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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/486

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CHA

C’est peu pour Pompée que son épouse soit demeurée chaste, si elle a seulement pu concevoir la pensée de ne l’être plus. Vill.

Isidore, L. X. Orig. dit que ce nom vient à castratione, sive reali, sive mentali.

On le dit aussi ☞ de tout ce qui est pur, éloigné de tout ce qui blesse la pudeur. Purus, pudicus. Un style chaste. On a loué Virgile de ce qu’il étoit un Poëte chaste. La langue françoise est si chaste, qu’elle rejette non-seulement toutes les expressions qui blessent la pudeur, & qui salissent tant soit peu l’imagination, mais encore celles qui peuvent être mal interprétées. Sa sévérité va jusqu’au scrupule, comme celle des personnes qui ont la conscience tendre, & auxquelles l’ombre même du mal fait horreur. Bouh. La chaste éloquence ne met point de fard sur son visage pour paroître agréable. S. Evr. On le dit encore pour marquer la pureté grammaticale, & il se joint d’ordinaire avec un autre mot qui l’explique, & qui le détermine : comme, on ne peut pas voir une diction plus chaste, ni plus correcte. Bouh.

CHASTEMENT. adv. D’une manière chaste. Castè, purè, pudicè. Les Prêtres & les Religieux sont obligés de vivre chastement, & de s’abstenir de tout commerce de femmes.

L’amour le moins honnête, exprimé chastement,
N’excite point en nous de honteux mouvement. Boil.

CHASTEAU. Voyez CHÂTEAU

CHASTEL. Voyez CHÂTEL

CHASTELAIN. Voyez CHÂTELAIN

CHASTELÉ. Voyez CHÂTELÉ

CHASTELLENIE. Voyez CHÂTELLENIE

CHASTELET. Voyez CHÂTELET

CHASTELLERAUD. Voyez CHÂTELLERAUD

☞ CHASTETÉ. s. f. Castitas. Dont les Romains firent une Déesse, & qu’ils représentèrent en habits d’une Dame Romaine, tenant un sceptre en main, & ayant à ses piés deux colombes blanches.

Chasteté. s. f. Vertu chrétienne & morale, par laquelle on s’abstient des plaisirs illicites de la chair, & on use modérément des légitimes ; ou simplement, qui nous éloigne de l’amour des choses déshonnêtes. Castimonia, castitas. La chasteté se peut garder dans le mariage. Si les hommes n’avoient pas attaché l’honneur & la gloire des femmes à la chasteté, elles porteroient peut-être la licence plus loin qu’eux. Bayl. Ce n’est pas toujours par chasteté que les femmes sont chastes. Roch. On peut douter de la chasteté d’une femme qui n’a pas été attaquée. S. Evr. Anciennement à la Chine, on poussoit si loin les loix de la chasteté, que les femmes ne passoient jamais à de secondes noces. Le P. Couplet. La chasteté est la gloire & le partage des femmes. Le Mait. Si les hommes se sont dispensés du soin exact & scrupuleux de leur chasteté, c’est qu’ils ont cru que l’éminence de leur sexe consiste en la liberté de faillir. Id. Un honnête homme ne se rebute jamais d’un refus de chasteté, & non de choix. Mont. ☞ La chasteté doit être une vertu délicieuse pour une belle femme qui a quelqu’élévation dans l’ame. Tandis qu’elle voit toute la terre à ses piés, elle triomphe de tout, & d’elle-même. Elle s’élève dans son propre cœur un trône auquel tout vient rendre hommage. Les sentimens tendres ou jaloux, mais toujours respectueux, des deux sexes, l’estime universelle, & la sienne propre, lui payent sans cesse, en tribut de gloire, les combats de quelques instans. Les privations sont passagères, mais le prix en est permanent. Quelle jouissance pour une ame noble, que l’orgueil de la vertu joint à la beauté ! Réalisez une Héroïne de Romans, elle goûtera des voluptés plus exquises que les Laïs & les Cléopatres ; & quand sa beauté ne sera plus, sa gloire & ses plaisirs resteront encore ; elle seule saura jouir du passé. Rouss. La chasteté se prend quelquefois pour une entière abstinence des plaisirs de la chair. Les Prêtres sont obligés à la chasteté. Les Religieux & les Religieuses font vœu de chasteté & de continence perpétuelle.

