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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/192

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CAM

des meilleures maisons de Constantinople. Il fut Moine Acémète sous Théodose le jeune. Voyez les notes de M. Chastelain au 15 de Janvier. Il y a encore eu d’autres Calybites, comme remarque Bollandus. Januar. t.I, p. 1031, qui vivoient sous des cabanes, des chaumines.

Ce mot vient de καλύπτω, tego, operio. Bollandus. Ib. p. 1029. De-là s’est fait le nom Grec Καλύϐη, qui signifie une petite loge ou hute. Voyez le Glossaire de Du Cange.

CALYCOPIS. s. f. Terme de Mythologie. Fille d’Otréus, Roi de Phrygie, est la Venus mère d’Ence. Elle épousa Thoüs, Roi de Lemnos, qui érigea à sa femme des temples, à Paphos, à Amathonte, dans l’île de Chypre & à Byblos en Syrie, institua en son honneur des Prêtres, un culte sacré & des fêtes.

CALYPHE. Voyez Calife.

CALYPSO. s. f. Terme de Mythologie. C’est le nom d’une Nymphe célèbre par ses amours avec Ulysse, qui passa sept ans avec elle dans l’Ile d’Ogygie où elle régnoit, & où elle reçut favorablement cet étranger qui y avoit été jeté par la tempête. Cette Nymphe étoit fille de l’Océan & de Thétis, si l’on en croit la fable. Elle avoit promis l’immortalité à Ulysse, s’il vouloit l’épouser ; mais celui-ci l’ayant quittée pour retourner dans sa patrie auprès de sa femme Pénélope, elle s’en tua de désespoir. Homère rapporte pourtant autrement la chose ; & Lucien dit qu’Ulysse lui écrivit qu’il étoit fâché de l’avoir quittée, parce qu’il avoir trouvé sa femme au milieu de plusieurs galans qui lui faisoient la cour & mangeoient son bien, qu’il les avoit tués, & s’étoit enfui, & qu’il ne désespéroit pas de retourner la voir quelque jour.

CALYPTER. s. m. Excroissance charnue, qui couvre la veine hémorrhoïdale. Καλυπτὴρ, de καλύπτω, cacher. Hippocrate, cité par James.

☞ CALZA (l’ordre de la). Voyez Botte (ordre de la).

☞ CALZADA ou SAN-DOMINGO DE LA CALZADA. Calcida ou Calciata. Ville d’Espagne dans la Vieille-Castille, dans la contrée de Rioja. Son Evêché a été uni à celui de la Calahorra.

CAM.

☞ CAMÆNA. s. f. Déesse du chant chez les Romains.

CAMAGNE. Terme de Marine. Lit de vaisseau. Voyez Cajutes.

☞ CAMAGUELA. Province de l’Île de Cuba, dans l’Amérique septentrionale. Elle étoit très-peuplée avant l’arrivée des Espagnols.

☞ CAMAÏEU. s. m. Pierre fine, ordinairement de deux couleurs, sur laquelle on voit différentes figures que la nature y a tracées. Lapis in quo figurœ videntur, non impressœ, sed ingenitœ. On le dit aussi de ces pierres précieuses, comme onyx, sardoines & agathes, sur les quelles les Lapidaires emploient leur art pour aider la nature à perfectionner ces représentations.

Ce mot vient de camehuia, qui est un nom que les Orientaux donnent à l’onyx, lorsqu’en l’usant, on trouve une autre couleur, comme qui diroit une seconde pierre. Les Latins ont dit aussi camahutus & camahelus. Du Cange.

Camaïeu se dit aussi d’un dessein fait par un Peintre, où il n’emploie qu’une seule couleur, & où il observe les jours & les ombres, sur un fond de couleur différente, d’or ou d’azur, qui représente d’ordinaire les bas-reliefs. Imago monochromatos, monochroma. Les plus riches camaïeux sont rehaussés d’or ou de bronze, par hachures.

On dit peindre en camaïeu, un plafond orné de camaïeux, de beaux camaïeux. Les Grecs les appeloient μονοχρώματα.

CAMAIL. s. m. Petit manteau que les Evêques portent par-dessus leur rochet, qui ne s’étend que depuis le cou jusqu’à la ceinture. Epomis, humerale.

