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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/786

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CON

porte à un bien permis, elle n’est point mauvaise ; si elle nous porte vers un objet ou un bien sensible défendu, ou l’on consent à ses mouvemens ou l’on n’y consent point. Si l’on y consent, le consentement est un péché & la rend mauvaise. Si l’on n’y consent point, ses mouvemens qui s’appellent premiers mouvemens, ne sont point des péchés, ou ce sont des péchés seulement matériels, & la résistance qu’on y apporte, le refus de consentement est méritoire. Quand Dieu nous défend la concupiscence, il ne nous défend pas de sentir ses mouvemens, mais d’y consentir. Quoique la concupiscence, dans l’état présent, soit une suite du péché, elle est néanmoins naturelle à l’homme, & un apanage de sa nature. Elle lui est donnée, comme on l’a déja dit, pour sa conservation.

CONCUPISCIBLE. adj. terme de Philosophe, qu’on joint, & qu’on oppose à irascible. Il se joint toujours au mot appétit concupiscible, qui nous porte vers un bien sensible, vers un objet qui nous plaît. Appetitus qui concupiscit, concupiscibilis. L’appétit concupiscible nous porte à souhaiter, à nous procurer le bien ; l’irascible à fuir le mal, à nous en défendre.

CONCURÉ. s. m. Prêtre chargé avec d’autres du soin de la conduite des ames d’une paroisse, avec un pouvoir égal, & non pas simplement comme Vicaire. Le Pape Clément VII érigea à Trévoux un Chapitre en 1523. Il est composé d’un Doyen qui est Conseiller-né du Parlement, d’un Sacristain, & de dix Chanoines, tous Concurés de la ville. M. Piganiol de la Forge, Nouv. Desc. de la France, édition de 1722, t. 3, p. 131.

CONCURREMMENT. adv. Par concurrence, d’une manière contraire & opposée au dessein l’un de l’autre. Certatim. Ces deux bourgeois briguent concurremment l’Echevinage.

Concurremment, en termes de Palais, signifie au contraire, conjointement & également, ensemble, faisant de chaque côté la même chose. Pariter, simul & eodem modo. Ces deux créanciers, qui ont même hypothèque & même privilège, recevront concurremment les deniers à proportion de leur somme. Les cohéritiers doivent contribuer également & concurremment au payement des dettes de la succession, eu égard à la portion qu’ils y prétendent.

Quelques recherches qu’ils aient faites concurremment, il ne leur a été possible de rassembler que trois exemples qu’ils puissent hazarder. Normant.

CONCURRENCE. s. f. Prétention réciproque de deux ou de plusieurs personnes à une même charge, dignité ou autre avantage. Æmulatio ; certamen competitorum, rivalium. La concurrence est souvent cause de l’exclusion de l’un & de l’autre des prétendans. Entrer en concurrence, être en concurrence.

Ne sont-ce pas ces fatales concurrences, qui entretiennent entre les familles des défiances, des haines, des animosités éternelles ? Concurrences non-seulement entre maisons & maisons, mais entre particuliers & particuliers, non-seulement entre les grands, mais entre les petits ; non-seulement entre les séculiers, mais encore entre les réguliers. Bourd. Exhort. II, p. 372.

Concurrence se dit aussi pour signifier l’action de deux ou de plusieurs personnes qui concourent, & s’unissent ensemble pour produire un même effet. Concursus. Le Poëte doit prudemment ménager le merveilleux, afin que la concurrence d’un Dieu n’affoiblisse pas celle du Héros. P. le Boss.

Concurrence, en termes de Jurisprudence, est une égalité de droit, d’hypothèque, de privilège que diverses personnes peuvent exercer sur la même chose. Juris æqualitas. Dans les distributions des deniers on ordonne que ceux qui ont même droit seront payés par concurrence au marc la livre.

Concurrence signifie aussi certain payement jusqu’auquel on doit parvenir pour être quitte d’une dette contractée. Certa quædam ac determinata summa ultra, nam non erogetur supra. Les deniers provenans de la vente de ces meubles seront payés au propriétaire jusqu’à la concurrence des loyers qui lui sont dus, c’est-à-dire jusqu’à ce que cette somme soit remplie.

Concurrence d’Offices, en termes de Bréviaire, se dit lors qu’aux secondes Vêpres d’une fête double il se trouve un autre Office de fête de même ordre qui doit se célébrer le jour suivant. Concursus, concurrentia. Il y a diverses rubriques à observer pour bien ordonner son Office ; soit pour les translations, soit pour les commémorations, soit pour les concurrences des fêtes. Pour l’ordinaire quand deux fêtes sont également solennelles, on dit les Vêpres de la première jusqu’au chapitre, & de la seconde depuis le chapitre jusqu’à la fin, avec commémoration de la première : quand il y en a une plus solennelle que l’autre, on dit les Vêpres toutes entières de la plus solennelle, avec ou sans commémoration de la moins solennelle, suivant le degré de solennité de ces fêtes comparées entr’elles. Voyez les Rubriques du Breviaire, Gavantus, &c.

CONCURRENT, ENTE. f. Qui a la même prétention qu’un autre à une même charge, dignité, avantage. Competitor, rivalis. Il ptétend épouser cette riche héritière, mais il aura bien des concurrens. La puissance souveraine ne veut point de concurrent, ni de compagnon. Octavien fut heureux de se délivrer d’un concurrent aussi redoutable que Marc-Antoine. Là se voient les ruines de Carthage, cette fière concurrente de Rome. Port.-R. La plûpart se consoleroient de leur disgrace, si leurs concurrens n’étoient pas plus heureux qu’eux. Bouh.

Concurrent se dit proprement d’un homme qui court avec un autre dans la lice, dans un carrousel, dans un tournois. Il remportoit presque tous les prix des carrousels, où il avoit d’ordinaire l’honneur d’avoir son Prince pour concurrent. P. Veri.

☞ CONCUSSION. s. f. Abus que fait de son pouvoir un homme constitué en charge, en dignité ou en commission, pour exiger au-delà de ce qui lui est dû ; pour extorquer de ceux sur qui sa charge ou son emploi lui donnent quelque autorité, de l’argent ou autre chose au-delà de ce qui lui est dû. Repetundarum crimen. Accuser quelqu’un de concussion. Repetundarum accusare, repetundis postulare. L’accusation pour crime de concussion peut être intentée non-seulement par la partie civile, mais encore par les Gens du Roi, parce que c’est un crime public en France. La concussion est défendue par l’Ordonnance de Moulins, par celles de Blois & d’Orléans, & par divers Règlemens particuliers qui concernent différentes charges, commissions ou offices.

☞ La concussion étoit autrefois punie du dernier supplice : aujourd’hui cette peine est arbitraire. Quand l’affaire se poursuit civilement, la peine est la restitution du quadruple de ce qui a été extorqué par menaces & par autorité. Lorsque la poursuite de ce crime se fait par la voix de la plainte & de l’information, la peine est plus grande, suivant les circonstances.

☞ CONCUSSIONNAIRE. s. m. Officier, Receveur public, en général celui qui fait des concussions, qui exige au-delà de ce qui lui est dû. Repetundarum reus. C’est un concussionnaire, concussionaire public.

CONDAMNABLE. adj. m. & f. Qui mérite d’être condamné. Damnandus, condemnandus. Cette proposition est hérétique, & condamnable.

O d’un si grand service oubli trop condamnable,
Des embarras du trône effet inévitable. Racine.

CONDAMNATION. s. f. Jugement qui condamne.