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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/171

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p. 124. Aux environs d’Aix il y a beaucoup de mines de pierres calaminaires. Acad. 1700. Hist. p. 59. Voyez l’article suivant.

CALAMINE, s. f. Espèce de cadmie naturelle, qui est privée de parties métalliques. Terre fossile & bitumeuse, qui affine le cuivre avec lequel on la jette dans la fonte, & l’augmente de plus d’un tiers en l’affinant. Cadmia. C’est une terre forssile de couleur jaunâtre, qui n’est pas fort dure, & qui jette, losqu’on la brûle, une fumée jaune : elle est dessicative, détersive & astringente. On la mêle aussi avec le cuivre pour le rendre jaune, & pour augmenter son poids. Avec tout autre métal elle s’évapore ; & si on la met toute seule dans le feu, elle devient cendre. Sa trop grande quantité mêlée dans l’airain, le rend fragile : il redevient rouge, si on le fond cinq ou six fois. Il y en a une espèce nommée calamine blanche, qu’on trouve au haut du creuset, quand on fond le cuivre avec la pierre calaminaire. On l’appelle pampolix ou capnites. Ce n’est, à proprement parler, qu’une suie métallique.

☞ En 1561, sous le règne d’Elisabeth, on fit en Angleterre la découverte des mines de cette terre. Larr. On trouve aussi de la calamine, en Allemagne & dans plusieurs provinces de France, où il y a des mines de plomb & de cuivre, au milieu desquelles elle existe. Voyez Galien, Pline, Dioscoride, Agricola, Gonæus, Savot, &c. Voyez Cadmie.

CALAMISTRER. v. a. Friser, mettre les cheveux en boucles. Il est du style familier. Crispare comam.

CALAMISTRÉ, ÉE. part. frisé, mis en boucles. Horace oppose incomptos capillos, les cheveux négligés de Curius aux cheveux frisés & calamistrés qu’on vit dans les siècles suivans, & qui furent après regardés comme des marches de mollesse. Dacier sur Hor.

☞ Les Vocabulistes, d’après l’Académie, disent que calamistrer, c’est friser, poudrer. Poudrer, non : ce mot est formé du latin, & calamistrare signifie seulement friser des cheveux, les mettre en boucles. Calamistrum, fer à friser.

CALAMITE. s. f. C’est un des noms que l’on a donné à la pierre d’aimant, & ensuite à la boussole. Magnes, lapis magnesius. Ce mot a signifié proprement en françois une grenouille verte, à cause qu’elle vit volontiers parmi les roseaux ; & il a été donné à l’aiguille aimantée, parce qu’avant qu’on eût trouvé l’invention de la suspendre sur un pivot, on l’enfermoit dans une phiole de verre demi-pleine d’eau, sur laquelle on la faisoit floter par le moyen de deux fétus comme une petite grenouille, Calamita, Rana calamita, Diophyta. D’autres dérivent ce mot à chalybe amata. Il vient de καλάμη, stipula, paille, parce que cette pierre attire la paille.

Calamite. adj. Epithète que l’on donne quelquefois au styrax, à cause qu’on le mettoit autrefois dans des roseaux appelés calami pour le conserver.

☞ On donne aussi le nom de calamite à une pierre qui imite un roseau.

☞ CALAMITÉ. s. f. Evénement facheux, grand malheur qui accable quelqu’un & ruine entièrement ses affaires. Calamitas. Il est tombé dans une affreuse calamité. D’Ablan. Il semble pourtant que ce mot, suivant sa propre signification, & même celle qu’on lui attache dans l’usage ordinaire, désigne un malheur public qui afflige un Etat, une Province. Toutes les calamités publiques passent dans l’esprit des superstitieux pour des vengeances du Ciel irrité. Flech. Les Païens accusoient les Chrétiens d’être la cause de toutes les calamités qui affligeoient l’Empire. Menage. Quelle est la cause, demande un Rabbin, de notre calamité présente, qui dure depuis plus de mille ans, vu que Dieu n’a puni les horribles idôlatries, le massacre des Prophetes & les autres crimes affreux de nos peres, que par une captivité de soixante & dix ans à Babylone ?

