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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/683

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COI

Man, aussi bien qu’un grand nombre d’urnes, avec des inscriptions Rhuniques, conclut de-là que ce sont des monumens ; parce que les Romains, dit-il, n’ont jamais mis le pié dans cette Île. Mais M. Hearne n’est pas de son avis ; car Plutarque assure qu’un nommé Démétrius passa à l’Île de Man sous l’Empereur Adrien.

Un Curieux de France a conjecturé que ces coins, emmanchés d’une manière convenable, pouvoient servir aux soldats pour escalader les murs, ou pour monter par dehors sur des machines de guerre, en les faisant entrer à force dans les joints des pierres, des poutres, ou des ais ; & que la petite boucle servoit à les pendre à la ceinture des soldats. Mais en vérité, ces instrumens sont bien peu propres à entrer dans les joints des pierres, ils sont trop gros. Un autre croit au contraire que ce sont les dents des roues avec lesquelles on bandoit les balistes. Il s’appuie de l’autorité de Vitruve, qui dans le ch. 16 de son Xe Liv. dit en effet, qu’il y avoit des balistes que l’on bandoit avec des roues à dents : d’où cet Antiquaire prétend que les coins en question, creux en dedans, étoient employés à emboîter des morceaux de bois, qui étoient attachés comme des dents à tenons & à mortoises, aux jantes des roues, qui servoient à bander les balistes : ces roues, dit-il, étoient ensuite arrêtées par des crémaillères, & attachées aux deux côtés de la baliste. L’anse ou l’anneau, qui est à côté des coins, servoit, selon lui, à les emboîter ou déboîter plus aisément, en y passant une petite barre de fer pour les frapper. Les grandeurs différentes, ajoute-t’il, font voir qu’ils servoient à des roues de différentes grandeurs. Voyez la Dissertation de M. Hearne sur des Monumens anciens trouvés dans la province d’Yorck, & les Mémoires de Trévoux 1713, pag. 287 & 1534, & 1714, pag. 1777.

Coin, terme de l’Art Militaire chez les Anciens. Cuneus. On donnoit ce nom, selon Végece, à un corps de Troupes rangées en forme de coin, qui va en s’étrécissant par le front : ce triangle servoit à rompre la ligne des Ennemis. Selon M. le Chevalier Folard, le Cuneus des Anciens n’avoit pas la figure d’un coin : c’étoit un corps de Troupes qui avoit beaucoup de profondeur, & peu de front. Il répondoit à nos colonnes.

Coin, en Architecture, est une espèce de dé coupé diagonalement suivant le rampant d’un escalier, qui sert à porter en bas des colonnes de niveaux, & à racheter par en haut la pente de l’entablement qui soûtient un berceau rampant. Lapis in cuneum sectus. Ces coins font aussi le même effet aux balustres ronds qui ne sont point inclinés suivant une rampe.

Coin de Beurre, c’est une pièce de beurre d’une livre, ou demi-livre, qui est de figure plate, & pointue par les deux bouts. Butiri massa cunei in speciem informata.

Coin, en termes de Monnoie, est le morceau de fer trempé & gravé, qui sert à marquer, à frapper les monnoies, les médailles, les jetons. Typus monetalis. On change tous les coins des monnoies. Cet écu est marqué d’un faux coin.

On appelle aussi coin, le poinçon, la marque qu’on met sur la vaisselle d’argent ou d’étain. Typus vasis aut ex argento aut ex plumbo candido signandis. Cette aiguière d’argent est du coin ou du poinçon de Paris. Ce Maître Potier d’étain a un tel coin, une telle marque. Chaque Maître est obligé de porter son coin, de laisser une empreinte de sa marque sur une table au Greffe de la Cour des Monnoies, à l’égard des Orfèvres ; ou au Greffe de la Police, à l’égard des autres ouvriers.

☞ On dit d’une médaille qui s’est très-bien conservée, qu’elle est à fleur de coin.

