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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/525

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CHE

Jeux Olympiques, il y avoit des courses de chevaux.

Cheval, en termes d’Astronomie. Ce qu’on appelle le petit cheval, est une constellation de l’hémisphère septentrional, composée de dix étoiles. C’est, selon quelques-uns, le cheval dont Mercure fit présent à Castor : &, selon d’autres, celui dont Saturne prit la forme quand il fut surpris avec Philyra.

CHEVALEMENT. s. m. Terme d’Architecture. Espèce d’étaie composée d’une ou de deux pièces de bois, couverte d’un chapeau ou tête, & posée en arcboutant sur une couche, qui sert à retenir en l’air les encoignures, trumeaux, jambages sous poutres, &c. pour faire des reptiles par dessous œuvre. Tibicen. Voyez Chevalet.

CHEVALER. v. n. Courir çà & là, faire plusieurs allées & venues pour une affaire, pour obtenir quelque chose. Concursare huc & illuc ; molestum esse in postulando frequenter & enixè quidpiam. Il a chevalé pendant long temps pour obtenir une commission, un emploi. On lui a fait un procès qui le fera bien chevaler, bien courir. Ce mot est vieux. Mezeray s’en est servi dans le sens de, poursuivre à cheval. Aluquem equo persequi. Il les chevala tant, qu’il leur donna sur la queue.

☞ On s’est aussi servi de cette expression métaphorique pour signifier, questionner quelqu’un, tourner en différentes manières ce qu’on lui propose pour le faire tomber en contradiction. Jamais une personne accusée ne fut tant chevalée par un Juge. Recherches de Pasq. p. 461. Il ne vaut pas mieux d’une façon que de l’autre.

Chevaler, signifie aussi, étayer une maison, un mur qu’on reprend sous œuvre, qu’on soutient avec des chevalets. Ruentem domum fulcire tibicine. Il n’est pas usité. On dit mieux, étayer.

Chevaler, en termes de Manège, se dit de l’action du cheval, quand en passegeant au pas ou au trot, la jambe de dehors de devant croise ou enjambe à tous les seconds temps sur l’autre jambe de devant. Equum volutatim circumagere.

CHEVALERESSE. s. f. Un nouvel Historien s’est servi de ce mot pour signifier une femme qui a un Ordre de Chevalerie, comme ça été la coutume en Bretagne ; mais c’est être trop hardi, ou trop barbare, que de hazarder ce terme dans un ouvrage sérieux ; c’est tout ce qu’on pourroit faire en badinant dans la conversation.

Les Dames avoient ce privilège en Bretagne, qu’elles pouvoient être honorées du collier de l’Ordre des Ducs ; & l’on voit dans le catalogue des Chevaliers de cet Ordre, les noms de quelques-unes de celles que les Ducs ont jugées dignes de porter cette marque d’honneur & de distinction. Lobineau. T. I, p. 850.

CHEVALERIE. s. f. Ce mot a plusieurs acceptions différentes. Il signifie, ordre, honneur militaire, marque, degré de l’ancienne noblesse, & récompense de quelque mérite personnel. Equitum Ordo. Il y a quatre sortes de Chevalerie, la militaire, la régulière, l’honoraire & la sociale. Militaris, regularis, honoraria, socialis. La militaire est celle des anciens Chevaliers, qui s’acquéroit par des hauts faits d’armes. Les Chevaliers sont nommés milites dans les anciens titres ; & par-là ils sont distingués des Bacheliers & Damoiseaux. Les Princes mêmes étoient faits Chevaliers avec cérémonie. On leur ceignoit l’épée, & on leur chaussoit les éperons dorées : d’où vient qu’on les appeloit les Chevaliers du baudrier & les Chevaliers dorés. Les Rois ont souvent voulu recevoir eux-mêmes la chevalerie, & la faire donner à leurs enfans par les plus grands Capitaines de leur siècle. Bertrand de Guesclin, tenant l’an 1371 Louis de France I du nom, fils puîné de Charles V, sur les fonts baptismaux, en qualité de son second parrein, selon la coutume de ce temps-là, le fit Chevalier. Le Duc de Bourgogne fit Chevalier Louis XI, à son sacre à Reims. François I, en 1515, reçut la Chevalerie des mains du chevalier Bayard ; & Henri II, encore Dauphin, des mains d’Oudard de Biez, Maréchal de France, au camp d’Avignon. Saladin Soudan, d’Egypte, voulut recevoir l’honneur de la Chevalerie des mains d’Hugues de Saint Omer, Seigneur de Tabarie ou Tibériade, Chevalier Chrétien, & François de nation. La Chevalerie régulière est celle des Ordres Militaires où l’on fait profession de prendre un certain habit, de porter les armes contre les Infidèles, de favoriser les Pélerins allant aux lieux saints, & de servir aux Hôpitaux où ils doivent être reçus. La Chevalerie d’honneur est celle que les Princes communiquent aux autres Princes, aux premières personnes de leurs Cours, & à leurs favoris. La Chevalerie sociale est celle qui n’est pas fixe, & qui n’est ni confirmée par des Papes, ni réglée par des statuts qui soient de durée. Aussi il y en a plusieurs qui ont été faites pour des factions, pour des tournois, pour des mascarades, &c. dont il y a plusieurs exemples dans l’Histoire, & qui ont eu divers noms.

