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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/515

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CHE

dont parle Dioscoride, font leurs nids au sommet des branches des pins, où on les voit à milliers. Elles sont velues, roussâtres & revêtues de plusieurs petites peaux. Il y en a beaucoup dans les vallées d’Ananie & de Fleme, auprès de Trente. On les a aussi appelées campa, du grec κάμπη, à cause qu’elles font tort aux arbres. M. Ray, dans son Historia Insectorum, décrit plus de deux cens douze espèces de chenilles.

On dit figurément d’une personne maligne, qui fait du mal sans y être excitée, que c’est une méchante chenille. On dit de plusieurs Laquais derrière un carrosse, que c’est un vilain trochet de chenilles.

Chenille, terme de Rubanier. C’est une espèce de bout de passement, ou ornement de soie, qu’on met sur des habits & des baudriers, qui a la figure d’une chenille.

Chenille. s. f. Scorpioides. Plante annuelle à fleurs, légumineuse, & dont le fruit représente une chenille, d’où vient son nom françois, (celui de Scorpioides, queue de scorpion, ne convient qu’aux fruits de quelques espèces.) Sa racine est menue, de couleur de buis : elle donne à son collet quelques brins longs de sept à huit pouces au plus, couchés par terre ; des nœuds naissent des feuilles alternes, charnues, longues de deux pouces, étroites à leur origine, mais beaucoup plus larges vers leur extrémité, qui se terminent en pointe, semblables par leur figure à celles du buplevrum ordinaire, d’un vert un peu plus foncé. De leurs aisselles partent des pédicules longs de trois pouces environ, grêles, & qui soutiennent chacun une ou deux fleurs légumineuses, dont les calices sont des cornets verdâtres dentelés sur leurs bords. Le pistil de ces fleurs devient une gousse verte-pâle, hérissée, semblable à une chenille verte, de la même grosseur, & roulée sur elle-même. Cette gousse, dans sa longueur, est partagée en plusieurs loges qui contiennent chacune une semence couleur de buis, ovale : on éleve cette plante assez aisément. Des Curieux la cultivent, pour mettre dans des salades ses fruits qui trompent ceux qui ne sont pas prévenus.

☞ CHENISQUE, s. m. ou la petite Oie. Ornement que les Anciens pratiquoient à la poupe de leurs vaisseaux. Il consistoit en une tête d’oie avec son cou, χὴν, Oie.

CHÊNON. s. m. Terme de Vitrier. On appelle chênons, des vitres dont presque toutes les pièces paroissent engagées & liées les unes avec les autres comme les anneaux d’une chaîne, & forment différens carrés qui semblent tous se tenir.

CHENOSIRIS. s. f. Plante. Chenosiris. C’est le lierre que les anciens Egyptiens ont ainsi nommé, parce qu’il étoit consacré à Osiris.

CHENU, UE. adj. Vieux mot, qui signifie blanc de vieillesse. Canus. Ce mot n’est plus guère usité en prose, où il ne peut plus entrer qu’en riant, en badinant.

Pour moi je céde au temps, & ma tête chenue
M’apprend qu’il faut quitter les hommes & le jour.

Main.

Il vient de canutus, employé par les Latins en la même signification. Ménage. D’autres disent que ce mot vient par corruption de chef nu, ou depouillé de sa chevelure.

Chenu s’est dit aussi figurément & poëtiquement, des hautes montagnes, parce qu’elles sont toujours couvertes de neiges. Les Alpes chenues. On le dit aussi des ondes de la mer ; pour dire, qu’elles sont blanchissantes d’ecumes. Il n’est pas du style noble.

On compteroit plutôt les arênes menues,
Que baigne l’Océan de ses vagues chenues. Godeau.

CHEOIR, plus ordinairement CHOIR. v. n. Tomber. Cadere, decidere. Ce bâtiment n’est pas bien étayé, il est en danger de cheoir. Il chet de la neige, de la pluie, de la grêle. Expression tout-à-fait mauvaise en prose aussi-bien qu’en Poësie. On dit je chus, je suis chû, je cherrai : le petit peuple de Paris dit je choirai. On a dit autrefois chaer, chair, chaoir, & ensuite cheoir.

