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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/154

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CAE — CAF

imprimées par D. Luc d’Achery. Cela se prouve encore par l’ancienne prononciation du mot de Caen, qui n’étoit pas monosyllabe, comme maintenant, mais qui étoit un mot de deux syllabes, où les deux voyelles a & e étoient marquées par une prononciation distincte, comme les vers du Poëte Waice, qui vivoit vers le milieu du XIIe siècle, & les vigiles de Charles VI en font foi.

De Cathom, on a fait Cadom, le t s’étant changé en d, comme de Θεὸς, on a fait Deus. Je crois même que dans le temps qu’on a dit Cathom, d’autres, & peut-être le plus grand nombre, prononçoient Cadum ; car il se trouve dans la chartre de fondation de l’Abbaye de la Trinité, dans la vie de S. Lanfranc, & dans la chronique du Bec. De Cadom, le mot Caen a pu se former dans la suite, aussi bien que de Cathem, par une analogie fort ordinaire dans notre langue, comme de Laudunum, s’est fait Laon, de Lugdunum, Lyon, d’Audomarus, Omer, & d’Audoenus, Ouen.

M. Bochart croit que Cadom, en vieux gaulois, signifie demeure de guerre. Il est vrai que ca en bas breton signifie guerre ; mais hom, qui signifie demeure, est un mot d’origine allemande, comme il le reconnoît lui-même : ce mot, selon les divers dialectes de cette langue, se prononce hom, comme en plusieurs lieux de Normandie. Car les villages nommés le homme, suhomme, robéhomme, le hommet, le hommel, viennent du Saxon hom ; comme hameau, & hamel viennent de ham. De sorte que M. Bochart fait ce mot hybride, moitié gaulois, moitié Saxon. Pour moi, j’estime qu’il faut rapporter ce nom à celui de Cadetes, peuples célébrés par César, & situés apparemment vers le lieu où Caen est situé, & que Cadom, signifie demeure des Cadetes ; de même que Cabourg, petit bourg assez voisin de Caen, appelé dans les vieux titres Cateburgum, & Cadburgum, signifie bourg des Cadetes. Du reste, ces Cadetes, peuples Gaulois, peuvent bien avoir pris leur nom, de Cad, mot gaulois, qui signifie guerre. Ainsi Cadetes signifie Belliqueus. Huet.

D’autres ont formé le nom Cadomum, Caen, de Cadmus, comme si ce Prince Phénicien, en cherchant sa sœur par le monde, eût jeté les fondemens de Caen. Les autres de Caii domus ; comme nous avons dit ci-dessus. D’autres de Campodomus, comme ayant pris ce nom de sa situation entre deux campagnes. Quelques-uns de Quentovicum, comme si ce nom, qui appartient à une ville d’Artois, étoit celui de Caen. Les autres du grec Καινὸς δόμος, nouvelle demeure ; & quelques-uns de Cademoth, ville de la Terre-Sainte. M. de Bras de Crociatonum}, ou Cassiatonum, ou Caradinan, ou Casta domus. D’autres à canitie. Toutes ces étymologies sont fausses.

CÆNÉE, s. m. Nom d’un ancien promontoire de la mer Ægée, sur la côte de Grèce, au nord du canal de Négrepont. Cænum promontorium. De-là (du bourg de Talanda) malgré une grosse bourasque de vent, ayant doublé de promontoire Cænée, dit à présent Cap Martel, où se trouvoit cette pierre Amiantus dont les anciens faisoient de la toile, qui se blanchissoit au feu, nous entrâmes dans le canal que fait la longueur du Négrepont. Duloir, p. 249.

CAENOIS, OISE, s. m. & f. Qui est de Caen, habitant de Caen. Cadomensis. Prononcez Canois dissyllable, ou même Canais, comme on fait dans le pays. M. Huet, dans ses antiquités de Caen, ch. 24e, fait un dénombrement de 137 Caenois, qui ont été hommes illustres dans l’Eglise & dans les Lettres. Il faut y ajouter M. Huet lui-même. M. de Cahaignes a donné les éloges des Caenois, ses contemporains.

