve une autre dure, ligneuse & renfermée dans une substance visqueuse, humide, jaunâtre, acide & douceâtre, dans laquelle sont des graines plates, oblongues, blanches & pleines d’un suc transparent & gommeux. Lorsque ce fruit est mûr, les habitans de ces contrées le mangent & le trouvent délicieux. Leurs Médecins se servent dans la diarrhée de son fruit vert conservé dans du miel ou dans du vinaigre ; & c’est encore un des remèdes auxquels ils ont recours, & même avec beaucoup de succès dans la dyssenterie. Ray, Hist. plant.

COUX. s. m. vieux mot qui signifie cocu.

Par vous suis à honte livré ;
Par vous, par vostre lecherie,
Suis-je mis en la confrérie
Saint Arnoul le Seigneur des coux,
Dont nul ne peut être rescoux.

Rom. de la Rose.

Saint Gengoux en Bourgogne est regardé comme le patron de cette confrérie, à plus juste titre que S. Arnoul à Metz. Supl. au Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Coux. Voyez-y aussi S. Arnoul. Lécherie, que Nicot écrit licherie, signifie friandise, bonne chère.

COUY. s. m. terme de Relation. Dans nos Îles de l’Amérique on appelle ainsi une moitié de calebasse. Dimidium cucurbitæ, dimidia pars cucurbitæ. Le Médecin Nègre prit un couy, c’est-à-dire une moitié de calebasse, où il y avoit du feu, il mit de la gomme dessus, & encensa l’idole. P. Lab. On cueille les pois, les graines & autres menues denrées dans des couys. Les Nègres recueillent les graines de Roucou dans des couys. C’est dans des couys que les femmes des Caraïbes préparent du roucou avec de l’huile de carapat, pour en peindre leurs maris. Le P. Lab.

☞ COUSIN ou COUZIN, (LE) rivière de France dans la Bourgogne, qui a sa source dans l’étang de Champeaux, Bailliage de Saulieu ; & après avoir arrosé quelques villes, se jette dans la Cure, dans le Nivernois.

COY.

COY, COYE. Voyez Coi, Coie.

COYEMBOUC. s. m. espèce de coffre dont on se sert dans les Îles, principalement quand les habitans appréhendent d’être pillés par les ennemis. Les coyemboucs sont composés de deux calebasses d’arbres dont on a ôté de chacune la quatrième ou la cinquième partie. On abouche ces deux callebasse les unes contre les autres, comme le dessus & le dessous d’un encensoir. Quand le coyembouc est rempli de ce qu’on y veut mettre, on lie & serre le dessus & le dessous avec de la ficelle de Mahot ou de Pite, & l’on pend le coyembouc dans les arbres qui ont de grandes feuilles, jusqu’à ce que les ennemis se soient retirés. Le P. Lab. t. 2.

COYEMENT. Voyez Coiment.

COYAU. s. m. Petite pièce de bois entaillée sur la roue d’un moulin, qui sert à soûtenir les aubes ou petites planches sur lesquelles l’eau fait son impression pour faire tourner la roue.

On le dit aussi en Charpenterie, des petits bouts de chevrons qui sont sous la couverture d’un toît, & qui la portent jusqu’à l’endroit nécessaire, jusqu’au bord de l’entablement pour la pente & la chûte des eaux. Ces pièces de bois s’appellent en plusieurs lieux chanlates. Deliquiæ.

COYERS. s. m. Pièces de charpente, ou chevrons posés en diagonale sur le toît d’une maison, ou dans l’enrayeure d’un comble, & qui répondent sous l’arêtier. Colliquiæ.

COYON. Voyez Coïon.

COYONNER. Voyez Coïonner.

COYONNERIE. Voyez Coïonnerie.

COZ.

COZOQUOIS, OISE. Nom d’une Secte hérétique, dont nous avons parlé au mot Bagnole. C’est la même chose.

CRA.

☞ CRABE. s. m. Poisson de mer, du genre des animaux crustacés, ressemblant assez à une araignée. Cancer.

☞ On en distingue plusieurs espèces. Il y en a même d’eau douce. Cancer fluviatilis.

☞ On voit dans les Antilles des crabes violets, de blancs & ceux qu’on appelle dans le pays tourlourou. Il y en a aussi qui sont une espèce d’écrevisse amphibie dont se nourrissent les habitans. Amphibium cancri genus. Les crabes sortent des bois au mois de Mai pour s’aller baigner dans la mer, & y jeter leurs œufs. Ils sont pour lors en si grand nombre dans la campagne, qu’on ne sauroit mettre le pié à terre sans en écraser quelqu’un. Dans leur marche ils se divisent en plusieurs bataillons longs d’une demi-lieue, & larges de cinquante pas. Ils ont deux tenailles ou mordans fort dangereux, dont ils sont un si grand bruit, qu’il semble que ce soient des corselets ou tassettes d’un Régiment de Suisses. On en voit en Syrie, & particulièrement à Alep, qui sortent de la rivière, & montent au haut des meuriers blancs, pour manger les meures.

Crabe, en quelques pays auprès de l’Espagne, se dit pour chèvre. Capra.

Crabe. s. m. Sorte de bois qui vient de l’Amérique, dont on fait un assez bon commerce à la Rochelle.

CRABIER. s. m. espèce de héron qui se trouve dans les Îles de l’Amérique. On l’appelle crabier, parce qu’il vit de crabes.

CRAC. Terme populaire indéclinable, & sans aucun genre, qui se dit en parlant du bruit que fait le bois quand il travaille ou quand on le rompt, & en général tous les corps durs, secs & solides qu’on divise ou qui éclatent avec violence. Fractor. J’entendis crac, crac, & c’étoit une solive qui éclatoit. Ses souliers sont neufs, ils sont cric-crac. Ce mot