Ou aultrement foudre & tempête
Cherra sur toi. Marot.

Ce verbe, quelque besoin qu’on en ait en Poësie, est mort avec le grand Corneille, qui s’en est encore servi. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

Voltaire fait la même remarque, & ajoute que du temps même de Corneille, le mot cheoir ne pouvoit être employé pour, tomber en partage.

Cheoir signifie aussi diminuer en crédit, en fortune. Excidere. Ce Marchand a fait de grandes pertes, il est en danger de cheoir, s’il n’est pas assisté de ses amis. L’élévation des grands ne sert qu’à les faire cheoir de plus haut.

On dit qu’une personne penche du côté qu’elle veut cheoir, lorsqu’on s’apperçoit de ses sentimens, & qu’on prévoit de quel côté elle va opiner.

CHEOITE. s. f. Cheute, ou chûte. Casus, lapsus. Cheoite est formé de cheoir. Cheoite n’est plus d’usage.

☞ CHEP. Voyez Chepage.

CHEU ou CHU, UE. part. Tombé. Qui cecidit, accidit. Il est chû de bien haut. On dit, il est chû en pauvreté ; pour dire, il est devenu misérable, il n’a pas de pain.

CHEOURS. Voyez Ceols.

CHEPAGE ou CHEP. s. m. Vieux mot, qui signifie geole. Chepage, est la fonction, l’emploi de Géolier. Carceris custodia. Voyez Chépier.

CHEPENEC. s. m. Gros feutre ou bureau, dont les Turcs font des caparaçons à leurs chevaux pour l’hiver. Vigen. Illust. sur l’Hist. de Chalcond. p. 344.

CHÉPIER. s. m. Vieux mot, qui veut dire Géolier. Carceris custos ; & dans la basse latinité. Carcerarius. Il y a apparence que chépier s’est dit pour cépier, & que ce dernier mot vient de ceps, qui sont les fers dont on enchaîne les prisonniers.

CHEPTEIL ou CHEPTEL. s. m. Bail des bestiaux, qui se fait lorsqu’un Maître donne à un Fermier un nombre de bœufs ou de brebis, à condition de les nourrir, & d’en rendre pareil nombre à la fin du bail, & d’en partager le croît & le profit. Locatio pecorum salvâ sorte & mediâ lucri parte. C’est un grand trafic qui se fait dans les Provinces, que celui des bestiaux à cepteil.

Ce mot vient de capital & de capitau, qui se trouve dans les Coutumes, à cause que chepteil est composé de plusieurs chefs de bêtes qui forment un capital ; & il y a apparence que le mot de capital, qui signifie le fonds d’une rente, est venu d’une même source : car de même que ce capital ou chepteil produit un croît de bestiaux qui en fait le profit, de même le fonds d’une rente produit des intérêts. Ragueau prétend que ce mot vient de l’achat & prix du bétail pour lequel il est mis en bail, & non pas de capital, comme a prétendu Du Moulin, & il suppose qu’on doit lire chaptal. Du Cange prétend que ce mot vient de catallum, qu’on a dit pour capitale, d’où on a fait chaptel, chatel, & catel, d’où est venu aussi le mot de cateux, qui se dit des biens en partie meubles, & en partie immeubles. Mais je crois, avec plus d’apparence, qu’il vient de chatal, vieux mot celtique, ou bas-breton, qui signifie un troupeau de bêtes. On trouve quelquefois chaptel, chaptail & chetel ; mais de quelque manière que ce mot soit écrit, il faut aujourd’hui prononcer chetel.

☞ CHEPTELIER. Terme de Jurisprudence. Preneur d’un bail à cheptel, d’un bail de bestiaux dont le produit doit se partager entre le preneur & le bailleur.

CHEPU. s. m. Terme de Tonnelier. Billot de bois élevé de deux ou trois piés, sur lequel on bûche d’autre bois qui n’est pas solide.