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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/21

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BOU

qui est un nom fort approchant du Patriarchat ; que le B. Robert d’Abrissel, écrivant à Léger, Archevêque de Bourges, le nomme aussi Patriarche ; que Gofredus, Prior Vosiensis (Geofroi, Prieur de Vigeois en bas Limousin) qualifie Patriarche de Bourges : Albert, Archevêque de la même ville ; que la Glose du Decret reconnoît un Patriarchat à Bourges : c’est sour la Distinc. 22, Canon 7. S. Antonin, Archevêque de Florence, mort en 1459, observe qu’il y a trois choses dans l’Eglise de Bourges, Métropole, Primatie & Patriarchat. Le Cardinal Alexandre passe plus avant sur le Canon Definium, dist. 22 & dit que l’Archevêque de Bourges est le premier Patriarche après les quatre premiers. En 1210, ou environs, Philippe Auguste écrivit à Innocent III, pour faire confirmer la Primatie de Bourges, parce que c’étoit, dit-il, le seul Patriarchat de son Royaume. Enfin, Coquille, le plus judicieux de nos Jurisconsultes françois, & Chasseneux, disent la même chose. Il prétend même que les Archevêques de Bourges ont exercé les fonctions Patriarchals ; que c’est en cette qualité que Vaufrin, Archevêque de Bourges, bénit en 1122, Suger, Abbé de saint Denys dans l’Eglise de saint Denys même, en présence de Louis le Gros ; que Guillaume de Boisrarier, qui mourut en 1421, Henri d’Avaugour mort en 1446, & le Cardinal de Tournon, ont aussi fait les mêmes fonctions, aussi-bien que M. de Beaune, qui donna l’absolution à Henri IV, & il cite les preuves des libertés Gallicanes, p. 406. M. Cathérinot conjecture que le Patriarchat de Bourges fut institué sous Louis le Débonnaire, Roi des Aquitianes, & depuis Empereur. Ses principales raisons sont, que la ville de Bourges étoit devenue alors capitale des trois Aquitaines, & que vers ce temps-là Raoul, Archevêque de Bourges, est traité de Patriarche. Voilà ce que sa Dissertation contient de plus particulier. Cette conjecture est détruite par le fait de S. Didier, rapporté ci-dessus par M. Cathérinot lui-même. S. Didier ayant vécu sous Dagobert, (Clovis II,) & sous Sigebert fils de Dagobert, Sigebert étoit Roi d’Australier, ainsi Bourges avoit un Patriarche dès le VIIe siècle. Raoul, élu Archevêque en 840 dans des lettres de fondation d’un Monastère, rapportées par le P. Mabillon, Ast. SS. Bened. Sæc. IV. P. II. p. 1158, prend le titre d’Evêque du premier Siége, primæ sedis Episcopus. Bourges a une Université fameuse autrefois pour le Droit, & où il vient encore beaucoup d’étrangers. M. l’Abbé Fleury, qui, dans son Hist. Eccl. L. LV. p. 180, Tom. XI. & Liv. LXXXIV. p. 159, T. XVII; reconnoît le Patriarchat de Raoul, croit aussi qu’il fut érigé, parce que Bourges étoit la capitale du Royaume d’Aquitaine, que Charlemange avoit donné à Louis le Débonnaire, & il ne croit pas qu’on ait parlé de ce Patriarchat avant de temps-là. Cependant Théodulphe d’Orléans vivoit & écrivoit plus de vingt-ans, & Didier, cité par M. Cathérinot, plus de 200 ans avant le Pape Nicolas.