Ce mot aujourd’hui n’est que du discours familier. M. Huet dit toujours habitans de Caen, homme de Caen, &c. Les habitans de Caen sont gens d’esprit, studieux, polis. Huet. Des hommes de Caen, illustres dans l’Eglise & dans les Lettres. Id. Je n’entreprends pas dans ce chapitre, de donner la liste de tous les Citoyens de Caen qui ont acquis du nom dans le monde. Id. Roger, natif de Caen. Idem. Guillaume Acarin étoit Citoyen de Caen. Id.

☞ CAERDIGAN. Voyez Cardigan.

☞ CAERDIGANSHIRE. Voyez Cadiganshire.

☞ CAERLEON. Anciennement Isca, Ville d’Angleterre, en Monmoutshire, sur l’Usk : c’est une Ville très-ancienne, & une des trois premières Métropoles que les Chrétiens établirent en Bretagne.

☞ CAERMARTHENSHIRE ou CARMARTENSHIRE. Province d’Angleterre, dans le diocèse de Saint David. C’est une des plus fertiles du pays de Galles.

☞ CAERNARVAN. Ville d’Angleterre, au pays de Galles, sur le Menay, capitale de Carnarvanshire, Province du diocèse de Bangor.

CÆSALPINE. s. f. C’est le nom que le P. Plumier a donné à une plante qu’il découvrit dans l’Amérique, en mémoire d’André Cæsalpin, célèbre Botaniste. ☞ Sa fleur est monopétale, irrégulière, en forme de masque, divisée en quatre parties inégales ; du fond de la fleur, s’élève un pistil environné d’étamines recourbées. Ce pistil devient dans la suite une silique remplie de semences oblongues. On ne lui connoît point de propriétés médicinales.

☞ ET CÆTERA. Terme emprunté du latin, qu’on abrége dans l’écriture, & qu’on met avec un &, un c & un point, &c. Il signifie le reste d’un discours qu’on ne dit point, qui est sous-entendu, & que le Lecteur peu supléer facilement de lui-même.

☞ On dit proverbialement, Dieu nous garde d’un et cætera de Notaire ; parce que, sous prétexte de ces mots qu’ils mettent au bout des Obligations, promettant, &c, obligeant, &c, renonçant, &c, ils etendent si loin ces clauses, en grossoyant les actes, que cela va souvent au de-là de ce que les parties ont cru consentir. Ce mot vient du grec καὶ ἕτερα & alia.

CÆSAR. Voyez Cesar.

CAF.

CAFARD, ARDE. adj. Souvent employé substantivement. Bigot, hypocrite. Il se dit particulièrement des gens qui font leurs affaires sous prétexte de religion, en abusant de la simplicité & de la confiance des autres. Religionis, probitatis simulator. Vanæ pietatis affectator, hypocrita. Il a l’air cafard, l’humeur cafarde. C’est un vrai cafard.

Ménage dérive ce mot de l’Arabe caphar, qui se dit par les Arabes proprement d’un homme, qui de Chrétien s’est fait Turc, ou de Turc Chrétien. Il a été fait de l’Hébreu caphar, qui signifie renier. כפר. Caphar en Arabe, signifie aussi un infidèle, un impie. Les Turcs & les Arabes, d’après l’Alcoran, donnent ce nom aux Chrétiens. Les Anciens ont eu une espèce de couverture de tête qu’ils appeloient caphardum. Du Cange.

Ce mot vient apparemment des Arabes. Cafara, signifie en leur langue nier, d’où les Rabbins ont sans doute pris leur verbe cafar pour dire nier ; le Targum de Jérusalem s’en sert souvent en ce sens-là. Ces mêmes Rabbins appellent un Renégat Caferan. Consultez le Dict. Rabbinique de David de Pomis, & le grand Dict. de Buxtorf.. Quelques-uns croient qu’on a aussi donné le nom de Cafres aux peuples d’Afrique, qui habitent vers le Cap de Bonne-Espérance ; parce qu’ils n’ont aucune religion.

Cafard, se dit d’une espèce de damas ou de satin. Damasceni operis bombycinus pannus. Le véritable damas cafard est tout de fil ; mais le damas cafard ordinaire est celui dont la trame est seulement de fil, & les chaînes de soie, & qui se manufacture en Flandres.

CAFARDERIE. s. f. Hypocrisie, fausse dévotion. Hypocrisis. Ce mot n’est pas d’usage.