Aller au contenu

Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
BOU

Depuis, cette charge fut annexée par Edit du Roi à celle de Grand Bouteiller. Mais ce droit s’éteignit, soit par la négligence du Grand Bouteiller, soit par l’autorité du Roi. Du Tillet cité, p. 408, fait mention d’une Ordonnance, que le Bouteiller de France soit (à cause de son Office) l’un des deux Présidents en la Chambre des Comptes ; mais il ne dit pas Président. Le titre de grand Bouteiller s’est aboli aussi, & l’on y a substitué la charge de Grand Echanson ; mais ils ont été contemporans, & l’on voit quantité d’actes avant S. Louis où le grand Echanson & le grand bouteiller sont tous deux nommés, & quelquefois signés, mais depuis, les fonctions de ces deux emplois ont été réunies. Voyez Fauchet & Favyn.

BOUTIQUE. s. f. Lieu où les Marchands exposent leurs marchandises en vente, qui est ouvert sur la rue, & au rez de chaussée ; & où les artisans travaillent. Taberna, officina. On dit, lever, ouvrir boutique. Tabernam instructam mercibus aperire. Tenir boutique, garder, conduire la boutique. Se mettre en boutique. Garçon de boutique. Fille de boutique. Ce Marchand a ouvert sa boutique. La Police fait fermer les boutiques les Dimanches & Fêtes, & pendant les réjouissances publiques, ou quand il y a une maladie contagieuse. Il y a aussi des boutiques dans les Foires, dans la galerie du Palais, &c.

On appeloit autrefois boutiques, les études des Notaires ; & on les appelle encore ainsi en plusieurs lieux de Province.

Henri Etienne, de Latinit. susp. p. 317. a remarqué que ce mot vient originairement du grec ἀποθήκη, Apotheca, dont même Cicéron s’est servi en latin ; que dans les commancemens on a dit pothèque & ensuite bothèque, puis bouthèque, & enfin boutique. Les Italiens disent bottega, & les Espagnols botica : butica se trouve souvent pour signifier cista, une boîte ; peut-être que d’abord il ne se disoit que des boîtes ou balles de ces petits Merciers qui vont par la campagne, & qu’ensuite on l’a étendu aux lieux où les gros Marchands mettent & étalent leurs marchandises. Les Bollandistes, Mart. T. III. p. 847. tirent butica de butis, qui s’est dit pour un vase à mettre des choses liquides, comme du vin, une bouteille.

On appelle aussi boutiques, certains étaux portatifs, à l’abri desquels se mettent quelques artisans, ou petite Merciers, comme les Savetiers, les Ravandeurs, les Vendeurs de pain d’épice, de poupées, &c.

On appelle encore boutiques, des boîtes ou layettes que quelques petits Merciers ambulans portent au cou ou sur le dos. Capsa.

On appelle aussi boutiques, les bateaux où l’on met & où l’on nourrit du poisson, en attendant qu’on en ait le débit. Ces bateaux sont tous percés au-dessous du niveau de la rivière, & ne sont élevés sur l’eau qu’à cause du vide qui est à l’avant & à l’arrière.

Boutique, se dit aussi du fonds du Marchand. Il a vendu, il a laissé sa boutique à son associé ; pour dire, son fonds & ses marchandises, ou les outils de son métier, s’il est artisan, & les instrumens ou vaisseaux propres pour ses manufactures.

M. Bossuet, dans son histoire des Variations, L. XI. p. 182. a pris ce mot métaphoriquement, comme font les Latins, pour l’auteur, l’origine d’une chose. On peut voir par-là, dit-il, de quelle boutique est sortie la méthode de soutenir la perpétuité de l’Eglise par une suite cachée, &c. Boutique en ce sens n’est pas du bel usage.

En style populaire, ce mot signifie encore une maison où les Domestiques sont mal, pour le payement, la nourriture, ou le travail. Tu ne resteras guère dans cette maison, c’est une boutique. Pierrot dit dans la Fille savante : j’ai demeuré trois ans dans une de ces boutiques.

