Aller au contenu

Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/766

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
758
COM

jour de sa dissolution, pour les biens de la dite Communauté être partagés entre l’un des conjoints & les héritiers du prédécédé.

Compte de Tutelle, est celui qui se rend par le tuteur de l’administration des biens de son mineur, dont il a été chargé par l’acte de tutelle. Un tuteur ne peut traiter avec son mineur, qu’il n’ait rendu son compte de tutelle.

Les débats, les soûtenemens des comptes, sont les écritures qu’on fournit respectivement pour défendre ou combattre les articles des comptes. Scripta utrinque ad tuendas debiti & expensi rationes. Affirmer un compte, c’est jurer qu’il est véritable, quand on le présente. Rationes tueri, defendere. Examiner un compte, c’est y mettre des apostilles pour allouer ou débattre les articles. Rationes excutere, expendere. Clorre un compte, c’est arrêter le reliquat à la fin d’un compte. Consolidare. Ordre de compte, c’est diviser un compte en chapitres de recette, de dépense & de reprise. Accepti vel expensi rationes inire, rationes subducere. Apurer un compte, c’est en faire juger tous les débats, en faire lever les souffrances. Conficere, consolidare. Débet de compte, c’est la somme dont la recette excède la dépense par le finito d’un compte. Supputatis utrinque rationibus excedens summam.

Compte par bref état, est celui qui se rend par simple mémoire, sans être divisé en chapitres de recette, de dépense & de reprise.

Compte de Clerc à Maître, est celui où le comptable porte en recette & en dépense tous les profits, toutes les pertes, tous les frais qu’il a pû faire dans sa commission.

Compte en Banque. C’est le fonds que des négocians ou des particuliers déposent dans la caisse commune d’une banque.

Compte en participation. Espèce de compte qui se fait entre deux Marchands ou Banquiers, pour raison d’une société anonyme, qu’on appelle société participe, ou société par participation. Voyez ces mots.

Compte. (Bordereau de) Extrait d’un compte, qui comprend tous les articles tirés hors de ligne, tant de la recette que de la dépense.

Compte. (Ouvrir un) Placer un compte pour la première fois dans le grand livre, en désignant la personne avec laquelle on entre en compte.

Compte. (Passer en) Tenir compte à quelqu’un d’une somme qu’on lui doit.

Compte. (Papier de) Sorte de grand papier fin, connu sous ce nom dans les Papeteries, sur lequel on écrit communément les comptes.

Compte, (Ligne de) est la somme qu’on tire en une marge blanche qu’on laisse exprès au côté d’un compte. Subducta ex rationibus expensis summa. Elle contient en chiffre Romain la partie couchée au long dans l’article qui y répond. Dans le calcul, on ne regarde que ce qui est tiré en ligne de compte. Les Trésoriers de France ne sont Juges que de la ligne de compte. Ils n’ont point de Juridiction contentieuse.

On dit figurément en ce sens, mettre en ligne de compte, mettre sur son compte ; pour dire, faire valoir les bons offices que nous rendons, ou qu’on nous a rendus. Beneficiorum in numero aliquid ponere. Il faudra, s’il vous plaît, que vous mettiez en ligne de compte tout ce que j’ai fait pour vous.

☞ Prendre une chose sur son compte. Dans le sens propre, c’est se charger de l’exécuter. Aliquid inse recipere. Je prends cela sur mon compte, ne vous inquiétez de rien.

Compte ne se dit pas seulement des affaires d’intérêt, mais en toutes les autres choses dont on est tenu de rendre raison, ou à soi-même, ou à ses supérieurs. Alors il est pris figurément. Ratio. Je ne prends point ce que vous avez dit sur mon compte, c’est-à-dire, je ne m’en fais point d’application. Dieu nous demandera compte des talens que nous n’avons pas fait profiter. Il est nécessaire de rentrer quelquefois en soi, & de se rendre un compte exact de ses paroles, de ses sentimens, & du progrès qu’on a fait dans la sagesse. S. Evr. Avertis par l’Evangile de tenir nos comptes prêts, combien peu d’attention avons-nous à les régler ? P. Gail. La dévotion qui se déploie en démonstrations & en actes, dont l’amour propre se flatte que Dieu lui tiendra compte, est une fausse vertu. Fléch.

