Aller au contenu

Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/764

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
756
COM

Ce mot vient du latin comprimere, presser fortement.

COMPRESSIBILITÉ, s. f. terme Didactique. Qualité d’un corps qui peut être comprimé. Compressibilitas. La compressibilité de l’air est la cause de son élasticité, de son ressort. On peut voir les effets de la compressibilité & de la dilatabilité de l’air dans un mémoire de M. de Réaumur sur les Thermomètres de l’année 1731.

COMPRESSIBLE. adj. Qui est capable de compression. Quod comprimi potest. L’air est compressible, l’eau ne l’est pas, ou l’est très-peu.

Ce mot vient du latin compressibilis, mot impropre.

☞ COMPRESSIF, IVE. adj. terme de Chirurgie, qui s’applique à ce qui sert à comprimer. On met un bandage compressif sur l’ouverture de la veine pour empêcher le sang de couler. On met un appareil compressif sur les plaies pour y tenir les médicamens appliqués.

☞ COMPRESSION. s. f. terme particulièrement d’usage en Physique où il signifie l’action de comprimer, de serrer un corps, de sorte que ses parties se rapprochent les unes des autres, & qu’il occupe moins d’espace ; ou l’effet qui est produit dans ce qui est comprimé. Compressio. L’eau purgée d’air est incapable de compression. La compression de l’air par son propre poids est surprenante. Le degré de compression où il peut être porté par le secours de l’art, est bien plus surprenant encore.

☞ Dans ce sens ce mot est synonyme à condensation. Les Encyclopédistes prétendent cependant que la compression est proprement l’action d’une force qui presse un corps, soit qu’elle le réduise en un moindre volume ou non ; & que la condensation est l’état d’un corps qui par l’action de quelque force est réduit à un moindre volume. Ainsi ces deux mots expriment, l’un la force, l’autre l’effet, qu’elle produit, ou tend à produire.

Compression du cerveau. Terme de Médecine, par lequel on désigne un accident qui survient dans les fractures du crâne & dans les coups qu’on reçoit à la tête, lorsque que quelques vaisseaux viennent à se rompre, & versent le fluide qu’ils contiennent. Ce fluide extravasé, comprime la substance du cerveau, & trouble ses fonctions. Accident souvent mortel, auquel on ne peut remédier que par les saignées du pié & par l’usage des délayans propres à résoudre l’humeur extravasée, quelquefois même par l’opération du trépan.

☞ COMPRIMER. v. a. Presser un corps avec force, de manière que ses parties se trouvant plus près les unes des autres, il occupe moins d’espace. Comprimere. L’air que l’on comprime dans les arquebuses à vent, fait presque autant d’effet que la poudre.

Comprimé, ée part. Compressus.

☞ COMPRIMÉ, terme de Botanique. Qui porte la même empreinte des deux côtés opposés. Voyez Feuille.

COMPRINS, INSE, Vieux mot, pour compris, comprise.

☞ COMPROMETTRE, v. n. qui se conjugue comme mettre. Faire un compromis, consentir réciproquement par acte de se rapporter au jugement d’un ou de plusieurs arbitres, sur un différend, un procès qu’on a ensemble, ou de payer une somme dont on convient. Compromittere, compromissum facere. Ces deux parties ont enfin compromis de tous leurs différends entre les mains de deux arbitres. Ils ont compromis sur tous les chefs de leur procès.

Compromettre est aussi actif, & signifie exposer quelqu’un à recevoir quelque chagrin, quelque dégoût, soit en se servant de son nom, sans son aveu, soit en l’embarrassant dans des affaires. Je ménagerai si bien les choses, que je ne vous compromettrai pas. Acad. Fr.

☞ On dit à peu près dans ce sens, compromettre son autorité, sa dignité, l’exposer à recevoir quelque déchet, quelque diminution. Voyez Compromis.

☞ Se compromettre, se mettre au hasard, s’exposer, exponere se, adire perculuum, venire in discrimen.

