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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/502

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ne vivent que de mouches & d’autres insectes. On dit que son sang est bon pour la guérison des blessures. Elles ont beaucoup de diversité dans leurs figures. Les unes ont la tête de souris, les autres d’un chien. Les unes sont sans queue, ou n’ont du moins qu’une petite membrane entortillée de part & d’autre, comme l’ont presque toutes celles de l’Europe. Celles d’Afrique & d’Egypte ont une queue longue, & semblable à celles des souris, qui s’étend par delà leur membrane. Il s’en trouve qui ont quatre oreilles ; d’autres, en plus grand nombre, deux seulement. Quelques-unes sont noires, les autres fauves, les autres blanchâtres, d’autres cendrées. Quelques-unes ont vingt-quatre dents, douze à chaque mâchoire. Bellon rapport qu’il y en a qui en ont trente quatre ; savoir, dix-huit à la mâchoire d’en-bas, & seize à celle d’en haut.

Les chauve-souris ne bâtissent point de nid ; elles font leurs petits dans toutes sortes de fentes & de trous indifféremment, plus communement dans les ouvertures qu’elles rencontrent aux toits & aux couvertures des maisons. Elles allaitent leurs petits suspendus à leurs mammelles, ou attachés contre les murs, dont ils ne se séparent jamais quand ils y sont une fois attachés. Un jour ou deux après que la mere a mis bas ses petits, lorsqu’elle est contrainte d’aller chercher sa nourriture, elle les détache de ses mammelles, & les susprend ainsi à la muraille.

Bellon rapporte qu’en Île de Corse il y a une carrière qui en est toute remplie, & qu’il y en a quelques-unes qui ont deux dents en haut & deux en bas, qui sont longues comme les canines ; ce qui ne se rencontre point aux rats, ni aux souris.

Les aîles des chauve-souris, qui, comme on l’a dit, ne sont que des membranes, n’ont point de sang. Elles commencent depuis l’épaule, leur prenant tout le long des aîles, & environnant leurs jambes, qui ont quatre articulations dont elles se servent au lieu de piés, tant de celles de devant que de celles de derrière. Elles ont cinq doigts à chaque pié, assez bien munis d’ongles crochus : & une paume ouverte aux piés de derrière, qui ressemble à une main. Il y a à Madagascar, au Brésil & aux Maldives, des chauve-souris grosses comme des corbeaux, qui ont la tête comme celle d’un renard. Elles se pendent aux arbres pour se reposer par de petites agraffes qui sont aux nœuds de leurs aîles. Elles sucent le sang des hommes la nuit, s’attachant au premier membre qu’elles trouvent découvert. Hist. des Ind. Les chauve-souris des Îles de l’Amérique sont plus grosses que celles de France. Celles du Brésil impriment une petite morsure à l’oreille dont on a bien de la peine à étancher le sang. P. Du Tert. A la côte de Darien aux Indes occidentales, il y a des chauve-souris dont la piquure est venimeuse, & quelquefois mortelle. Elles ont cela de remarquable, que quand elles ont piqué un homme, les jours suivans elles le choisiront entre cent personnes pour le piquer encore dans le même endroit. Herrera. On les honore fort chez les Caraïbes. Ils les tiennent pour les bons Anges qui gardent leurs maisons pendant la nuit, & appellent sacriléges ceux qui les tuent. Il y en a d’autres à la Chine qui sont aussi grosses que des poules, & dont les Chinois mangent la chair, qu’ils ne trouvent pas moins délicate. Voyage de la Chine. Le P. Soucier, dans ses Observ. publiées en 1729, dit qu’il y a à Poulo-Condor de pareilles chauve-souris.

☞ Il paroît que la chauve-souris, que la plûpart des Auteurs prennent pour un oiseau, est un véritable animal quadrupède. Elle est vivipare, elle n’a ni bec ni plumes. Elle vole à la vérité par le moyen d’une membrane ; mais l’écureuil volant, vole aussi, & n’en est pas moins un animal quadrupède. Si la chauve-souris est imparfaitement quadrupède, elle est encore bien plus imparfaitement oiseau.

CHAUVETÉ. s. f. État d’une tête chauve dont le poil est tombé, ou la plus grande partie. Calvities. Les Médecins disent plus ordinairement calvitie. Voyez ce mot.

