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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/678

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COF — COG

Coffre, en termes d’Anatomie, est la cavité du corps la plus grande, l’espace qui est enfermé sous les côtes, où sont contenus le cœur, les poumons, le foie, &c. Il a reçu un coup d’épée dans le coffre. Les plaies qui entrent dans le coffre sont difficiles à guérir. Les Chasseurs le disent aussi du corps de la bête fauve qu’ils ont prise, lorsqu’on en fait la curée. Il faut mettre le coffre du cerf en une place belle & herbue. Saln.

Coffre, en termes de Fortification, est un logement creusé dans un fossé sec, couvert de soliveaux & de terre, & élevé de deux piés au dessus du fossé, où il y a des embrasures d’où l’on tire sur l’assiégeant, quand il vient à la contrescape, & veut passer le fossé. Militaris statio mediâ in fossâ excavata. Il est large de 18 piés, & profond de 6 à 7. C’est presque la même chose que la caponnière, si ce n’est que la caponnière se fait quelquefois au delà de la contrescarpe sur le glacis ; & le coffre toujours dans le fossé, & occupe plus de largeur.

Coffre, terme d’Artillerie, synonyme à chambre ou fourneau de la mine. Voyez ces mots qui sont plus usités.

En termes de marine, on appelle coffre à feu, un coffre rempli de feux d’artifices & de matières combustibles, pour s’en servir contre les ennemis qui ont sauté à bord, ou pour faire sauter le vaisseau. Coffre de bord, est un coffre dont le fond est plus large que le haut, où les gens de Marine mettent ce qu’ils portent à la mer pour leur usage. Coffre à gargousses, est un coffre où l’on met les gargousses après qu’on les a remplies. Les coffres à gargousses sont des retranchemens de planches faits dans les soutes aux poudres, plutôt que de véritables coffres.

Coffre est un terme de Luthier, qui signifie le corps & l’assemblage des parties du clavecin, ou de l’épinette. Organi musici corpus.

Coffre de presse, terme d’Imprimeur. C’est le bois où est enchâssé le marbre. Quadratum tignum excipiendo marmori incisum.

Coffre se dit, en termes de Haras, du ventre de la cavale. On dit qu’elle a un beau coffre un grand coffre, quand elle a les flancs fort larges & propres pour porter les Poulins.

Coffres, en Hydraulique, espèces de boîtes carrées de bois ou de fer, pour renfermer les soupapes.

Coffre est aussi le nom d’un poisson qui se trouve vers les Îles Antilles. On le nomme coffre, parce qu’il est couvert d’une écaille mince, à la vérité, mais sèche & très-dure : en sorte que lorsqu’il est cuit, on le tire de cette écaille comme d’un étui. Le corps du coffre est joint à la tête, sans aucune séparation visible. Il est en forme triangulaire, & sa tête a la même figure. Le P. Labal dit, tom. 2 de ses Voyages, que la chair en est blanche, & qu’il trouve ce poisson, qui n’est pas des plus estimés, très-bon & très-succulent.

☞ COFFRER, v. a. mettre dans un coffre, il ne se dit point au propre, on le dit quelquefois au figuré, mais dans le style familier seulement, pour mettre en prison. Incarcerare, in carcerem trudere. Il y a long temps qu’on le guettoit ; il a été coffré ce matin.

Coffré, ée. part.

COFFRET. s. m. Diminutif de coffre. Arcula, capsula. Un coffret garni d’argent, où l’on ne met que des rubans, des essences, des pommades, &c.

COFFRETIER. s. m. Celui qui fait ou qui vend des coffres. Faber, capsarius. Les Coffretiers-Malletiers, sont ceux qui font des coffres d’armées, des malles, des valises, des fourreaux de pistolets. Les Coffretiers-Bahutiers sont d’un corps différent, & sont ceux qui font des coffres qui servent dans le ménage & dans le ville. Les Coffretiers ne peuvent vendre des étuis de pistolet ni de chapeau, où il entre de la cire & poix-résine, mais seulement de cuir tel qu’il sort de chez les Corroyeurs-Baudroyeurs. Ce corps est nouveau & démembré de celui des Selliers.

