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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/530

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CHE

CHEVAUCHER. v. n. Vieux mot, qui signifioit autrefois, aller à cheval. Equitare. Personne n’a blâmé Agésilaüs de ce que, pour s’accommoder à l’humeur de ses petits enfans, il chevauchoit sur un bâton avec eux. Mascur.

On a dit aussi chevalcher. On dit encore chevaucher parmi les Ecuyers, pour marquer la manière de se mettre sur les étriers. Chevaucher long. Chevaucher à l’angloise, à la turque, &c. Hors ces occasions, on ne se sert point de ce mot, à cause du sens obscène qu’on y a attaché. Ménage dérive de mot de caballicare, dont les Espagnols ont fait cavalgar, & les Italiens cavalcare. Il se trouve dans la basse latinité, auss-bien que caballicata, d’où il dérive cavalcate & chevauchée.

Chevaucher se dit aussi, parmi les Artisans, des pièces qui se mettent l’une sur l’autre. Supergredi. Cette solive ne chevauche pas assez avant dans le mur. Les tuiles doivent chevaucher les unes sur les autres.

☞ C’est encore un terme d’Imprimerie, en parlant des lettres qui montent ou qui descendent hors de la ligne à laquelle elles appartiennent.

☞ On le dit aussi en fauconnerie de l’oiseau qui s’élève par secousses au dessus du vent qui souffle dans la direction opposée à son vol.

CHEVAUCHEUR. s. m. Vieux mot, qui signifioit autrefois Maître de poste, dont les lettres sont expédiées sous le titre de Chevaucheur, Eques, comme le Chevaucheur de Tarare, de la Bresse. On les appelle encore quelquefois ainsi dans les Provinces. Il y a aussi un vieux proverbe qui dit, le dut-on brûler comme un Chevaucheur d’écouvettes. C’est ainsi qu’in appeloit autrefois un sorcier. Il y a une déclaration du Roi Henri II, du mois d’Août 1576, pour les privilèges de six vingts Chevaucheurs de l’écurie du Roi. Chevaucheur d’écurie étoit aussi un office de la maison du Duc de Bretagne. Les chevaucheurs d’écurie portoient un émail aux armes du Duc. Hist. de Bret. par D. Lobineau, Tom. II, p. 1471.

Chevaucheur. Vieux mot. Cavalier, celui qui monte un cheval, ou qui est dessus. Gloss. sur Marot.

CHEVAUCHONS. (A) adv. A califourchon, qui se dit de la manière d’aller à cheval, jambe deçà, jambe delà ; & se dit aussi de ceux qui sont en cette posture sur un âne, sur un bœuf, sur un cheval, sur un bahu, ou autre chose semblable. Equitis in morem. Suranné.

CHEVAUCHURE. s. f. Vieux mot, qui veut dire mouture.

CHEVEAU-LÉGER. Il vit un Cheveau-Léger, il poussa à lui. Bussi Rab. Voyez Cheval.

CHEVECAGNE. s. f. Cavalerie. Equitatus. Il y a long temps que ce mot ne se dit plus.

CHEVECAILLE. s. f. Tresse de cheveux. Ce mot n’est plus en usage.

CHEVECEL. s. m. Vieux mot qui signifie chevet, oreiller.

CHEVECERIE. s. f. Qualité ou bénéfice du Chévecier. Cerarii sacri Præfectura ; Capicerii dignitas, Præfectura.

CHEVÊCHE. s. f. Espèce d’oiseau nocturne, de mauvais augure, qu’on appelle autrement chouette ou civette, ou fresaye. Noctua, ulula, strix. Voyez Chouette.

Ce mot vient de cavecca, qui a été fait de capo. Mén.

CHEVECIER. s. m. Celui qui est le chef, qui a la première dignité dans plusieurs Eglises Collégiales. C’est la même chose que ce qu’on appelle Trésorier en d’autres, parce qu’il garde le trésor de l’Eglise, qui sont les chefs & les reliques des Saints. Voyez Chefcier.

CHEVECINE. Vieux mot qui se disoit autrefois pour chevêtre.

CHEVEDAGE. s. m. Terme de Coutumes. C’est la même chose que chezal ou chézeau, c’est-à-dire, feu, maison, ménage.

