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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/341

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CAU

conficiens, effectrix. Cause matérielle, c’est le sujet sur lequel il travaille, ou ce dont la chose est formée. Materia, materies. Cause formelle, c’est le changement qui résulte de son action dans le sujet, ou ce qui rend une chose telle, & la distingue des autres. Forma. La cause finale, c’est le motif qui le fait agir, ou la fin pour laquelle une chose est. Finis, propositum, causa finalis. Quelques-uns ont ajouté la cause exemplaire. Causa exemplaris, exemplum, exemplar. C’est le modèle que suit un agent, & qui le conduit dans son action mais ce n’est pas proprement une cause.

La cause physique est celle qui produit un effet sensible, & corporel : comme l’approche du Soleil est cause de la chaleur. Causa physica. La cause morale est celle qui produit un effet réel, mais dans des choses spirituelles ; comme le péché est la cause de la perte de la grâce. Causa moralis. D’autres appellent cause physique, celle qui produit l’effet par une qualité physique ; & cause morale, celle qui détermine, quoique non nécessairement, la cause physique à produire l’effet : ainsi le Soleil est cause physique de la lumière ; une pierre qui écrase un homme en tombant, est cause physique de sa mort ; mais les prières, les conseils, les menaces, les ordres, les exhortations, &c. qui nous portent & nous déterminent, quoique non nécessairement, à faire ou ne pas faire quelque chose, sont des causes morales. Dans ce sens, cause morale ne se dit qu’à l’égard des êtres intelligens & libres. Cette dernière notion de cause physique, & cause morale, est la plus juste : elle distingue mieux & fait mieux connoître les deux espèces de causes dont il s’agit.

Cause occasionnelle, est l’occasion seulement, & non pas la cause directe de ce qui arrive. Occasio, causa occasionem, ansam præbens : par exemple, l’ame ne pouvant pas agir sur le corps, ni le corps réciproquement sur l’ame, Dieu, à l’occasion d’un mouvement du corps, imprime à l’ame une pensée ; & de même à l’occasion d’une pensée de l’ame, il imprime un mouvement au corps ; d’où il s’ensuit que les mouvemens de l’ame, ou du corps, ne sont que les causes occasionnelles de ce qui se passe dans l’un & dans l’autre. Font. Selon les Philosophes modernes, le choc, ou la percussion, n’est que la cause occasionnelle du mouvement produit dans le corps choqué : c’est Dieu qui en est la cause immédiate & efficiente. Bay. De même ils disent que l’action des corps sur nos organes n’est point la cause efficiente de nos idées, & de nos perceptions : elle en est seulement une cause occasionnelle ; qui détermine Dieu à agir sur notre esprit, suivant les loix de l’union de l’ame & du corps. Id. C’est le sentiment des Cartésiens de nos jours.

Ceux qui méditeront un peu la matière, verront aisément les fâcheuses & les ridicules concluions qu’on en peut tirer : par exemple, ce n’est point un boulet de canon qui tue un homme, ou qui abat une muraille, c’est Dieu qui fait tout. Le mouvement d’un Canonnier, dont le bras remué par la puissance de Dieu a porté du feu sur la poudre d’un canon, a déterminé Dieu à enflammer la poudre ; la poudre enflammée a déterminé Dieu à pousser le boulet ; le boulet poussé avec une rapidité inconcevable jusqu’à la superficie extérieure du corps d’un homme ou d’une muraille, a déterminé Dieu à briser le corps de cet homme, & à lui fracasser les os, ou à faire voler des éclats des pierres de cette muraille. Un fantassin qui s’enfuit, ne s’enfuit pas ; mais le mouvement de sa glande pinéale agitée par l’impression d’un bataillon ennemi qui vient à lui, hérissé de bayonnettes au bout du fusil, détermine Dieu à remuer les jambes de ce fantassin, & à le porter du côté opposé d’où vient ce bataillon. Les conclusions dangereuses de cette nouvelle Doctrine regardent les dogmes catholiques de la liberté du péché, du mérite, &c. On a toujours dit dans un sens moral, que le monde est un théâtre où l’on joue la comédie ; chacun y fait son rôle : mais on pourroit dire aujourd’hui dans un sens naturel, si la chose n’étoit pas si sérieuse, & qu’elle ne regardât pas Dieu & la Religion, que le monde est un théâtre de marionnettes, & que chaque homme est un Polichinelle, qui fait beaucoup de bruit sans parler, & qui s’agite beaucoup sans se remuer.

