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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/788

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CON

CONDEMNADE. s. f. C’étoit une sorte de jeu de cartes à trois personnes. Notes sur C. Marot.

☞ CONDENSATEUR. s. m. terme de Physique. C’est ainsi que quelques Physiciens appellent une machine qui sert à condenser l’air dans un espace donné, par exemple, dans une arquebuse à vent.

☞ CONDENSATION. s. f. terme de Physique opposé à raréfaction. Action par laquelle un corps est rendu plus dense, plus compact, plus serré : par laquelle un corps, sans rien perdre de sa masse, est réduit à un plus petit volume, occupe un moindre espace. Densatio, condensatio. La condensation de l’air dans une arquebuse à vent.

☞ Ce mot peut être regardé comme synonyme à compression. Il y a pourtant quelques Physiciens qui restreignent l’usage de ce mot à la seule action, & appellent compression tout ce qui se fait par l’application d’une force extérieure. Dans l’usage ordinaire on confond ces deux mots.

CONDENSER, v. a. Rendre plus dur, plus pesant, plus compact ; faire qu’un corps occupe moins de place. Il est aussi réciproque. Condensare. Le froid condense l’air, il se condense avec le piston dans un corps de pompe. L’eau se congèle, mais ne se condense jamais quand elle est entièrement purgée d’air. On a expérimenté à l’Observatoire, pendant le grand hiver de l’année 1670, que les corps les plus durs, comme les métaux, le verre & le marbre, étoient sensiblement condensés par le froid, & qu’ils étoient devenus plus durs & plus cassans qu’auparavant, & qu’après le dégel ils reprirent leur premier état.

Condensé, ée, part.

CONDESCENDANCE. s. f. Déférence aux sentimens & aux volontés d’autrui. Indulgentia, obsequium. Le meilleur moyen de gagner les esprits, c’est d’avoir beaucoup de condescendance pour eux. Si nous souffrons quelque relâche, c’est plutôt par condescendance, que par dessein. Pasc.

☞ Il semble qu’il entre dans l’idée de ce mot un peu de complaisance qui fait qu’on se rend trop facilement aux volontés des autres.

CONDESCENDANT, ANTE. adj. Qui a de la condescendance, qui défère aux sentimens, aux volontés d’autrui. Commodus, aliorum voluntati obsequens. Esprit condescendant.

CONDESCENDRE, v. n. Déférer, se rendre aux sentimens d’autrui, acquiescer à ses volontés. Alicui, alicujus voluntati obsequi, alicui indulgere, morem gerere, morigerari. Il condescend à tout ce qu’on veut de lui. Il faut condescendre aux volontés de ses supérieurs. Arn.

☞ On dit aussi condescendre aux foiblesses de quelqu’un ; pour dire, accorder quelque chose à ses foiblesses. Indulgere.

Condescendre, terme de Pratique. Se décharger sur un autre d’une tutelle à laquelle on est nommé par les parens du mineur. Tutelam in alium rejicere. On peut condescendre sur le parent le plus proche ou le plus intéressé à la succession du mineur.

Ce mot est formé de la préposition com ou con, qui signifie avec & du verbe descendre, & il signifie descendre avec un autre, descendre à lui, s’abaisser jusqu’à lui, pour s’accommoder à lui. Nous avons formé ces mots à l’exemple des Grecs, qui pour exprimer la même chose avoient fait συγκαταβαίνω & συγκαταϐάτις, condescendre & condescendance.

CONDESCENTE. s. f. terme de Pratique. Action par laquelle celui qui est nommé tuteur se décharge sur un parent plus proche, ou plus habile, pour gérer la tutelle en sa place, à tutelâ liberatio.