On dit proverbialement : aidue la boutique, de quelque chose qui tombe, qui se renverse, qu’on entraîne. On dit, qu’un homme fait de son corps une boutique d’Apothicaire, quand il prend souvent, ou par précaution, des lavemens & des médecines. On dit, il fait de sa tête une boutique de grec & de latin ; pour dire, qu’ils s’adonne entièrement à l’étude de ces deux langues. On dit aussi, d’une calomnie, d’une imposture, qu’elle vient de la boutique d’un tel Satyrique, ou scélérat, de la boutique de Sathan. On appelle aussi un Courtaut de boutique, un artisan qui est compagnon & occupé à un travail sédentaire. Cela ne se dit que quand on veut marquer du mépris.

Garde-boutique, est une marchandise de mauvais debit, qui n’est plus de mode, que le Marchand garde depuis long-temps. ☞ On le dit dans le même sens des ouvrages d’esprit qui n’ont point de debit.

Arrière-boutique, est un magasin qui est sur le derrière de la maison, où se mettent les marchandises qu’on veut conserver. Interior officina, taberna.

On dit figurément d’une ruse, d’une chicane qu’on garde pour la fin d’une affaire, d’un procès, que cela vient de l’arrière-boutique.

BOUTIQUIER. s. m. On appelle ainsi un petit Marchand qui vend en boutique. Si ce mot se dit, il n’est certainement pas de l’usage ordinaire.

BOUTIS. s. m. Terme de Chasse. Endroit où les bêtes noires ont fouillé avec leur boutoir ; lieux où les sangliers font des creux pour chercher des racines. Impressum solo aprugni rostri vestigium.

BOUTISSE. s. f. Terme de Maçonnerie. C’est un nom qu’on donne à des pierres quand elles sont mises en œuvre, ensorte que leur plus grande longueur traverse & entre dans le mur, & que le parement n’en soit que la largeur. La boutisse diffère du carreau en ce qu’elle présente moins de parement, & qu’elle a plus de queue. Pour bien bâtir, il faut mettre des pierres en parrement, & d’autres en boutisse alternativement.

BOUTOI. Terme de chasse. Voyez Boutoir qui est plus usité.

BOUTOIR. s. m. Outil de Maréchal, tranchant d’acier qui sert à parer le pied d’un cheval, & à en couper la corne superflue. Il est large de quatre doigts, & recourbé vers le manche.

Boutoir. s. m. Terme de chasse. C’est ainsi qu’on appelle le groin du sanglier. Apri ou aprugnum rostrum. Le sanglier lui donna un coup de boutoir. Salnove dans sa Vénerie Royale écrit boutoi. L’autre est plus usité. On s’en sert aussi dans le Blason.

Boutoir. Terme de Corroyeur. Instrument avec lequel les Corroyeurs boutent les peaux de veaux qu’ils veulent corroyer. Le boutoir est une espèce de couteau emmanché des deux bouts. Voyez Bouter. Il y a deux sortes de boutoirs, l’un dont le tranchant est émoussé, & s’appelle, à cause de cela, couteau sourd ; & l’autre dont le tranchant est fort affilé. Voyez Corroyer.

BOUTON. s. m. Petite boule, ou attache ronde, qui sert à joindre les deux côtés d’un habit, ou de quelqu’autre chose qu’on veut attacher ou détacher selon les besoins. Globulus. Les boutons d’un pourpoint, des manches, des botines, qui se ferment à boutons. Les boutons des pentes d’un lit sont en forme d’olive. En vieux françois on l’appeloit fermail. Du Cange. On s’en sert quelquefois pour orner & passementer les habits. Des boutons de diamans. Des boutons d’Orfévrerie. Des boutons d’étain, de laiton, de jai. Des boutons d’or, d’argent, de fil de soie, de crin. Des boutons à queue. On trouve dans la mauvaise latinité du XIIe ou XIIIe siécle, bottones pour la même chose, & manicæ aliqualiter botonatæ ; mais je ne trouve nulle part l’origine de ce mot.

Bouton, en terme d’escrime, signifie le bout du fleuret, qui forme une espèce de bouton couvert de cuir, pour ne point faire de contusion quand on s’exerce. Globulus ferreus rudis corio tectus.

En termes de Fauconnerie, on dit, qu’un oiseau branche & prend le bouton, pour dire, la cime des arbres.

On appelle, en termes de Manège, le bouton, la