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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/725

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COM

nous en sommes encore aux premiers temps de l’année, du mois, &c.

☞ En parlant d’un maître qui donne à quelqu’un les premières leçons d’un art, d’une science, les premières instructions, on dit que c’est lui qui l’a commencé, il a été commencé par un bon maître, ce maître n’est bon que pour commencer les enfans.

☞ On dit de même, en termes de manège, commencer un cheval, lui donner les premières leçons, commencer à le dresser.

Commencer s’emploie aussi absolument, & signifie agir le premier ; mettre en action ; donner le branle à quelque chose ; mettre les autres en train. Assez de gens se mêlent de réformer le monde, & presque personne ne commence par soi-même. Dac. Le Chantre commence, pour donner le ton au Chœur. Le plus hardi des séditieux qui commence, met tous les autres en action. En cette assemblée chacun se regardoit, personne ne commençoit à ouvrir une proposition qui étoit un peu délicate. Dans un repas il faut qu’il y ait quelqu’un qui commence, pour mettre tous les autres en train de se réjouir.

☞ On dit proverbialement, n’a pas fait qui commence : &, a moitié fait qui a bien commencé. Dimidum facti, qui benè cœpit, habet. Ovid.

☞ COMMENCER est aussi neutre, & signifie prendre, avoir un commencement. Incipere, occipere. L’année commence, le sermon commence, le Carême ne commence cette année qu’en Mars, ce discours commence bien.

Il s’emploie aussi quelquefois impersonnellement. Il commence déja à faire jour.

COMMENCÉ, ÉE, part. ouvrage commencé, discours commencé, bâtiment commencé.

Mais de ce Roi si sage héritier insensé,
Son fils interrompit l’ouvrage commencé. Rac.

☞ En termes de manège, on dit un cheval commencé, acheminé, achevé, pour marquer un cheval qu’on commence à dresser, auquel on donne les premières leçons, celui qui est déja monté, dégourdi, & celui qui est confirmé dans le manège.

COMMENDATAIRE. s. m. Œconome qu’on a mis en possession d’un Bénéfice, pour le régir pendant six mois, & le gouverner en attendant qu’on l’ait pourvu d’un Titulaire. Beneficii ecclesiastici œconomus dum idem cuipiam conferatur, Commendatarius. Le Commendataire subsistoit du revenu de l’Eglise qu’il administroit. Tels sont les Commendataires dont on parle en Droit Canon. Autrefois l’administration des Evêchés vacans appartenoit à l’Evêque le plus proche : ce qui se pratique encore entre l’Archevêque de Lyon, & l’Evêque d’Autun. C’est pourquoi on les appeloit Evêques Commendataires. Cet usage est fort ancien. On trouve des exemples de Prélats Commendataires, dans l’Eglise Grecque. S. Athanase dit de lui-même, selon Nicéphore, qu’on lui avoit donné en commende, c’est-à-dire, en administration, une Eglise, outre celle d’Alexandrie dont il étoit Evêque. On commettoit le soin des Eglises sans Pasteur à un Evêque, jusqu’à ce que l’on eût élu un successeurs. Le regîtte du Pape Grégoire I est tout plein de ces commissions ou commendes, pendant l’absence, ou la maladie de l’Evêque, ou la vacance du Siége. Voyez un petit Livre intitulé l’Abbé Commendataire. Il déclame violemment contre l’abus qu’on a fait de cet ancien usage.

Ce mot vient de commendare, confier, recommander.

Commendataire, est en France un Ecclésiastique séculier, qui est nommé par le Roi, & pourvu par le Pape d’une Abbaye, ou d’un Prieuré, avec permission de disposer des fruits à son profit pendant sa vie. Beneficii Ecclesiastici fiduciarius possessor auctoritate summi Pontificis, Commendatarius. Un Abbé Commendataire est opposé à un Abbé Régulier. L’Abbé Commendataire n’a pas tous les privilèges du Titulaire ; par exemple, il ne peut pas exercer la discipline intérieure, mais il jouit de tous les droits honorifiques.

