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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/602

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CIM

les défunts y dorment en attendant le jugement universel.

On dit figurément, que l’Italie est le cimetière des François, parce qu’il en meurt un grand nombre pendant les guerres qu’on a en ce pays-là. On le dit généralement d’un pays dont l’air est mortel pour les étrangers.

CIMIER, s. m. terme de chasse, en parlant du cerf, c’est la pièce de chair qui se leve le long du dos & des reins de l’animal, depuis les côtes jusqu’à la queue. Lumbus. Le droit du Roi à la chasse est le cimier du cerf avec les cuisses & les nombles.

À la boucherie le cimier de bœuf est une partie de la cuisse. Pars bovinæ coxendicis. On contient plusieurs tranches, chaque tranche contient trois morceaux, dont le premier s’appelle la pièce ronde ; le second la semelle, ainsi nommé à cause de sa figure ; & le troisième le tendre. Le derrière de cimierest contenu depuis les tranches jusqu’à la queue, & est à présent nommé cullotte.

Cimier. Terme de Blason. C’est la partie la plus élevée dans les ornemens de l’Ecu, & qui est au dessus du casque. Imposita summæ galeæ figura. Le cimier de France est une fleur-de-lis carrée. On l’a appelé ainsi du mot de cime, à cause qu’on le met à la cime du casque. Le cimier est l’ornement du timbre, comme le timbre est celui de l’Ecu. Les cimiers de plumes sont plus fréquens que les autres, & ils sont faits souvent d’une masse de plumes d’autruche ou de héron, & ces touffes de plumes dans les anciens tournois étoient nommées plumails ou plumarts. Elles se mettoient dans des tuyaux sur de hauts bonnets. Les cimiers se faisoient aussi de cuir bouilli, de carton, de parchemin, peints & vernis, quelquefois d’acier ou de bois, & on y représentoit souvent une piéce du Blason de l’Ecu, comme un aigle, ou une fleur-de-lis ; mais jamais une de ces pièces qu’on nomme honorables, comme pal, fasce, giron, &c. On en changeoit quelquefois selon la fantaisie, parce qu’il ne tenoit lieu dans le Blason que de devise & d’ornement. L’usage est très-ancien ; car Hérodote en attribue l’invention aux Cariens, qui les premiers portèrent des aigrettes & des plumes sur leurs caques, & peignirent des figures sur leurs boucliers. C’est pour cela que les Perses les appelèrent des coqs ; parce qu’ils paroissoient crêtés comme des coqs. Les anciens guerriers portoient des cimiers pour donner de la terreur à leurs ennemis par la vue des dépouilles des animaux qu’ils avoient domptés, ou pour se donner une mine plus formidable. On les portoir aussi par superstition, comme Tacite le témoigne des Æstyens, peuples voisins de la mer Baltique. Pyrrhus portoit pour cimier un grand panache, & des cornes de bouc. Plutarque, Vie de Pyrrhus. Diodore de Sicile dit que les Rois d’Egypte portoient des têtes de lion, de taureau, ou de dragon pour cimier.

Les cimiers ont servi de fondement à plusieurs fables : car les Anciens donnèrent à Sérapis une tête d’épervier, parce que ce cavalier en avoit un sur son cimier. Ils firent de Géryon un monstre à trois têtes, parce qu’il avoit un triple cimier. Ils feignirent que Prothée changeoit à tous momens de forme, parce que c’étoit un Roi d’Egypte qui changeoit tous les jours de cimier, & paroissoit tantôt avec une tête de lion, & tantôt avec celle d’un dragon, d’un ours, d’un cheval, &c. Les cimiers extravagans sont aussi fort anciens en Gaule, comme on peut recueillir de quelques témoignages de Plutarque & de Diodore de Sicile, en parlant des Gaulois & des Germains.

Le cimier est une plus grande marque de Noblesse, que l’Armoirie, parce qu’on le portoir aux tournois, où on ne pouvoit être admis sans avoir fait preuve de Noblesse.

Le cimier a servi de distinction à des factions différentes, les Monaldeshi, par exemple, Gentilshommes d’Orviète en Italie, s’étant divises, prirent les uns une biche, les autres un chien, les autres une vipère, & les autres une aigle pour cimier.