☞ La chasteté est de tous les temps, de tous les âges, de tous les états. La continence est du célibat.

☞ La chasteté des vierges consiste à vivre dans une perpétuelle continence, sans avoir jamais été marié. Celle des veuves, à garder la continence pendant le temps de leur veuvage. Celle des personnes mariées, à vivre saintement dans le mariage, & à n’en user que selon Dieu, sans se laisser dominer par la cupidité.

CHASTIER. Voyez CHÂTIER.
CHASTILLON. CHÂTILLON.
CHASTILLONET. CHÂTILLONET.
CHASTIMENT. CHÂTIMENT.

CHASTOIS. s. m. Pœna. Vieux mot qu’on trouve dans quelques Coutumes & Ordonnances : il veut dire punition, châtiment, supplice. Chastois corporel, c’est ce que nous appelons punition corporelle, du mot châtier.

CHASTRE. (la) Voyez CHÂTRE.
CHASTRÉ. CHÂTRÉ.
CHASTRER. CHÂTRER.
CHASTREUR. CHÂTREUR.

CHASUBLE. s. f. Ornement d’Eglise, que le Prêtre met par-dessus son aube, quand il va dire la Messe. Casula. Les chasubles des Anciens étoient toutes rondes, & se retroussoient sur l’épaule ; au lieu que maintenant elles sont fendues par les côtés. Un Concile tenu en Germanie par S. Boniface, l’an 742, ordonne que les Prêtres & les Diacres ne porteront point des manteaux semblables à ceux des Laïques, mais des chasubles ; d’où quelques-uns concluent que c’étoit donc encore au septième siècle l’habit ordinaire des Ecclésiastiques. Les premières chasubles étoient rondes, & fermées de tous côtés, excepté à l’endroit par où l’on passoit la tête pour les vêtir ; ainsi elles enfermoient les bras comme tout le reste du corps : & pour agir des bras, on relevoit la chasuble des deux côtés ; ce que l’on faisoit au temps du sacrifice. C’est la forme qu’elles ont sur tous les anciens monumens. Tous les Papes des douze premiers siècles sont vêtus de ces sortes de chasubles. Honorius IV est le premier que l’on voie orné d’une chape. voyez les Bollandistes, à la fin du Tom. VII des Acta SS. Maii, pp. 96, 97.

Les Orientaux, lorsqu’ils célèbrent la Messe dans nos Eglises, se servent plutôt de chapes, que de chasubles. Et en effet, on disoit autrefois la Messe avec des chapes ; mais comme on les trouva embarrassantes, on les coupa par le bas, & on les fendit par les côtés ; ce qui est beaucoup plus commode. A l’égard des chapes, elles viennent originairement des manteaux ou des robes qu’on portoit, car dans les commencemens les Prêtres ne se servoient ni de chapes ni de chasubles. Walafride Strabon a eu raison de dire, que dans la primitive Eglise, on disoit la Messe en habit ordinaire. Il est surprenant que le Cardinal Bona se soit si fort emporté contre Nicolas Alémanius, qui a prétendu que les Apôtres n’ont point eu l’usage des habits sacrés. Les premiers Chrétiens célébroient les Mystères avec les mêmes habits qu’ils avoient accoutumé de porter. Il n’y avoit en ce temps-là aucune différence entre les vêtemens de cérémonie, & ceux donc on se servoit d’ordinaire, si ce n’est qu’on gardoit les plus propres pour la célébration des Mystères. Consultez la Préface qui est à la tête des Cérémonies & Coutumes des Juifs, imprimées à Paris en 1681. Lindanus, Liv. XLVII, de sa Panoplie, ch. 56, parlant des chasubles dont on se sert pré-