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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/698

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COL

quelqu’un. Pensum, opera, labor. Ainsi on dit, après s’être bien diverti, il faut aller reprendre le collier de misère ; pour dire, son travail accoutumé. Quelques-uns appellent aussi le mariage, le collier de misère. Toutes ces expressions figurées ne sont que du style familier.

Collier d’étai, en terme de Marine, est une grosse corde que l’on met en rond comme une boucle, pour y amarrer l’étai.

Collier de ton est un lien de fer en forme de demi-cercle, qui sert conjointement avec le ton, à tenir les mâts de hune & de perroquet.

Collier se dit aussi en Botanique, par comparaison, avec les colliers que les femmes portent à leur cou ; mais les Fleuristes, en parlant des anémones doubles, entendent par ce terme, un cordon d’étamines qui se trouve à quelques-unes de ces fleurs, & en diminue le mérite.

Collier. C’est aussi, en terme de Pêcheurs, la corde qui tient le bout du verveux, & qui l’arrête au pieu fiché dans l’endroit des rivières & autres eaux où l’on veut tendre.

☞ COLLIÈRES. s. f. Dans les trains de bois, sur les grandes rivières, on appelle collières, les pièces qui font le fondement du train.

COLLIGER, v. a. recueillir, extraire. Colligere, excerpere. Ce Savant a colligé bien des passages. Cet écolier a colligé tous les beaux passages de S. Augustin.

Colliger signifie aussi, en terme d’école, conclure, induire, fonder un raisonnement. Concludere, elicere. De tout ce qui a été dit, nous pouvons colliger qu’il ne se faut point fier aux promesses de ce monde.

☞ Dans cette dernière acception, le verbe colliger n’est pas usité, même dans les écoles. Pris pour, faire des collections des endroits les plus remarquables de quelque ouvrage, il peut être de quelque usage parmi les Savans qui parlent moitié françois, moitié latin ; mais il n’est certainement pas de l’usage ordinaire, quoique les Vocabulistes, d’après l’Académie, le définissent comme terme usuel.

Colligé, ée, part.

COLLINE, s. f. petite côte élevée au dessus de la plaine. ☞ La colline n’est pas assez élevée pour mériter le nom de montagne, & l’est trop pour être appelée tertre ou éminence. Collis. Les vignobles sont ordinairement sur les collines. On a fait ce bâtiment sur la colline, pour avoir l’avantage de la vue, & le moyen d’y faire des terrasses.

Ce mot vient de collina, diminutif de collis. Ménage.

Les Poëtes appellent le Parnasse, la double colline.

On dit proverbialement & figurément, qu’un homme a gagné la colline ; pour dire, qu’il a pris la fuite, qu’il s’est mis en lieu de sûreté.

Colline, s. f. nom d’une fausse divinité chez les anciens Païens. Collina. C’étoit la Déesse qui présidoit à toutes les collines. S. Augustin l’appelle, Collatine ; ☞ mais c’est une faute, & il faut lire colline. Cette Déesse étoit adorée avec un culte fort religieux, puisqu’au commencement, les collines même étoient adorées, & que leur nom, selon Varron, ne venoit que du culte qu’on leur rendoit. Postea quam superiora loca colere cæperunt, a colendo colles appellarunt.

Colline étoit le nom de l’une des quatre portes dans lesquelles la ville de Rome étoit divisée au commencement. On l’appeloit Collina regio, le quartier des Collines, parce que de sept qui étoient renfermées dans l’enceinte de Rome, il y en avoit cinq dans ce quartier-là, savoir ; la Virginale, la Quirinale, la Salutaire, la Mutiale & la Latiale.

☞ La Tribu qui demeuroit dans ce quartier, s’appeloit aussi Colline, Tribus collina. On sait que chacun de ces quartiers étoit occupé par une tribu particulière.