Le cimier sert aussi à la distinction des différentes branches d’une même famille.

Quelquefois on a fait son cimier de sa devise. Ainsi Côme de Médicis, dont la devise étoit un faucon d’argent, tenant un anneau d’or de sa serre droite, avec ce mot semper, en avoit aussi fait le cimier de ses armes. Le plus souvent on a pris une pièce de ses armes pour cimier. Ainsi le cimier de France est une fleur-de-lis carrée, celui de l’Empire un aigle, celui de Castille un Château, celui de Léon un Lion, &c. Les familles qui changent d’armes, comme ont fait les Brunswich & les Colones, ne changent pas pour cela de cimier. Ceux-là ont retenu le cheval, & ceux-ci la sirène.

Le cimier de plumes a été le plus généralement reçu chez tous les peuples. Le cimier n’est plus d’usage que dans le blason & dans les tournois. Voyez le P. Menestrier, dans ses Origines des ornemens des Armoiries. Les Anciens ont appelé le cimier crête, crista.

CIMMÉRIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de peuple. Cimmerius, a. On trouve trois peuples différens qui ont porté ce nom. L’un étoit Scythe, & habitoit le long du Pont, proche le détroit de Caffa, qui s’appeloit de leur nom, le Bosphore Cimmérien. C’est une Colonie de ces Cimmériens qui pénétra dans le Jutland, où ils furent appelés Cimbres. D’autres Cimmériens étoient entre la Colchide & l’Ibérie, occupant la partie de la Géorgie, qui se nomme Havessen. Il y a encore eu des Cimmériens en Italie, proche du lac Averne & de Bayes. Ils vivoient dans des lieux souterrains, d’où ils ne sortoient que la nuit pour voler. C’est de ceux-là qu’Homere a parlé dans l’Odyssée.

Ce nom, selon Bochart, Chan. L. I, ch. 33, vient de כמר camar, ou cimmer, qui signifie nigescere, être noir, être obscur. C’est-là ce qui a donné occasion aux fables que l’on a faites sur ces peuples, aux ténèbres Cimmériennes, c’est-à-dire, aux ténèbres dans lesquelles ces peuples vivoient, & qui passèrent en proverbe pour signifier des ténèbres très-épaisses. D’autres disent que ce proverbe venoit de ce que les Cimmériens du Pont habitoient un pays toujours couvert de brouillards & de vapeurs ; d’autres, de ce que ceux d’Italie demeuroient dans des cavernes souterraines. On disoit aussi que l’entrée de l’enfer étoit dans leur pays.

CIMMÉRIS ou CIMMÉRIDE. s. f. Terme de Mythologie. Nom d’une Déesse. Cimmeris. Hésychius dit que Cimméris est la mere des Dieux, c’est-à-dire, Cybèle, & elle fut ainsi appelée, dit Vossius, de Idol. L. II, c. 52, parce que les Cimmériens l’honoroient.

CIMOLIE. s. f. Espèce de terre qu’on apporte d’une des Îles Cyclades, appelée Cimole, d’où elle a pris son nom. Terra cimolia. Cette terre est grasse, molle & blanche. Il y en a qui tire sur la couleurs de pourpre. Elle est bonne pour résoudre des parotides, les tumeurs des testicules & les enflures de jambes : elle est aussi propre pour la brûlure & pour en appaiser la douleur.

On donne encore le nom de cimolie ou cimolée à une certaines terre liquide qui tombe sous les meules des Couteliers pendant qu’ils aiguisent leurs couteaux & autres tranchans, à cause de sa ressemblance avec la cimolie des Anciens. La cimolée des Couteliers, car c’est plutôt cimolée que cimolie, est un mêlange des parties de la meule même & du fer liquéfiées par l’eau. On se sert de la cimolée en Médecine. Elle est astringente & résolutive. On l’emploie aussi dans la teinture pour teindre en noir.

☞ CIMOSSE. s. f. En italien Cimossa. Lisière pratiquée par les Génois à certains damas pour meuble. Encyc.

☞ CIMPA. Petite ville d’Asie, au Royaume de Tonquin, à l’orient de Ketoi.