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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/393

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CES

Tibère, qui régnoit alors. Cependant, ajouta-t-il, quelque irrégularité qu’il y ait dans cette phrase, il faut s’en servir sans scrupule ; l’usage qui a établi des solécismes, peut autoriser des barbarismes quand il lui plaît. Cette phrase a lieu dans le propre & dans le figuré.

☞ Il est vrai, dit M. Ménage, que par ces paroles notre Seigneur a voulu dire qu’il faut payer aux Souverains les tributs qui leur appartiennent : mais quoique ce soit là le sens des paroles de Notre-Seigneur, cela n’empêche point qu’il ne faille les traduire à la lettre, & César, en cet endroit, c’est Tibère, lequel s’appeloit César ; non pas, parce qu’il étoit Empereur ; mais parce que c’étoit son nom d’adoption. Tibère ayant été adopté par César Auguste, qui l’avoit été par Jules César, s’appela César dès le jour de son adoption. Il est vrai que tous les Empereurs Romains ont été ensuite appelés Césars : mais ce nom de famille qu’ils ont pris est toujours demeuré un nom de famille, comme celui de Ptolomée parmi les Rois d’Egypte. Rendez au César, ce qui est au César, dit Ménage, seroit donc une traduction ridicule ; & rendez à César, ce qui est à César est très-bien traduit. Il veut être César, ou rien ; c’est-à-dire, hazarder tout, pour être tout ou rien : c’étoit la devise de César Borgia, Duc de Valentinois.

Quelques anciens Grammairiens prétendent que le nom de César vient du mot latin cæsaries, chevelure : ainsi César voudroit dire la même chose que chevelu, & le premier qui ait porté ce nom ne l’auroit eu que parce qu’il avoit de beaux cheveux ; mais la plus commune opinion est que le nom de César vient à cæso matris utero, de ce qu’il fallut ouvrir le ventre de sa mère pour l’en faire sortir. Janus Bircherodius, dans son ouvrage sur l’Ordre de l’Eléphant, prétend que le nom de César vient de ce que celui qui le porta le premier, tua un Eléphant, en guerre, à cæso elephanto. Il appuie ce sentiment sur une médaille critique, sur laquelle on voit un Eléphant, avec ce mot, Cæsar.

César a long-temps signifié l’héritier désigné à l’Empire, comme aujourd’hui le Roi des Romains. Depuis Marc-Aurèle jusqu’à l’Empereur Valens, nul n’a été fait Auguste, qu’il n’eût auparavant été créé César. Spartien dit que Luce-Vère est le premier qui a été appelé César avant que d’être Empereur. Les Césars étoient adjoints à l’Empire ; Erant principes Imperii. Arbogaste tua Victor que Maxime son père avoit laissé dans les Gaules, après l’avoir créé César. Voyez Auguste.

Le César a été la seconde dignité, la seconde personne de l’Empire, jusqu’à Alexis Comnène. Cet Empereur érigea une nouvelle dignité en faveur de son frère Isaac Comnène, qu’il appela Sebastocrator, auquel il donna le pas sur le César, ainsi que nous l’apprennent Anne Comnène, sa fille, Alexiad. Lib. III, & Codin De Off. Constant. cap. 2. Voyez sur cet endroit les notes du P. Goar. Codin décrit la création du César, ses habits, sa couronne, ses droits, ses privilèges, &c. Pour détruire la pensée de celui qui a dit qu’on ne donnoit la couronne de laurier qu’aux Augustes, & jamais aux Césars, il n’y a qu’à voir le médaillon de Maxime Γ. ΙΟΥ ΜΑΞΙΜΟϹ ΚΑΙϹΑΡ, où il a la couronne de laurier, avec la qualité de César ; sans parler du bas Empire, où Crispus César est couronné de laurier. P. Jobert.

Le Cardinal Noris, De Lic. c. p. 43, prétend qu’on marquoit les années des Césars sur les médailles, & que celles de Constance Chlore & de plusieurs autres ensuite, sont marquées sur les médailles, quoiqu’ils ne fussent encore que Césars.

César, signifie aussi Empereur. Imperator. D’où vous vient cette audace, de parler publiquement pour soulever le peuple contre la religion des Césars ? Port-R.

Et les Rois à genoux venaient de toutes parts,
Adorer la grandeur du Trône des Césars. God.