CHAUVIGNY. Petite ville de France en Poitou, sur la Vienne, à trois ou quatre lieues de Poitiers.

CHAUVIR. v. n. Dresser les oreilles. Aures subrigere. ☞ Il ne se dit que des chevaux, des ânes, des mulets. Ce cheval chauvit des oreilles. On dit mieux, dresser les oreilles.

CHAUX. s. f. Pierre calcinée, marne, marbre ou autre matière semblable, qu’on brûle, & qu’on fait cuire à grand feu dans un four bâti exprès, dont ensuite on fait du mortier pour bâtir. C’est proprement le produit de la calcination des pierres & des terres calcaires. Calx. Le feu en dessèche toute l’humidité, & en ouvre tous les pores, ce qui fait qu’elle se réduit si facilement en poudre. La chaux vive, calx viva, est celle qui sort du fourneau. Chaux éteinte, fusée, ou amortie, est celle qu’on délaye & qu’on détrempe dans un bassin avec de l’eau, pour faire du mortier. Restincta, extincta. Chaux fusée, est celle qu’on a laissé long-temps à l’air sans l’éteindre, dont toutes les parties ignées se sont évaporées peu-à-peu, qui s’est réduite en poudre très-menue, & qui n’est plus bonne à rien. Macerata. On blanchit les murailles avec de la chaux. Lorsque la chaux est mouillée elle se lie au rabot, quand on la détrempe. Les murs des fondemens se font à chaux & à sable. Les Siamois font une chaux qui dure cent & deux cens ans, avec laquelle ils font des statues & des mausolées. Il se trouve beaucoup de pierres de chaux près de Malmoé en Suéde. Il y en a de deux espèces, l’une qui se tire de terre, & l’autre qui se prend sur le rivage, ou au bord de la mer : la dernière espèce est meilleure, on en tire beaucoup plus de chaux. En mêlant ces deux chaux, on en fait une troisième espèce beaucoup meilleure encore, & qui épargne beaucoup, parce qu’elle soutient les trois quarts de sable. Aux Indes la chaux se fait d’ordinaire avec des coquillages de mer ; celle qui se fait de coquilles de limaçon sert à blanchir les maisons ; & celle de pierres, mâcher avec des feuilles de bétel. On en voit qui en prennent par jour gros comme un œuf. Lettres édif. Tom. IX.

Il y a un Traité de la manière de bien préparer la chaux. M. Du Hamel en a donné un précis dans l’Histoire de l’Acad. des Sciences, Liv. I, Sect. II, c. V. En voici les points principaux. La pierre la meilleure pour faire la chaux, est la plus dure. Il faut qu’elle ait été tirée de la carrière long-temps auparavant. Plus il y a de sel fixe dans la pierre, meilleure est la chaux. Pour la bien cuire, il faut d’abord ne lui donner qu’un feu lent, de crainte que l’humeur crasse qu’un feu ardent en feroit sortir avec impétuosité, n’emportât avec elle le sel volatile. Après que l’humide épais, s’est exhalé par ce feu lent, on ne sauroit donner à la chaux un feu trop violent. Plus il est ardent, plus il divise en parties fixes la terre & le sel, qui en deviennent plus propres à faire une liaison solide & ferme. Quand la chaux est cuite, le mieux est de l’éteindre aussi-tôt ; si on ne le fait pas, il faut au moins la mettre dans des tonneaux bien fermés. Les meilleures pierres ou morceaux de chaux, après qu’elle est cuite, sont ceux qui sont pesans, sonores, qui ont les parties plus compactes, qui s’éteignent dans l’eau avec bruit, qui fument en s’éteignant ; qui, dans ils sont éteints, font une chaux humide, grasse & blanche, parce qu’elle abonde en sel sulfureux, & que ses parties sont unies par une humeur déliée qui leur sert d’une espèce de glue.

Pour bien éteindre la chaux, il ne faut pas jeter de l’eau dessus, il faut la jetter dans l’eau, ensuite la remuer continuellement, & comme la pêtrir avec le bouloir, sans cela elle se ramasseroit encore en pierres dures. Il faut la remuer long-temps, &