Il est noir ou violet. Il a un capuce, mais si petit qu’il ne peut couvrir la tête, & qu’on le laisse abattu par derrière, de sorte que c’est plutôt un ornement de cérémonie, qu’un habit propre à garantir du froid. Les Cardinaux portent ordinairement le Camail rouge. Pendant l’avent & le carême, & quand ils sont en deuil, ils le portent violet. Les Evêques dans leur Diocèse portent le camail violet. Hors de leur Diocèse, & quand ils sont en deuil, ils le portent noir. Les Cardinaux & Evêques assistent aux actes & aux cérémonies en camail & en rochet. Les Abbés séculiers ont tous le camail noir, les réguliers de la couleur de leur ordre. Les Abbés Prémontrés l’ont blanc.

Camail se dit aussi d’un habit d’Eglise, des Chanoines, Prêtres, & autres Ecclésiastiques séculiers & des Chanoines réguliers. Il a un capuce dont on couvre la tête. C’est un habit d’hyver, pour se garantir du froid. On le prend à la Toussaint, & on le quitte à Pâque. Le camail des Chanoines descend par-devant jusqu’au dessous de l’estomac & par derrière jusqu’aux talons, & se termine en pointe. Celui des Chanoines réguliers de la Congrégation de France, est à-peu-près de même forme. Quelques autres Ecclésiastiques le portent de la même manière, & c’est : ce qu’on appelle le grand camail. Le petit camail qui est ordinairement celui des simples Ecclésiastiques ne se termine point en pointe par derrière, & descend seulement jusqu’aux reins. C’est ainsi qu’on le porte à Paris.

Quelques-uns disent, comme Théophile Raynaud, que ce mot vient de camelaucius, qui étoit une couverture de tête faite de camelot. Ce qu’on lit dans le savant Onomasticon du P. Rosweid, Jesuite, sur camelauchium, confirme ce sentiment, quoiqu’il n’y parle point du mot François, camail. On y lit que dans des vies anciennes des Saints on trouve que camelauchium étoit un vêtement dont on se couvroit la tête ; que dans un ancien Glossaire manuscrit de Camberon, il est dit que c’est un vêtement du Pape, un ornement de tête semblable à la tiare ; que dans Bède, de Tabern. Liv. III, chap. 8, il est décrit comme un casque, qui s’étend jusque sur le haut de la tête, ce qui représente en effet la forme de camail ; que ce mot est Grec καμελαυκιον, & καμελαυχιον ; qu’il se trouve dans Suidas, dans Hésychius, dans le Scholiaste d’Aristophane ; que l’Etymologiste le dérive de παρὰ τὸ ἐλαύνειν τὸ καῦμα ; ce qui montre que l’usage de cet habillement vient des pays chauds, où on le portoit pour se garantir du soleil & de la chaleur, au lieu qu’on l’a pris dans ce pays-ci pour se garantir du froid ; qu’au reste on trouve dans Isidore, & d’autres anciens, calemanchus & calemancus, mais que c’est une faute ; que dans Bède à l’endroit cité, il y a Calamacus, mais que ce sont des transpositions & des changemens très-ordinaires dans les Auteurs ou les Copistes de la basse Latinité, dans lesquels on trouve de même très-souvent corcodrillus pour crocodilus. D’autres prétendent qu’il y a plus d’apparence qu’il vient de cap de maille : il est certain qu’il y avoit autrefois des couvertures de tête faites de mailles. Ainsi on voit dans l’Histoire de Bertrand du Guesclin, des Chevaliers bien armés de camails, qui répondoient à peu près aux haussecols des derniers temps ; & la ressemblance a fait ainsi nommer les camails des Evêques. Du Cange.

En termes de Blason on a aussi appelé camail ou mantelet, une espèce de lambrequin, dont les anciens Chevaliers couvroient leurs casques & leur écus,

CAMAIL, Ordre du Camail. C’est l’Ordre militaire du Porc-épic, institué en 1394, par Louis de France, Duc d’Orléans, au baptême de son fils Charles, cet Ordre fut appelé Ordre du Camail, parce que le Duc d’Orléans donnoit avec le collier une bague d’or, garni d’un camaïeu, ou pierre

d’agathe,