☞ COFIDEJUSSEUR, s. m. terme de Jurisprudence. On appelle ainsi ceux qui ont répondu solidairement de la dette du principal obligé, suivant la disposition du droit romain, si l’un de plusieurs fidejusseurs a payé toute la dette au créancier, sans prendre de lui cession de ses droits & actions, il n’a point de recours contre les autres. Mais chez nous l’équité prévaut à la rigueur de la règle, & l’on tient communément que si le Cofidejusseur payoit le tout, sans s’être fait conner cession du créancier, il faut agir contre ses Cofidejusseurs, pour répéter de chacun d’eux leur part & portion de la dette pour laquelle ils ont répondu.

COG.

COGAT. Voyez Cucufat.

☞ COGENDE, ville d’Asie, dans la Tartarie, sur le fleuve Jaxartes, à sept journées de Samarcande.

COGMORIA, s. f. Mousseline très-fine que les Anglois apportent des Indes Orientales.

COGNAC. Ce mot en quelques Provinces veut dire embouchure d’une rivière dans une autre. On appelle Cognac la jonction de plusieurs ruisseaux avec la Charente.

Cognac, ville de France dans l’Angoumois, & sur la Charente, fameuse par ses eaux-de-vie. Cognacum. Quelques-uns prennent Cognac pour Campinacum, ou Capiniacum, où Gérard, Archevêque de Bourdeaux, célébra un Concile en 1238. François I nâquit à Cognac. Du Chesne écrit tantôt Congnac, & tantôt Coignac ; on n’écrit plus ainsi.

COGNASSIER. Voyez Coignassier.

COGNAT. s. m. Cognatus. Dans ce mot & dans les deux suivans, prononcez gna comme en latin, cognatus, avec le son fort du g, terme de Jurisprudence. Ce mot se dit de ceux qui ont entr’eux le lien de parenté qu’on appelle cognation. M. le Cardinal de Furstemberg, &c, jouira avec ses agnats & cognats, qui ont suivi son parti, & ses domestiques, d’une pleine amnistie. Traité de Riswich. Ne pourront aussi ledit sieur Cardinal, ses héritiers, agnats, cognats, & domestiques, être jamais recherché, &c. Ib.

COGNATION, s. f. terme de Jurisprudence. Lien de parenté entre tous les descendans d’une même souche & d’une même tige, tant par les mâles que par les femelles. Cognatio. L’agnation, au contraire, ne comprend que les descendans par le sexe masculin. En France pour la succession à la couronne on suit l’agnation ; & en Espagne, ou en Angleterre, on suit la cognation. Les femmes viennent à la succession selon le degré de proximité aux défauts des mâles, ou de leurs descendans de branche en branche.

Dans le Droit Romain les mots de cognation & de cognat se prennent dans une signification plus étroite, suivant laquelle cognation signifie seulement le lien de parenté qui est entre ceux qui descendent d’une même souche par les femmes : & cognats, ceux qui ont entr’eux ce lien de parenté. Voyez les Instituts, le Jurisconsulte Paul de gradibus & affinibus & nominibus eorum, L. XXXVIII du Digest, tit. X, loi 10. Le Jurisconsulte Gaius, in lege 1 ibid., donne la première signification aux mots cognat & cognation.

COGNATIQUE, adj. terme de Droit. Succession cognatique, est celle où les parens collatéraux par les femmes parviennent au défaut des mâles de branche en branche. De Courtin. Cette manière de succéder n’a pas lieu parmi nous.

COGNÉE. M. Félibien écrit toujours coignée. s. f. Grande hache, instrument de fer plat, acéré & tranchant, ayant un long manche de bois. Securis. Il sert aux Bucherons à abattre du bois dans les forêts,