CESARE. Terme artificiel de Logique, fait pour exprimer le premier mode de la seconde figure du syllogisme. Dans un syllogisme en Cesare la majeure & la conséquence doivent être universelles négatives ; la mineure universelle affirmative, & le moyen terme doit être l’attribut dans la majeure & la mineure. Nulle vertu n’est blâmable : Tout ce qui a la passion pour principe est blâmable ; Donc nulle vertu n’a la passion pour principe : c’est un syllogisme en Césare.

CÉSARÉE. s. f. On a donné ce nom dans l’antiquité à des Eglises Chrétiennes. Cæsarea. Il y avoit une Césarée célèbre à Alexandrie. Eutychius, Patriarche d’Alexandrie en parle beaucoup. Elle étoit dédiée à saint Michel, Archange, & quoi qu’on en dise, je ne crois pas qu’on ait donné ce nom à aucune autre Eglise. Il paroît que celle-ci avoit été un temple d’Idole bâti par Cléopatre, & ainsi nommé apparemment en l’honneur de César. Il fut ensuite changé en une Eglise, & dédié à saint Michel par Alexandre, Patriarche d’Alexandrie, successeur de saint Athanase ; & elle garda son ancien nom.

CÉSARÉE. Nom de plusieurs villes qui ont ce nom du mot César, parce qu’elles ont été bâties, rétablies, ou consacrées à l’honneur de quelqu’un des Césars. Cæsarea. Césarée, ville maritime de Palestine, appelée autrefois la Tour de Straton, fut bâtie par le grand Hérode, la 17e année de son règne en l’honneur d’Auguste, qui vint cette année-là en Syrie. On mit douze ans à la bâtir, & le Roi Hérode la dédia par de grandes fêtes & des combats magnifiques la 28e année de son règne, dix ans avant la naissance de J. C. Voyez Josèphe Antiq. Jud. Liv. XVI, ch. 9, & De Bello Lib. I, chap. 16. Pour la distinguer des autres, on la nomme Césarée de Palestine. Elle étoit entre Ptolémaïde au nord, & Joppé au midi. Quelques-uns disent que c’est la même qu’Apollonie.

On y voir de belles & grandes colonnes ensevelies dans le sable, des restes de ses magnifiques édifices, de grands fossés à fond de cuve, creusés pour défendre les murs de la ville, & qui subsistent encore aujourd’hui avec leur contrescarpe. Mém. des Mis. du Lev. T. V, p. 22.

Césarée de Philippe est une autre ville de la Terre-Sainte, nommée auparavant Panéas, & rétablie par Philippe fils d’Hérode en l’honneur de Caligula. Elle étoit vers les sources du Jourdain aux confins de la Célésyrie. M. Corneille l’appelle Césarée Philippe, mais le Port-Royal, le P. Bouhours & tous nos Traducteurs disent Césarée de Philippe ; c’est l’usage. Césarée de Cappadoce, ville Archiépiscopale de Cappadoce, ainsi nommée à l’honneur de Tibère ; elle s’appeloit auparavant Mazaca ; elle fut surnommée la Grande. Il y avoit encore Césarée en Mauritanie qui fut la demeure du Roi Juba. Césarée en Italie proche de Ravenne. Césarée en Pannonie.

CÉSARIEN, ENNE. adj. Qui appartient à César, qui a quelque rapport à un César. Cæsarianus, a. Les troupes Césariennes ; c’est-à-dire, de César. Ce titre a été donné à quelques Provinces, comme la Mauritanie Césarienne.

Césarien. s. m. Nom d’Office, Cæsarianus, Cæsariensis. Les Césariens étoient les Officiers ou Ministres des Procureurs des Césars. C’étoit eux qui tenoient les comptes du fisc, ou des revenus de l’Empereur, & qui prenoient possession en son nom des biens qui lui étoient dévolus, ou confisqués. Il y a un titre du Code Théodosien, De Cæsarianis. Voyez Godefroy sur ce titre, & les Dictionnaires de Calvin & de Du Cange. Cujas croit que c’est de ce mot que s’est formé le nom Sergent.

Césarienne (Opération) adj. f. Terme de Chirurgie. Opération par le moyen de laquelle on tire un enfant du corps de sa mère, en faisant une incision au dessous du nombril, à côté de la ligne