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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/432

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faire réussir une affaire. On dit encore, qu’on donne une chandelle à Dieu, & une autre au Diable, quand on est d’intelligence avec les deux partis pour subsister, quelque chose qui arrive. On dit aussi des choses fort bigarrées, qu’elles sont bariolées comme la chandelle des Rois, parce que c’étoit autrefois une cérémonie de brûler une chandelle peinte de diverses couleurs le jour des Rois. On dit aussi des yeux fort vifs & brillans, qu’ils brillent comme des chandelles ; & de ceux qui ont reçu quelque grand coup proche des yeux, qu’on leur a fait voir mille chandelles. On dit encore, que la chandelle se brûle, quand on perd le temps inutilement, & sur-tout dans les voyages, quand on veut dire que le soir approche, & qu’on n’aura pas assez de temps pour arriver au gîte. On dit aussi d’un homme qui meurt insensiblement & de vieillesse, qu’il s’en va comme une chandelle, que c’est une chandelle qui s’éteint : & de celui qui est à l’agonie, qu’il est réduit à la chandelle bénite. On dit aussi, pour se moquer de ceux qui attendent à faire des libéralités pieuses dans leurs testamens, que la chandelle qui va devant éclaire mieux que celle qui va derrière.

On dit qu’un homme est ménager de bouts de chandelles, pour dire, qu’il est économe en de petites choses, ne l’étant pas dans les plus importantes. Acad. Franc.

On appelle figurément & populairement chandelles de glace, ces eaux glacées qu’on voit pendre des toits des maisons, des gouttières, des arbres, & qui sont des neiges fondues qui se convertissent en glace avant que de tomber. Gelata tectorum stilla, concretum gelu stillicidium. C’est ainsi que le forment dans les grottes les cristaux de roche. On le dit aussi des toupies glacées qui pendent ou distillent en hiver du nez des gens enrhumés. Turpis stiria è nase pensilis ; nasi mucosi stiria.

☞ CHANDELLE. Terme de Charpentier. C’est ainsi qu’on appelle un poteau qu’on place de bout à plomb sous une autre pièce, pour la soutenir horisontale.

CHANDERNAGOR. Ville des Indes, près d’Ougly. La Compagnie Françoise y a un comptoir. Il s’y fait un grand commerce. M. De la Hire & M. Des Places marquent sa différence du méridien de Paris à 5h 43′ ; mais le P. Boudier, Jésuite, qui y a demeuré long-temps, par plusieurs observations du premier satelite de Jupiter, ne trouve la différence moyenne entre les plus sures de ces observarions que de 5h 42′ 16″, ce qui fait pour la longitude de cette ville 103d 25′ 50″, & non pas 103d 36′ 30″, comme il résulte des Tables de M. De la Hire & de M. Des Places. Je suppose toujours la longitude de Paris de 10d 51′ 30″, comme M. Cassini l’a déterminée sur les observations du R. P. Feuillée, Minime, & non pas 19d 51′ 33″, comme l’a marqué M. Des Places.

☞ CHANÉE. s. f. Dans les Manufactures en soie, cannelure pratiquée à l’ensuple, qui sert au métier de l’étoffe en soie. Elle sert à recevoir dans sa cavité le comporteur, & à fixer & arrêter le commencement de l’étoffe ou de la chaîne, quand on plie sur l’ensuple. Encycl.

CHANEL. s. m. Vieux mot qui s’est dit pour canal, d’une rivière. Alveus.

CHANFREIN. s. m. C’est la partie du devant de la tête du cheval depuis le dessous des oreilles jusqu’à la bouche, en descendant par l’intervalle des deux sourcils. Frons equina.

Ce mot vient de camus & de frenum. Ménage.

Chanfrein-blanc, autrement Belle-face, est une marque blanche qui règne le long du chanfrein du cheval, c’est à-dire, depuis son front jusqu’à son nez. Frons equina albâ maculâ signata.

Chanfrein est aussi l’armure du cheval qui couvre cette partie, quand il est sous un Cavalier armé de toutes pièces. Equinæ frontis tegumentum. Les Plumassiers le disent pareillement du bouquet de plumes qu’on met sur la tête des chevaux ; & les Selliers, des pièces de cuir ou d’étoffe qui couvrent cette partie.

