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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/545

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CHI

ne chasseront pas long temps ensemble ; pour dire, qu’ils se brouilleront, qu’ils se diviseront bientôt.

On dit à des gens timides, entrez, il n’y a point de danger, nos chiens sont liés. On dit aussi, pour reprocher ou plaindre la misère de quelqu’un, On l’abandonne comme un pauvre chien. Il mène une vie de chien. Il n’a ni foi ni loi, il vit comme un chien. Il est comme un chien à l’attache. Il est las comme un pauvre chien. On l’a battu, on l’a étrillé comme un chien courtaut. Les coups de bâton sont pour les chiens. On dit d’un misérable qu’on abandonne, qu’on ne lui demande pas, es-tu chien, es-tu loup ? On dit aussi, quand on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage ; pour dire, que quand on veut rompre avec quelqu’un, on lui impute quelque crime ou quelque faute. On dit d’un jeune étourdi, qu’il est fou comme un jeune chien, qu’il court comme un chien fou ; d’une chose tortue, d’une jambe mal faite, qu’elle est droite comme la jambe d’un chien. On appelle figurément un chien au grand collier, celui qui mène les autres, qui est le principal dans une maison, dans une assemblée. On dit d’un homme accoutumé à la fatigue, qu’il y est accoutumé comme un chien à aller nue tête, à aller à pié. On dit encore tandis que le chien pisse, le loup s’enfuit ; pour dire, que tous les momens sont précieux en certaines occasions. Un bon chien n’aboie point à faux : ce qui se dit au figuré d’un habile homme, qui sait toujours bien réussir ses entreprises, par ce qu’il sait bien prendre son temps, & ménager les occasions. Battre le chien devant le lion ; pour dire, châtier un petit devant un plus puissant qui a commis la même faute. Entre chien & loup ; pour signifier le crépuscule, ou le tems sombre qui est entre le jour & la nuit, & où on ne peut discerner un chien d’avec un loup. Crepusculo, luce dubia. On dit aussi d’un homme d’un bel extérieur, & qui paroit brave, mais qui ne l’est pas, c’est un beau chien, s’il vouloit mordre.

Chien. (Ordre du) Les Chevaliers du chien. Ordre de Chevalier, institué, dit-on, par Bouchart IV de Montmorency, qui, après avoir été vaincu en 1104 selon Du-Tillet, par Louis, fils de Philippe I, qui fut depuis Louis le Gros, vint à Paris suivi d’un grand nombre de Chevaliers portans tous un collier fait en façon de tête de cerf, avec une médaille où se voyoit gravé un chien, apparemment pour symbole de la fidélité qu’ils vouloient garder au Roi dans la suite. C’est-là ce qu’on appela les chevaliers du chien, qui ne se perpétuèrent point, & ne firent point proprement un Ordre. On croit encore que c’est de-là que Montmorency porte un chien pour cimier de ses armes.

L’Abbé Justiniani a parlé de cet Ordre dans son I. Tom. c. VIII, p. 9 ; mais il attribue l’institution de cet Ordre au chef de la maison de Montmorency, qui se convertit immédiatement après Clovis. Il dit encore que dans la suite, mais on ne sait pas quand, un Pierre de Montmorency institua l’Ordre du coq, & l’unit à celui du chien. La devise étoit un coq, avec ce mot latin Vigiles. Il cite Beloy dans ses Menenius Delius, Origines des Ordres de Chevalerie ; le Feron, Armes des Connetables de France ; Papyre Maison dans ses Annales, dei Michieli Jos. Tesoro milit, le P. André Meedo, Traité des Ordres Milit. Caramuel Theolog. Regul.