Maître de mon destin, libre dans mes soupirs,
Je ne rendrois qu’à moi compte de mes désirs. Racine.

Qu’heureux est le mortel, ......
Qui de sa liberté forme tout son plaisir,
Et ne rend qu’à lui seul compte de son loisir. Boil.

On dit encore au figuré, mettre quelque chose sur le compte de quelqu’un ; pour dire, lui imputer. Imputare. C’est injustement pour l’ordinaire qu’on met les fautes de la jeunesse sur le compte de ceux qui les instruisent : on pourroit souvent, avec bien plus de raison, les mettre sur le compte des parens, qui, faute d’application, ou par trop d’indulgence, sont cause de leur dérèglement.

☞ Avoir à bon compte, faire bon compte, avoir à bon marché, faire bon marché ; vous aurez cela à bon compte. Ce marchand vous fera bon compte : on dit dans le même sens vivre à bon compte. Modico pretio.

☞ On dit figurément faire son compte, trouver son compte, trouver du profit, de l’avantage. Utilitas, commodum. Il a bien fait son compte dans cette ferme, dans cette affaire. Il y a des amis agréables qui amusent, mais ils n’ont que l’écorce ; pour peu qu’on approfondisse, on n’y trouve pas son compte. M. Sc.

☞ On dit encore figurément, avoir son compte, avoir ce qu’on désire, ou ne manquer de rien. Il est bien aisé de philosopher quand on a son compte.

Gardez-vous de rien dédaigner,
Sur-tout quand vous avez à peu près votre compte. La Font.

Rendre compte signifie encore dans le figuré, rapporter ce qu’on a fait dans une affaire, & en rendre raison. Rationem subjicere. On rend compte de sa conduite à ses supérieurs. Rendez-nous compte de cette affaire.

Quelquefois c’est faite un simple récit. Narrare. Rendez-nous compte de ce que vous avez vû, de ce qui vous est arrivé.

☞ On dit aussi qu’un homme fait bien son compte, entend bien son compte ; pour dire, qu’il entend bien ses intérêts.

☞ Faire compte, tenir compte d’une personne ou d’une chose, en faire cas, l’avoir en quelque considération. On fait grand compte d’un tel, on n’en tient aucun compte.

☞ On dit encore qu’une femme ne tient pas compte d’elle ; pour dire, qu’elle a peu de soin de se parer, de s’ajuster. La plupart de ces expressions figurées ne sont que du style familier.

Compte se dit aussi de plusieurs petites choses qu’on prend à la main, ou qu’on jette ensemble pour compter avec plus de promptitude. Numerus. Les prunes, les mûres se comptent deux à deux, trois à trois ; les espèces d’or & d’argent deux à deux, trois à trois, quatre à quatre ; & chaque prise ou jet s’appelle un compte.

☞ On appelle bois de compte, celui qu’on vend à tant de bûches par corde. Voyez Bois.

Dans le commerce de la morue, on appelle grand compte ou compte marchand, un certain nombre de poignées de morues ; à Orléans le grand compte est de soixante-six poignées ou 132 poissons, le petit compte est le plus petit nombre de morues qu’on donne au cent ; à Paris le cent de morues, petit compte est de 54 poignées, ou 108 morues.

Compte en termes d’Horlogerie. On appelle Roue de compte, certaine roue qui n’est point dans la cage de l’horloge. Elle est attachée en dehors, & contre l’usage des autres roues ; ses dents ne sont pas à l’extrémité extérieure, mais en dedans : elles sont au nombre de 78, parce qu’une horloge en douze heures frappe 78 coups.