Chanfrein. Terme d’Horlogerie. C’est une pièce, une petite crénure faite en cône, dont on abat les quarts.

Chanfrein, en termes d’Architecture, est un ornement ou demi-creux, qui est moitié moindre que la scorie. Stria, sulcus columnæ. On l’appelle autrement escape. C’est aussi le pan qui se fait par l’arrête rabattue d’une pierre, ou d’une pièce de bois : on le nomme autrement biseau. Oblique angulata lapidis extremitas.

☞ Ce terme, pris pour signifier une surface qui se termine par un tranchant, est quelquefois employé en Botanique dans la description de certains fruits.

CHANFREINDRE, ou Ebiseler un trou avec une fraise, c’est le faire en cône. Thiout, Traité de l’Horlogerie. Chanfreiner est plus usité.

CHANFREINER. v. a. Terme de Menuisier & autres Ouvriers. Couper le bout d’une planche de biais. Rabattre une des arrêtes, & généralement faite un chanfrein. Asserem obliquè angulare.

Chanfreiné, ée. part. Obliquè angulatus. On trouve ce mot dans l’Art de tourner &c. par le P. Plumier.

☞ CHANFRER. Ce terme est aussi usité parmi les Ouvriers qui travaillent les métaux, pour dire, former sur l’extrémité d’un trou une espèce de biseau, qui se remplit par la tête du rivet qu’on y refoule à coups de marteau.

☞ CHANGANAR. Royaume de la presqu’île de Malabar, dans les montagnes de Jate, avec une Capitale de même nom.

☞ CHANGANOR. Ville & pays des Indes dans la presqu’île de Malabar, au midi des Etats du Samorin.

☞ CHANGCÉ. Ville de la Chine, dans la province de Chansi. Lat. 37d 8′.

☞ CHANGCHEU. Ville de la Chine, dans la province de Kiansi. Voyez Cantcheou.

Changcheu. Ville de la Chine, dans la province de Kiagnan ou Nanquin, dont elle est la cinquième métropole. Elle est de 2d 50′ plus orientale que Pékin. Lat. 32d 45′.

Changcheu. Ville de la troisième métropole de la province de Fokien. Elle est d’un degré 10′ plus orientale que de Pékin. Lat. 24d 42′.

☞ CHANGCING. Ville de la Chine, dans la province de Xantong ou Chanton. Elle est par les 36d 56′ de lat.

☞ CHANGCO, Ville de la Chine, dans la province de Honan. Lat. 35d 19′.

CHANGE. s. m. Action de changer une chose contre une autre. Permutatio. ☞ Le mot de change marque simplement l’action de changer dans un sens abstrait, qui exclud tout rapport & toute idée accessoire. C’est peut-être pour cela qu’on ne l’emploie pas à dénommer directement aucune espèce ; car on ne dit pas le change d’une chose, & qu’on l’emploie néanmoins dans toutes les espèces, en régime indirect, avec une préposition, pour indiquer l’essentiel de l’acte, en sorte que, dans toutes les occasions, on dit également bien, perdre ou gagner au change. Troc, échange & permutation servent à dénommer les espèces ou façons de changer les choses les unes pour les autres. Troc se dit pour les choses de service & pour tout ce qui est meuble. Ainsi l’on fait des trocs de chevaux, de bijoux, d’ustensiles. Echange se dit pour les terres, les personnes, tout ce qui est fonds. Ainsi l’on dit des échanges d’états, de charges, de prisonniers, &c. Permutation n’est d’usage que pour les biens & titres ecclésiastiques. On permute une Cure, un Canonicat, un Prieuré, avec un autre Bénéfice.

Ce mot vient du latin cambitio, cambium & cambitus, qu’on a dit dans la basse latinité dans le même sens, aussi-bien que concambio & contracambium, pour dire, contre-change. Du Cange.

Change se dit aussi en Morale, & signifie Changement. Mutatio. Un inconstant aime le change. Ce