Colline étoit encore le nom d’une porte de Rome, située au pié du mont Quirinal. Elle s’appela dans la suite, Porte du sel, quand on donna le même nom à la rue qui y conduisoit, Via salaria. Ce changement de nom vint de ce que les Sabins, qui portoient du sel à Rome, entroient par cette porte. C’est à la porte Colline qu’on enterroit les Vestales.

Colline des jardins, petite montagne de la ville de Rome, où étoient les jardins de Saluste. Elle fut renfermée dans l’enceinte de la ville, par l’Empereur Aurélien. Le sépulchre de Néron la rendit célèbre. Il y avoit une loi qui ordonnoit à tous ceux qui aspiroient aux charges de la République, de monter sur cette colline pour être apperçu par le peuple assemblé dans le champs de Mars, pour l’élection des Magistrats. Voyez Candidat.

COLLINHOU, s. m. vin, ou plutôt verjus du pays de Caux en Normandie. Vinum Caletense. Les vins qui croissent près d’Argences, & de quelques lieux vers Avranches, sont si verts, qu’on leur préfère le colinhou que les Cauchois tirent des vignes attachées à leurs arbres.

COLLIOURE, ou plutôt COLIOURE, ville maritime de France en Roussillon. Caucoliberis, & selon quelques-uns, Illiberis ou Eliberis. Collioure fut cédée à la France par le traité des Pyrénées. On y fait la pêche du Thon.

Cette ville a de longitude 20°, 35’, 50” ; la différence de son méridien à celui de l’Observatoire de Paris étant 0°, 2’, 58”, orient. en temps & en parties de l’équateur 0°, 44’, 30”. Sa latitude 42°, 31’, 13”. Cassini.

☞ Plusieurs Géographes ont confondu assez mal-à-propos cette ville avec l’ancienne Illiberis. Illiberis étoit sur la rivière du Tec, & sur le grand chemin qui va de Gironne, par les Pyrénées, à Narbonne ; au lieu que Colioure est fort loin de cette route, située dans un lieu de très-difficile accès, au milieu des rochers. L’ancien nom de Colioure est Caucoliberis.

COLLIQUATIF, IVE, adj. terme de Médecine. Colliquativus, a, um, colliquefaciens, colliquefiens. Qui décompose les humeurs, qui opère la colliquation. Ce terme s’applique à tout ce qui fait perdre aux humeurs leur consistance naturelle, en y produisant une grande dissolution. On le dit de même des symptômes qui sont des suites de la dissolution générale des humeurs. Son corps étoit beaucoup épuisé par des déjections colliquatives fréquentes & toujours accompagnées de nausées. Acad. d’Edimb. T. I, p. 327. Le cours de ventre colliquatif a été un des accidens les plus ordinaires de la peste de Marseille. Journ. des Sav. 1721, pag. 419.

COLLIQUATION, s. m. terme de Pharmacie. Action par laquelle on mêle ensemble deux substances solides qui se peuvent rendre liquides par la fusion, ou par la dissolution, comme la cire par la chaleur, les gommes par l’humidité.

Colliquation, terme de Médecine. Dissolution générale de la masse des humeurs, décomposition de leurs parties intégrantes. Décomposition des parties fibreuses & conglutineuses du sang. Colliquatio.

Ce mot vient du verbe latin liquare, colliquare.

COLLISION, s. f. terme didactique. Choc de deux corps qui se fait avec violence. Collisus. La collision des caillous engendre le feu. La collision des nuées est cause de l’éclat du tonnerre.

☞ Quelques-uns ont hazardé ce mot au figuré. Les plus belles connoissances ne sont sorties que de la collision des esprits.

Ce mot vient du verbe collidere.

COLLITIGANT, ANTE, adj. terme de Jurisprudence. Qui plaide contre un autre. Concertator de re aliqua. Ce bénéfice est disputé par cinq ou six collitigans. Il y a souvent de la collusion entre les parties collitigantes.