CHEVEL. Voyez CHEF, & AIDE-CHEVEL.

CHEVELÉE. adj. Terme de Blason, qui se dit d’une tête, lorsque les cheveux sont d’un autre émail que la tête. Tête de femme chevelée d’or. Caput mulieris aurcis capillis insigne.

CHEVELEUX, EUSE. Vieil adj. Qui a de grands cheveux, de beaux cheveux. Chevelu. Crinitus, a, um.

☞ CHEVELU, UE, adj. Qui a de longs cheveux. Comatus, crinitus. Les peuples Septentrionaux sont plus chevelus que ceux du Midi. On donne particulièrement cette épithète à un de nos Rois, Clodion le chevelu, à cause qu’il portoit de grands cheveux ; & parce qu’ayant conquis une partie des Gaules, il fit porter aux Gaulois les cheveux, que Jules-César leur avoit fait abattre, comme dit Nicole Gilles ; mais M. l’Abbé Tritheme dit, qu’après sa conquête, il fit tondre les Gaulois, afin de les distinguer des François qui lui avoient aidé à les subjuguer. Il n’est plus en usage en ce sens, si ce n’est en parlant de ces anciens temps. Childebert, dans un Décret qui se voit à la fin de la Loi Salique, dit, que personne des chevelus ne se marie incestueusement, &c. Cet article ne regarde que les chevelus, c’est-à-dire, les plus nobles des François qui étoient à la Cour, parce que ces sortes de mariages étoient plus ordinaires parmi eux. La Loi Salique distingue deux sortes de François, dont les uns étoient chevelus, & les autres ne l’étoient pas ; & Agathias rapporte que ce fut l’usage des Rois françois de porter la longue chevelure ; que leurs Sujets avoient leurs cheveux coupés en rond autour de la tête, & qu’on ne leur permettoit pas aisément de les laisser croître. P. Jourd. T. III, p. 96.

Chevelue. (Comète). Voyez ce mot.

Chevelu. s. m. Terme d’Agriculture. Petits filamens attachés aux racines des arbres, aussi déliés que les chevaux, & qui sortent des grosses racines. Capillitum. Je recommande qu’en plantant, on ôte le chevelu le plus près qu’on peut, du lieu d’où il sort ; certains Jardiniers le conservent avec grand soin, & ont grand tort. La Quint. On appelle ainsi ces racines, parce qu’elles ressemblent en quelque sorte à des cheveux. Quand les racines d’un arbre sont toutes petites, & en forme de chevelu, c’est un signe presqu’infaillible de la foiblesse de l’arbre, & de sa mort prochaine. Idem.

On le dit aussi des plantes qui ont des feuilles fort déliées. On les appelle autrement capillaires.

Chevelu. s. m. Sorte de serpent que l’on voit dans le pays des Hottentots. Il y a des gens qui prétendent que c’est de la tête de ce serpent qu’on tire une pierre qui est un remède souverain contre ses morsures, & celles de tous les autres serpens. Mais M. Kolbe a tué un grand nombre de ces serpens, & n’y a jamais trouvé la pierre en question, ce qui pourroit faire douter de son existence. Quoi qu’il en soit, les pierres de serpent qu’ont les Européens du Cap, sont artificielles. On les apporte des Indes orientales, où elles sont composées par les Brachmanes, qui seuls connoissent ce secret. Cette pierre a la figure d’une féve. Au milieu elle est blanchâtre, le reste est bleu céleste. Obs. sur les Ecr. mod. Tom. XXV, p. 350.

CHEVELURE. s. f. Tous les cheveux dont la tête est couverte. Coma, capilus. Absalon avoit une belle chevelure blonde ; sa chevelure pesoit deux cens sicles. Génébrard dit que c’est cinq livres, quoiqu’il se fit tondre tous les huit mois, à ce que dit Josèphe. Clodion, second Roi de France, fit une loi touchant les longues chevelures, par laquelle il n’étoit permis d’en porter qu’aux personnes libres. Mézerai. Il n’y avoit autrefois que les Rois de France qui eussent droit de longue chevelure. Thiers.

On dit aussi poëtiquement, la chevelure des arbres & des plantes, en parlant de leurs feuilles. Coma.

On appelle chevelure de Comète, en Astronomie, les rayons de la Comète, lorsqu’elle est dia-