☞ Se compromettre, signifie aussi, avoir des querelles avec ses inférieurs. Venire in controversiam. Un honnête homme ne doit pas se compromettre avec des coquins, ni un maître avec ses domestiques.

Compromis, ise, part.

☞ COMPROMIS. s. m. Acte par écrit, signé des patries, par lequel elles conviennent d’une ou de plusieurs personnes pour décider leur différend ou leur procès, & promettent réciproquement de s’en tenir à leur décision, sous quelque peine pécuniaire, contre le contrevenant, laquelle doit être spécifiée dans l’acte. Compromissum. Ceux qui sont choisis par les parties en conséquence d’un compromis, sont appelés arbitres, bien différens des arbitrateurs ou aimables Compositeurs. Voyez ces mots. Leur décision, Sentence arbitrale. On peut appeler d’une Sentence arbitrale ; mais l’appel interjetté emporte le payement de la peine, sans retour, en faveur de celui qui acquiesce à la Sentence. Mettre une affaire en compromis, dresser, faire, passer, signer un compromis. Les compromis doivent porter un certain temps, & une peine payable par celui qui ne voudra point acquiescer au jugement. Les compromis se doivent mettre entre les mains des arbitres. Un compromis est inutile, ou à raison des parties qui compromettent, ou à raison de ceux qu’on prend pour arbitres, ou à raison des causes pour lesquelles on fait un compromis. Un esclave ne peut faire de compromis, sans l’aveu de son maître, ni un pupille sans l’autorité de son tuteur, ni une femme pour les affaires d’autrui. On ne sauroit par un compromis prendre pour arbitre un esclave, un pupille, un sourd, un muet, ni celui qui est Juge naturel de l’affaire pour laquelle on fait un compromis, ni celui qui a intérêt dans l’affaire, ni un mineur de vingt ans, ni un laïque dans une cause purement Ecclésiastique, à moins qu’on ne l’ait choisi conjointement avec une personne Ecclésiastique, & que le compromis n’ait été passé par autorité du Supérieur Ecclésiastique. Les choses pour lesquelles on ne peut faire de compromis sont une restitution en entier, une cause de mariage, une affaire criminelle, une question d’Etat, & généralement toutes les choses où il s’agit plutôt de l’intérêt du Public, que des Particuliers. Inst. du Droit.

On dit aussi au figuré, qu’il ne faut point mettre son honneur en compromis ; pour dire, au hasard. Honorem, famam, auctoritatem in periculum adducere. Mettre quelqu’un en compromis avec un autre, le compromettre. On ne doit point se mettre en compromis avec ses inférieurs ; pour dire, avoir des querelles avec eux. Contendere, rixari ; venire in controversiam cum aliquo. Mettre en compromis, signifie aussi, mettre en balance, contester. De se aliqua cum aliquo contendere. Il mit toutes ses affaires en compromis. Vaug. Alexandre ne pouvoir souffrir qu’il y eût une nation qui lui mît en compromis le titre d’invincible. Id. Est-ce ainsi qu’on met en compromis devant la raison humaine, les merveilles & la puissance de Dieu ? Péliss.

On dit aussi compromis en matière bénéficiale, & c’est un acte par lequel ceux qui ont droit d’élection transmettent à une ou à plusieurs personnes d’entr’eux le droit d’élire un sujet capable de remplir un bénéfice, ou une dignité. Ainsi, on dit que des élections de Prélats sont faites par compromis, lorsque des électeurs ne pouvant s’accorder, donnent le pouvoir à quelques-uns d’entr’eux de faire l’élection, en les obligeant par ferment de choisir le plus digne. Rem alicujus arbitrio, judicio permittere.

Ce mot, compromis, vient du latin promittere, promettre, & de la préposition cum, avec ; chacun de ceux qui font un compromis promettant les mêmes choses, s’engageant aux mêmes choses. C’est une promesse commune, mutuelle de plusieurs person-