COMMENDATRICE. s. f. Nom ou titre que l’on donne en Espagne aux Religieuses de Calatrava. Commendatrix. Voyez les P. Hélyot, T. IV. C. 4.

COMMENDE, s. f. est originairement dans le Droit, la garde, le dépôt, le régime, & l’administration des revenus d’un Bénéfice qu’on donnoit à un séculier, pour un jouir par œconomat pendant six mois, pour le réparer ; ou à un autre Evêque, ou à un simple Ecclésiastique, pour faire les fonctions Pastorales, en attendant qu’on en eût pourvu un Titulaire. Beneficii Ecclesiastici administratio dum cuipiam illud conferatur. On croit que c’est le Pape Leon IV qui fut auteur des commendes, en faveur des Ecclésiastiques qui avoient été chassés de leurs Bénéfices par les Sarrazins. On leur confioit la garde & l’administration des Eglises vacantes : S. Grégoire en avoit usé de même pendant que les Lombards désoloient l’Italie. Sous la II Race, l’abus des commendes devint fort fréquent ; on donna même les revenus des Monastères à des Laïques, pour les faire subsister. Les Evêques aussi se faisoient donner plusieurs Bénéfices, ou Evêches en commende, & c’étoit un prétexte pour les retenir tous sans violer directement les Canons. On a retranché une partie des abus ; mais on n’a pû abolir absolument la commodité & l’usage des commendes. C’est un expédient qu’on a trouvé pour lever l’incompatibilité de la personnes avec la nature du Bénéfice.

Pour ce qui est de l’origine & de l’usage des Commendes en Orient. Voyez le mot Caristicaire.

Commende, en France, est un vrai titre de Bénéfice, que le Pape donne à un Ecclésiastique nommé par le Roi pour un Bénéfice régulier, avec permission de disposer des fruits pendant sa vie. On ne peut donner en commende un Bénéfice à charge d’ames ; c’est-à-dire, ni une Cure, ni un Evêché. Le Pape ne peut refuser un Bénéfice en commende après trois collations du même Bénéfice en commende.

La Commende, de la manière qu’elle est établie aujourd’hui, plutôt pour la commodité des personnes, que pour l’utilité de l’Eglise, est entièrement contre les anciens Canons. C’est pourquoi il n’y a que le Pape qui puisse conférer les Bénéfices en commende, parce qu’il n’y a que lui seul qui puisse dispenser les Canons, tant pour ce qui regarde l’inhabilité des personnes à qui l’on donne les commendes, que pour l’incompatibilité à l’égard des Bénéfices dont les Commendataires sont revêtus. Lorsque la commende vaque par la mort du Commendataire, elle n’est pas censée vaquer par sa mort, mais comme elle vaquoit avant la commende, laquelle n’apporte aucun changement aux choses. Cependant le Pape donne encore le même Bénéfice en commende par un privilège qu’il continue toujours ; de sorte que le privilège, ou la dispense, a dérogé entièrement au droit commun. Cependant, quoique ceux qui possèdent des commendes, ne les ayent obtenues que par privilège, ou dispense, ils ne laissent pas d’en jouir, & d’avoir tous les titres, fruits & droits honorifiques, comme s’ils étoient véritablement titulaires.

Par les Bulles de la commende, les Commendataires sont subrogés aux droits des titulaires. L’on y emploie toujours des termes qui marquent que le pouvoir du Commendataire est le même que celui du Titulaire auquel il est substitué. Curam Monasterii ac regimen & administrationem tibi in spiritualibus & temporalibus planè committendo. Le Pape donne donc par ses Bulles aux Abbés Commendataires l’administration, tant pour le spirituel, que pour le temporel. C’est pourquoi on emploie dans les mêmes Bulles qu’il sera Prêtre, ou que s’il n’a pas