CHIENDENT. s. m. Genre de plante très-étendue, auquel on a conservé le nom de gramen, qui vient de gradiri, tracer. Il n’y a cependant que quelques-unes de ses espèces qui tracent ou étendent leurs racines çà & là. Deux de celles-ci sont usitées dans la Médecine, & servent de base aux tisannes. On trouve le long des chemins & dans les champs cette sorte de plante, & la difficulté qu’on a de les arracher entièrement a passé en proverbe ; car l’on dit d’une chose difficile à entreprendre, ou qui n’est pas aisée à terminer, que c’est du chiendent. On dit encore des personnes si ancrées dans quelques maisons, qu’on a peine à s’en débarrasser, qu’elles y tiennent comme chiendent. Quelques Auteurs l’on appelé le gramen, ne voulant point dire chiendent, à cause qu’il n’y a que quelques-unes de ces plantes qui ont leurs feuilles rudes, & que les chiens mangent pour se faire vomir. Le vulgaire confond toutes les espèces de chiendent, & les nomme du nom d’herbe. Le grand nombre d’espèces de chiendent, que les Botaniste ont découvert, sont rangées sous quelques différences particulières, qui se tirent du rapport qu’elles ont avec les plantes fromentacées, cerealia, dont elles diffèrent néanmoins par la petitesse de leurs semences. Les espèces qui ont un épi de seigle ou de froment sont nommées gramina spicata, secalina ; triticea, d’orge, hordeacea, d’ivraye, loliacea, d’avoinen avenacea, de millet, miliacea ; de la masse, typhina. Celles qui ont plusieurs épis rangés comme les doigts de la main, digitata ; & enfin, celles qui ont leurs épis étendus & éparpillés en manière d’aigrette, paniculata. On a trouvé encore tant de rapport dans toutes les parties des chiendents & des fromentacées, qu’on a adopté les termes consacrés par l’antiquité pour les descriptions de celle-ci. Ainsi on dit des racines de plusieurs chiendents, qu’elles sont chevelues & crépues, radices cirrosæ ; leur tige se nomme chaume & chalumeau, culmus, d’où vient le nom générique plantæ culmiferæ, qu’on a attribué en latin à toute la famille des plantes qui renferme les fromentacées, les chiendents, les panis, les mays, & autres qui ont quelque convenance par leur fructification & leurs autres parties, au premier genre, qui doit être le froment, triticum.

Le chalumeau, dans la plupârt des chiendents, est noueux par intervalle, & de chaque nœud prend naissance une feuille qui est roulée en partie autour du chalumeau, & l’enveloppe étroitement en manière de gaine. Le poinçon sur lequel sont attachées les enveloppes de la semence, se nomme la rape, à cause qu’il est inégal comme cet instrument : sur cette rape sont posée des paquets d’écailles, locustæ, pliées en gouttières, qui servent de calice aux fleurs & aux semences ; ces paquets n’ont presque point de pédicule comme dans les épis, ou sont soutenus par des brins longs, comme dans les espèces qui ressemblent à l’avoine, au millet, ou portent des panicules. Les écailles s’appellent balles, glumæ ; ce sont proprement les calices des fleurs, & quelquefois des semences en même temps qu’ils enveloppent étroitement, lorsque les fleurs sont fertiles. Ces balles sont terminées dans plusieurs espèces par une arrête fine appelés la barbe, arista. On dit la barbe du blé. On doit encore observer que plusieurs chiendents sont vivaces.

Chiendent se prend souvent pour la racine de deux sortes de chiendent, qui sont le gramen caninum, arvense, sive framen Dioscoridis C. B. Pin. & le gramen dactylon radice repente, sive officinarum, Inst. R. Herb. Le premier porte un épi dont les paquets sont écartés les uns des autres, & ressemblent à ceux de l’ivraye : le second donne plusieurs épis disposés en main ouverte. Les racines de toutes les deux espèces sont longues, noueuses, menues, blanchâtres, d’un goût douceâtre, & sont du nombre des racines apéritives, & diurétiques : on les employe tous les deux indifféremment. On dit un paquet de chiendent, une botte de chiendent, pour une botte, un paquet de racine de chiendent.

CHIEN-FOU. s. m. Drogue médicinale qui vient de la Chine. Les Japonois s’en servent beaucoup, & en font grand cas.

CHIENNÉE. s. f. Herbe qu’on appelle autrement mort aux chiens, tue-chien ou colchique. Colchicum. Voyez Colchique.

CHIENNER. v. n. Faire de petits chiens. Catulos edere, rarere. Cette chienne ne sera pas long temps sans chienner. On a dit aussi chienneter.