Quant à la Primatie, elle s’étendoit d’abord sur les Provinces de Narbonne, d’Auch & de Bourdeaux. La Province de Narbonne est la premiere qui s’en est soustraite, ensuite celle d’Auch ; mais Bourdeaux y demeura soumis, & en 1146, Eugène III. confirma par une Bulle la Primatie de Bourges sur cette Province ; & les Archevêques de Bourges ont joui incontestablement de ce droit pendant plusieurs siécles, comme il paroît par la Translation de Frotaire, qui en 876, demanda en grace de passer du Siége de Bourdeaux à celui de Bourges, & par la lettre de Philippe Auguste à Innocent III. en faveur de Gerard de Cros, Archevêque de Bourges, rapportées dans le Galia Christiana, Tom. I. p. 174. Les Rois d’Angleterre, devenus Ducs de Guyenne, voulurent soustraire Bourdeaux à la Primatie de Bourges ; Philippe Auguste s’en plaignit à Innocent III, en 1211, & le pria de conserver les droit de cette Eglise, qui étoit la seule Primatiale de son Royaume. Ce Pape confirma ce droit à S. Guillaume l’an 1200, & le supposant incontestable, l’année 1212, il confirma la suspense prononcée l’Archevêque de Bourges contre l’Archevêque de Bourdeaux ; pour n’être pas venu à son Concile ; & ne la leva qu’après que l’Archevêque de Bourdeaux eut promis d’aller au Concile de Bourges quand il y seroit appelé. Alexandre III, Luce III, Urbain III, Clément III, Célestin III, & enfin Grégoire IX, prononcèrent en faveur de Bourges, & les Archevêques de Bourdeaux reconnurent sans difficulté l’Archevêque de Bourges pour leur Primat, comme il paroît par une lettre d’Etienne de Noyon à Honorius III, par l’Auteur de la vie de S. Guillaume dans Surius, par la lettre que Gerard de Malmort, Archevêque de Bourdeaux, écrivit le 28 Octobre de l’année 1247, à Philippe Berruyer, Archevêque de Bourges, qui lui avoit mandé qu’il alloit faire sa visite dans sa Province, qu’il se préparât, & qu’il en avertît ses suffragants, à quoi Gérard répond qu’il est prêt à la recevoir avec honneur, aussi-bien qu’à exécuter ses ordres. Enfin, en 1255, le Cardinal Octavien, par commission du Pape, fit un réglement pour la visite de l’Archevêque de Bourges dans la Province de Bourdeaux, & le Pape Alexandre IV le confirma. Ce ne fut qu’en 1305, que Clément V, qui avoit été Archevêque de Bourdeaux, transporta, si on en croit Matthieu de Westminster & Wallingham, deux Auteurs Anglois, la Primatie d’Aquitaine de Bourges à Bourdeaux.

Quelques-uns confondent le Patriarchat de cet Eglise avec sa Primatie, comme si c’étoit la même chose. Messieurs de Sainte-Marthe, dans leur Gallia Christiana, Tome I. p. 140, conviennent que Sulpice, Archevêque de Bourges, est appelé Patriarche par Didier de Cahors, mais ils disent qu’en ces temps Patriarche ne signifioit autre chose que Métropolitain. Tout ceci est tiré de Messieurs de Sainte-Marthe, Catherinot & de Hauteserre, Rer. Aquit. L. IV. c. 4. De la Brousse a écrit contre. Voyez Bourdeaux.

Bourges porte d’azue à trois moutons d’argent, accollés de gueules, clarinés d’or, 1, 2, à la bordure dentelée de gueules.

BOURGMESTRE, ou BOURGUEMESTRE, s. m. l’S se prononce. Premier Magistrat des villes de Flandres, de Hollande & d’Alemagne. Il est comme le Maire & le Gouverneur ; il donne des ordres pour le gouvernement, l’administration des finances, la justice & la police de la ville. Le pouvoir & les droits des Bourguemestres ne sont pas égaux partout : chaque ville a ses loix & ses statuts particuliers. En allemand on l’appelle Burgermeister. On ne sait pas bien comment on pourroit exprimer cette dignité en latin. Les uns l’expriment par Senator, & les autres par Consul. Quelques-uns de ces François Religionnaires réfugiés dans les pays étrangers, qui se mêlent d’écrire en françois, écrivent Bourgmaîtres, mais très-mal, il faut dire & écrire Bourgmestre, & prononcer l’s.

Ce mot s’est formé de deux termes flamans ; Borger, bourgeois, & Meester, maître, c’est-à-dire, le maître & le protecteur des bourgeois. M. Bruneau, dans son Traité des Criées, dit que Bourguemestre en Hollande répond à ce qu’on appelle Alderman, & Shérif en Angleterre, Attourné à Compiegne, Capitoul à Toulouse, Consul en Auvergne & Languedoc, Jurat à Bourdeaux, Pair de Ville à Beauvais. Echevin à Paris, Rouen, Tours, Angers, &c.

Bourguemestres, se dit aussi figurément & en badinant des plus considérables bourgeois d’une ville. Tous les honorables Bourguemestres jetterent les yeux sur non inconnus. Scar.

BOURGO. Voyez Burgau.

BOURGOGNE. Grand pays de France, qui a pour bornes à l’orient les Suisses, & une partie de l’Alsace ; à l’occident le Gâtinois, le Nivernois & le