La Chevalerie s’obtient, on ne l’apporte point du sein de sa mère, comme la simple noblesse. Les fils des Rois, & les Rois même, avec tous les autres Souverains, ont reçu autrefois la Chevalerie comme une marque d’honneur. On la conféroit d’ordinaire après le Baptême des Princes, à leurs mariages, à leurs sacres, à leur couronnement, à une paix, devant ou après une bataille, ou une conquête considérable. La Chevalerie ne se peut point révoquer. Il y a des Chevaliers en loix, comme des Chevaliers d’armes ou d’épées. bien que les seuls Chevaliers puissent conférer la Chevalerie, les Papes & les Rois ne sont point sujets à cette règle.

Morisot, Hist. Orbis. Maritimi, Liv. II, c. 30, fait le dénombrement des Ordres de Chevalerie. Le catalogue le plus complet que nous en ayons trouvé, est celui que l’Abbé Bernardo Justiniani a mis à la tête de son Histoire des Ordres de Chevalerie. Il en compte 92. Favin en a donné deux volumes, sous le titre de Théâtre d’honneur & de Chevalerie ; Menenius, sous le titre de Deliciæ Equestrium Ordinum ; André Mendo, de Ordinibus Militaribus. Beloi a écrit de leur origine, & Geliot, dans son Indice Armorial, a donné le dénombrement & l’institution des Ordres de chevalerie. voyez encore un Traité de Noblesse imprimé à Orléans en 1682, & un autre du P. Menestrier, qui a pour titre, de la Chevalerie ancienne & moderne. Ajoutez encore Joseph de Michieli, Trés. Militaire ; Franc. Carro de Torrès, Histoire des trois Ordres Militaires. Jer. Caramuel, Theologia Regolare. Emmanuel Rodriguez, Question Regolar. Le P. André Mendo, De Ordinibus Militaribus. J. Soranzo, l’Idée du Chevalier. Mirœus, Origines Equestrirum sive Militarium Ordinum, L. II. Bernardo Justiniani, Historie Chronologiche del l’origine de gl’Ordini militari e di tutte le Religioni Cavalleresche. L’édition de Venise 1692, en deux Tom. in-fol. dédiée au Roi Louis XIV, est la plus ample. Voyez le Catalogue qui est à la tête du Ie Tom. de l’Hist. des Ordres Religieux.

Chevalerie se dit, par extension, de la bravoure & des exploits extraordinaires. Illustria facinova. Ce Roman contient plusieurs hauts faits d’armes & de Chevalerie. Un Espagnol a soutenu que l’histoire de Dom Quichotte a ruiné la Monarchie d’Espagne : car en tournant en ridicule les prouesses & les exploits de la Chevalerie, elle a fait honte aux Espagnols de cette bravoure amoureuse & romanesque ; & ils se sont laissé aller à l’indolence & à l’oisiveté. La plupart des Chevaleries avoient des marques de distinction, des livrées, des de-