CONDIGNE. adj. m. & f. terme de Théologie, qui se dit en ces phrases. Satisfaction condigne, mérite condigne, c’est-à-dire, satisfaction parfaitement égale à la faute pour laquelle on satisfait ; mérite parfaitement égal à la récompense méritée. Condignus, a, um. Nulle pure créature ne peut offrir à Dieu une satisfaction condigne pour le péché ; parce que la satisfaction condigne est une satisfaction, qui, par sa bonté morale, égale la malice du péché mortel. Il s’ensuit de-là qu’il n’a pû y avoir de satisfaction condigne pour le péché mortel ; car, que ce soit une créature qui satisfasse, la satisfaction n’égalera point la malice du péché ; que ce soit un homme-Dieu, sa satisfaction sera non-seulement condigne, mais surabondante. Le mérite condigne, pris in concreto, comme on parle dans l’école, est une action bonne, faite pour le service d’un autre, & qui a une telle égalité avec la récompense, que cette récompense lui soit due en quelque sorte par justice, au moins après la promesse de celui qui propose la récompense. Le mérite condigne, pris in abstracto, est la valeur & l’égalité de cette action avec la récompense.

CONDIGNEMENT. adv. D’une manière condigne, avec condignité. Condignè.

CONDIGNITÉ, s. f. terme Dogmatique. Qualité de ce qui est condigne. Condignum, condignitas. En Théologie le mérite de condignité, meritum de condigno, c’est celui d’une action à laquelle la récompense est dûe à titre de Justice, & il est opposé au mérite de congruité. Les Théologiens enseignent que pour mériter par rapport à la vie éternelle d’un mérite de condignité, il faut 1o. que l’action soit exempte non-seulement de contrainte, mais encore de toute sorte de nécessité antécédente, c’est-à-dire, qu’il faut qu’elle soit libre. 2o. Il faut être en état de grace. 3o. Il faut que la promesse de Dieu y soit engagée, c’est-à-dire, qu’il faut que Dieu par un effet de sa bonté ait promis de donner sa gloire pour une action. Un acte de charité surnaturelle mérite le Ciel d’un mérite de condignité. Condignité de satisfaction, condignité de mérite. La condignité de mérite demande différentes conditions, les unes prises du côté de celui qui agit ou qui mérite, les autres prises du côté de son action, & les autres de la part de celui qui récompense le mérite. Car, il faut 1o. que celui qui mérite soit dans la voie. Ecclesiastique XIV, 17. Joan. IX, 4. Galat. VI, 10. 2o. Il doit être en grace, Jean. XV, 4. Concile de Trente, sess. VI, chap. 16, & can. 32.

CONDISCIPLE. s. m. Compagnon d’étude. Ecolier de la même classe, & qui prend les leçons du même maître qu’un autre. Condiscipulus.

CONDISI. s. m. Nom que les Arabes donnent à l’herbe aux Foulons. Voyez Herbe à foulon.

CONDIT. s. m. terme de Pharmacie, qui se dit de toutes sortes de confitures, tant au miel qu’au sucre. Condimentum, conditus. Il y a un condit stomacal, purgatif & corroboratif, qui diffère des opiates, en ce qu’il y a plus de sucre, moins de poudre, & plus de conserve & de syrop.

Ce mot vient du latin condire, assaisonner.

☞ CONDITEUR. s. m. terme de Mythologie, par lequel on désignoit un Dieu champêtre, qui veilloit après les moissons, à la récolte des grains. Conditor.

☞ CONDITION. s. f. Nature, qualité d’une personne ou d’une chose, qui la rend bonne ou mauvaise, parfaite ou imparfaite. Natura, conditio. La condition des choses d’ici-bas, est d’être sujettes à des révolutions continuelles. Cette marchandise n’a pas les conditions qu’elle devroit avoir, elle n’a pas les conditions requises.

Condition signifie aussi le rang d’un homme, considéré par rapport à sa naissance. Conditio, status, vitæ ratio. Alors ce mot peut être regardé comme synonyme d’état : mais la condition, dit M. l’Abbé Girard, a plus de rapport au rang qu’on tient dans les divers ordres qui forment l’économie de la République. L’état en a davantage à l’occupation ou au genre de vie dont on fait profession. Les richesses nous font aisément oublier le degré de notre condition, & nous détournent quelquefois des devoirs de notre état. Il est difficile de décider sur la différence des conditions, & d’accorder là-dessus les prétentions des divers états : il y a beaucoup de gens qui n’en jugent que par le brillant de la dépense.

☞ Nous n’avons qu’à jeter les yeux sur la carte du