Ce mot vient du Latin calamitas, qui vient de calamus, le tuyau du bled. On appeloit du nom de calamité, la grêle qui brisoit & coupoit les bleds. Calamum terere.

CALAMITEUX, EUSE. Adj. Infortuné, misérable. calamitosus. Il ne se dit guère que des tems de trouble & de guerre, qu’on appelle temps calamiteux. Regne calamiteux. Maucroix. Dans ce sens-là même il vieillit, & ne pourroit être employé qu’en poësie.

CALAMUS, en terme d’Anatomie, est la pointe ou l’extrémité du quatrième ventricule de la tête du côté de l’épine du dos. On l’appelle ainsi, parce que cette extrémité de ce ventricule se termine en façon de plume à &crire, en Latin. calamus. Calamus scriptorius.

CALAMUS AROMATICUS. s. m. Plante qui est de deux sortes. Il y a le vrai calamus aromaticus des Anciens, qui vient dans les Indes Orientales, & qui est une espèce de roseau ; & celui des boutiques.

☞ Le Calamus Aromaticus Verus nous vient des Indes Orientales en petites bottes. Il s’élève à la hauteur d’environ trois pieds. Sa tige est de la grosseur d’une plume médiocre, & contient une moëlle blanche, d’un goût un peu amer & d’une assez bonne odeur. Ses feuilles sont longues & pointues. Ses fleurs de couleur jaune, naissent aux sommités, disposées en ombelles.

Le Calamus Aromaticus des boutiques est bien différent du premier. Il a une racine qui rampe presque à fleur de terre, & qui jette beaucoup de filamens ; elle est fort nouées, de la grosseur du doigt, blanche, tirant sur la couleur de chair, d’une substance rare & légère, d’un goût mordicant & un peu amer, & d’une odeur forte, mais assez agréable. Ses feuilles sont semblables à celle de la flambe, mais plus longues, d’un goût acre & aromatique. Il n’y a que la racine qui soit en usage ; elle est bonne pour l’estomac, contre la colique, & contre les obstructions du foie & de la rate.

☞ CALANDA. Petite ville du Royaume d’Arragon en Espagne, sur la rivière de Guadaloupe.

CALANDES. Voyez Calendes.

CALANDRE. s. f. Terme de Manufacture. Machine dont on se sert pour presser & lustrer les draps, les toiles & autres étoffes. Machina poliendis lævigandisque telis & holosericis comparata. Elle sert aussi pour y faire ces ondes qui sont sur le tabis & les moires. Elle est composée de deux gros rouleaux de bois, autour desquels on roule les pièces d’étoffe. On les met entre deux gros madriers de bois dur, large, épais & fort poli. Celui de dessous sert de base. Celui de dessus est mobile par le moyen d’une roue telle que celle des grues. Un cable est attaché à un tour qui compose son axe. Cette partie du dessus est d’un poids prodigieux, quelquefois de 50 ou 60 milliers. C’est cette pesanteur qui fait les ondes sur les étoffes qui sont autour des rouleaux, par le moyen d’une légère gravure qu’ils contiennent. On met & on ôte ces rouleaux, en inclinant un peu la machine.

Ce mot vient du Latin cylindrus, parce que tout l’effet de la machine vient du cylindre. Borel dit que ce nom lui vient d’un petit oiseau de même nom, parce que les marques qu’elle imprime sont semblables à ses plumes. Les Auteurs de la basse latinité l’ont appelée celendra.

Calandre. Petit oiseau du genre des alouettes, qui n’a point de crête. Alauda non crystata, ou corydalus minima. Conrad de Montpellier, de Montepuellarum, Chanoine de Ratisbonne, qui florissoit vers l’an 1390, dans la vie de S. Erard qu’il a écrite, ch. I. appelle calandre un petit oiseau qui chante agréablement dans les bruyeres. Calandrus dulcisonans in mirica. On l’appelle aussi calandre de bocage. La calandre a la voix très-haute ; si elle l’avoit moins, il y auroit peu d’oiseaux qui égalassent la beauté de son chant. Ceux qui en veulent nourrir, doivent les avoir du mois d’Août