La cause universelle est celle qui par l’étendue de son pouvoir peut produire tous les effets : il n’y a que Dieu qui soit cause universelle. Causa universalis. La cause particulière est celle qui ne peut produire qu’un seul effet, ou que certaines espèces d’effets. {'lang|la|Causa singularis}}, ou particularis. La cause principale, est celle qui donne le mouvement à l’instrument ; qui s’en sert. Causa principalis. Dans l’usage ordinaire, & ailleurs que dans les ouvrages dogmatiques, on appelle cause principale, celui qui a plus de part à une chose que les autres. Cause totale est celle qui produit tout l’effet. Causa totalis. La cause partielle, Causa partialis, est celle qui concourt avec un autre pour la production du même effet. Cause univoque est celle qui est de même espèce que son effet, qui est semblable à son effet. Causa univoca. Cause équivoque est celle qui n’est pas de la même espèce que l’effet qu’elle produit. Causa æquivoca.

On dit qu’un homme est cause d’un scandale, d’une querelle, d’une guerre, de la fortune de quelqu’un ; pour dire, qu’il en a fourni les occasions. Je ne suis pas cause de ce qui lui est arrivé. Les hommes par leurs artifices & par leurs feintes passions, sont cause du malheur de celles qui se laissent tromper. M. Scud. L’ignorance invincible est une excuse légitime des crimes dont elle est cause. S. Evr.

Cause signifie aussi raison, prétexte, sujet, moyen qui sert à défendre, louer ou blâmer quelque chose. C’est pour cette cause qu’on l’a fait mourir. Un Juge se doit déporter, quand il fait qu’il y a des causes de récusation contre lui. L’Arrêt déclare qu’à bonne & juste cause il a formé son opposition. Il a été accusé à tort & sans cause. Sans alléguer aucune cause elle rompit tout commerce avec moi. Voit.

As-tu de ton espoir des causes légitimes ?
Quand tu crois te sauver sur quoi te fondes-tu ?
Toi, pécheur, de qui la vertu
Consiste à s’abstenir des plus énormes crimes.

L’Abbé Tetu.

Cause, en termes de Palais, signifie un droit acquis à quelque personne par quelque titre que ce soit, vente, cession, donation, succession, confiscation, &c. Jus. Ainsi on dit, ses héritiers ou ayant cause. On dit aussi, qu’un homme a une bonne cause y quand il a un droit apparent. Les Juges doivent être toujours pour la bonne cause. Æquitas.

Cause, se prend aussi pour intérêt. Causa, partes. La cause des pauvres est la cause de Dieu. En matière de Religion, la cause de Dieu devient d’ordinaire la nôtre, parce que nos passions se mêlent avec elle. S. Evr. Darius fit prier Alexandre de venger sa mort, & lui fit dire qu’il devoit cet exemple au monde, & que c’étoit la cause commune de tous les Rois. Vaug. C’est la cause publique qui réside en la bouche des gens du Roi.

Cause se prend aussi pour ce qu’on appelle parti. Etre pour la bonne cause. Vaug. La faveur de Dieu n’est pas moins attachée aux bonnes mœurs qu’à la bonne Cause. Sherlock.

Cause, signifie aussi différent, contestation qui doit être plaidée à l’audience. ☞ On dit procès quand il s’agit d’une affaire qui s’instruit par écritures. Cause se dit quelquefois du plaidoyer même. Causa, lis, controversia. Cette cause a été appelée à tour de rôle. Citata præconio apparitoris causa apud judices ad instituendam ejus disceptationem, Cet