Coin, pris aux deux derniers sens, se dit figurément des bonnes & des mauvaises qualités ; mais plus ordinairement il ne se dit que des bonnes. Ainsi, l’on dit d’un homme qui a plusieurs bonnes qualités, qu’il est marqué au bon coin. Notâ de meliore. Cela se dit aussi des ouvrages qui ont quelque chose d’excellent. Tout est grand & admirable dans la nature, il ne s’y voit rien qui ne soit marqué au coin de l’ouvrier. La Bruy.

Toi qui sais à quel coin se marquent les bons vers.Boil.

Un Poëte a dit en parlant de la Cour.

Là de dehors trompeurs le crime revêtu,
Est marqué bien souvent au coin de la vertu.

Nouv. choix de vers.

Coin. s. m. Quelques-uns écrivent coing. C’est le fruit du coignassier. Cotoneum, Malum Cidonium ou Cydonium.

Ce fruit naît de la partie postérieure de la fleur & du calice du Coignassier. Voyez ce mot. Il est de la figure d’une poire ou d’un cône renversé, inégal sur sa surface, & couvert d’un coton épais, blanchâtre, qui s’efface à mesure que ce fruit mûrit : pour lors il est d’un jaune d’or & d’une odeur forte. Sa chair est ferme, d’un goût très-austère & très-âpre, & de couleur de miel. Le milieu de ce fruit est partagé en cinq loges, qui renferment quelques semences ou pepins semblables à ceux de la poire, & enduites d’un mucilage qui se fond dans l’eau.

Sa semence est d’usage en Médecine : on recommande son mucilage dans plusieurs occasions, où il faut calmer de grandes inflammations, comme celles des yeux, des hémorrhoïdes, &c. Les Médecins se servent encore du syrop de coin dans les dyssenteries & les cours de ventre. Voyez Cotignac.

Sa couleur jaune, a passé en proverbe, & l’on dit d’un homme qui est devenu jaune, ou qui a la jaunisse, qu’il est jaune comme un coin.

COINDICANS. adj. m. pl. Terme de Médecine. Se dit des signes qui concourent avec les symptômes particuliers à la maladie ; par exemple, l’âge & la force du malade, la saison, la coutume, & autres circonstances semblables. Συνενδειϰνύμενα.

COINDICATION. s. f. Coindicatio. C’est la connoissance de certains signes qui autorisent l’indication qu’on a prise. Ces signes sont appelés coindicans, comme les forces du sujet, son âge, la saison, le pays, la coutume, &c. Col de Villars.

COINE. Voyez Couene.

☞ COÏNCIDENCE, s. f. terme de Géométrie, se dit des lignes, des figures parfaitement égales, qui, posées l’une sur l’autre, se répondroient exactement. Coincidentia.

Coïncidence se dit aussi, en Physique, des corps qui tombent à la fois, & dans le même temps, sur une même surface. La coïncidence des rayons de lumière.

COÏNCIDENT se dit, dans les mêmes sens, que coïncidence. Coincidens. Lignes, figures, &c. coïncidentes ; qui appliquées l’une sur l’autre se répondent parfaitement, se confondent.

☞ Rayons coïncidens qui tombent à la fois sur la même surface.

☞ COÏNCIDER, v. n. terme de Géométrie. Coincidere. Voyez Coïncidence & Coïncident. On le dit des figures, des lignes, des surfaces qui étant appliquées l’une sur l’autre, se répondent parfaitement, s’ajustent l’une sur l’autre. Ces deux surfaces, ces deux lignes coïncident.

Coincy. Ville de France, dans la Brie Champenoise, à deux ou trois lieues de Château-Thierry.

☞ COING. s. m. Voyez Coin.

COINT, INTE, adj. vieux mot. Mignon, bien ajusté, beau, agréable. Pulcher, venustus, bene ornatus, comtus, elegans, formosus, cultus. Il y avoit plusieurs Dames à cette assemblée toutes-