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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/840

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CON

mains du Buvetier, pour faire juger un procès de grands Commissaires. Chaque consignation est de quatorze écus & demi pour chaque heure de vacation. On appelle demi-consignation, celle qui se fait pour juger au Conseil une affaire par forclusion. On fait aussi des consignations entre les mains d’un ami pour une gageure, pour une partie, &c. Le Greffe des consignations est un gouffre, ou une mer qui reçoit les eaux de tous les fleuves, & qui ne les rend pas. La Bruy.

☞ Ce mot vient de consignare qui signifie cacheter, à cause qu’anciennement on ne donnoit pas par compte l’argent qu’on déposoit, mais dans des sacs où l’on apposoit son cachet : quoique nous n’ayons pas reçu cet usage, nous avons toujours donné le nom de consignation à tout dépôt judiciaire.

Consignations (Les) se faisoient autrefois au Greffe. Elles se font aujourd’hui entre le mains du Receveur des consignations à qui de certains Droits ont été attribues par différentes Déclarations : de sorte qu’aucune consignation ne peut être faite par ordonnance du Juge, en d’autres mains qu’en celles du Receveur des consignations.

☞ On appelle les consignations le Bureau établi pour recevoir les dépôts qui s’y font par autorité de Justice. Porter son argent aux consignations.

Consignation, terme de coutume. C’est le remplacement de la dot de la femme fait & stipulé par le contrat de mariage sur tous les biens du mari. Oppignerata pro uxoris dote mariti bona. Par l’art. 365 de la Coutume de Normandie, la dot de la femme, lorsqu’il n’y a point de consignation, se reprend sur les meubles, & au défaut des meubles sur les conquêts.

CONSIGNE. adj. m. & f. terme d’Algèbre. Qui a les mêmes signes. Ce mot a été inventé par M. de la Loubère dans son Traité de la Résolution des équations, pour signifier des termes d’équations qui ont les mêmes signes, c’est-à-dire, qui ont tous deux +, ou tous deux −, ou tous deux + & − ; ou − & +. En un mot, qui ont les mêmes signes & dans la même disposition. Son contraire est dissigne, qui se dit des termes des équations qui ont des signes différens. Simili signo, ou signis similibus affectus, est consigne au reste ajoûté, qui est . La Loubere. Le deuxième période est consigne au premier. Id. En ce cas-là le deuxième période qui commencera par le reste sera consigne au premier. Id. M. de la Loubere fait toujours gouverner à ces adjectifs le nom suivant avec la particule au, c’est-à-dire, comme l’on parle communément, qu’il leur fait régir le datif ; on pouroit au lieu d’au mettre de, & leur faire régir le génitif, & dire l’un est consigne ou dissigne de l’autre. ☞ On ne se sert point des termes consigne & dissigne.

Consigne. s. f. terme de guerre. Avis, instruction que l’on donne à un soldat, à une sentinelle, de tout ce qu’il doit faire & observer dans le poste où on le place. Admonitio, instructio, documentum vigiliæ datum. Le Caporal est chargé de distribuer avec exactitude la consigne aux sentinelles qu’il pose en faction. Bomb. Une sentinelle doit sur toutes choses écouter attentivement la consigne qui lui est donnée, afin de s’en souvenir & de l’exécuter précisément. Id. Il faut que la sentinelle qui va être relevée dise mot à mot à celle qui la relève, tout ce qu’il y a à expliquer sur la consigne, tant de jour que de nuit. Id. Le Caporal de consigne. Voyez Caporal.

Consigne est encore dans les places de guerre un particulier ou commis posté près de la barrière de chaque porte, pour examiner tout ce qui entre, & sonder toutes les voitures, écrire le nom des Etrangers, & où ils vont loger, afin d’en rendre compte tous les soirs au Commandant de la place. Bomb. Lorsqu’il n’y a point de consigne à la porte, c’est aux Caporaux à visiter les voitures qui se présentent pour entrer, & à sonder les chariots chargés de fourage, &c. Idem.

CONSIGNER, v. a. déposer une somme, la mettre en dépôt entre les mains de la Justice ou de quelque particulier, en attendant qu’on la délivre en temps & lieu, à qui il appartiendra. Deponere. On consigne l’argent contesté entre les mains des Notaires, Greffiers, ou du Receveur général commis à cet effet. Quand on a fait des offres raisonnables qui ont été refusées, on demande permission de consigner son argent.

Consigner se dit aussi des papiers, des cédules qu’on dépose entre les mains d’un ami, pour les garder jusqu’à un certain temps convenu ; ou d’un Greffier, quand il est ainsi ordonné par le Juge.

On dit consigner en papier ; pour dire, donner un billet, portant obligation de la somme qu’on doit consigner. Acad. Fr.

Consigner, terme de commerce, signifie remettre & adresser. J’ai ordonné de consigner ce ballot à votre Commissionnaire ; c’est-à-dire, de le lui remettre.

Il signifie encore enregistrer des marchandises sur les livres des Messagers, & autres Voituriers publics.

Consigner se dit aussi en parlant des sommes qui ne sont pas encore dûes. On consigne les vacations des Commissaires qui doivent juger un procès, les salaires des arbitres. On a consigné l’argent, les frais d’une partie de divertissement, pour la rendre sûre, afin qu’on ne manque pas de s’y trouver.

Consigner sa dot, en terme de Coutumes, c’est la remplacer sur tous les biens du mari. Oppignerare pro uxoris dote mariti bona. Par la Coutume de Normandie, les intérêts de la dot, lorsqu’elle est consignée, courent du jour de la mort du mari.

Consigner, terme de guerre, c’est avertir une sentinelle, instruire un soldat posé dans un poste, lui ordonner ce qu’il doit faire sur telle ou telle chose, en tel ou tel cas, le charger de quelque chose. Admonere, docere, præcipere. Aux portes des Commandans il est consigné de laisser passer ; aux portes des magasins, & sur le rempart il doit être consigné de ne laisser passer personne après la retraite battue, à l’exception des rondes & des patrouilles. Bomb. Dès que le détachement posera les armes, à l’instant le Caporal mettra une sentinelle pour garder l’entrée du poste, & lui consignera les armes. Id.

☞ On dit figurément consigner quelqu’un à une porte, ordonner qu’on ne le laisse point entrer, & quelquefois donner ordre qu’on le laisse entrer.

Consigner à la postérité, consigner dans ses écrits un événement pour en conserver la mémoire ; phrases barbares, purement latines. Consignata publicis litteris memoria, événement dont on a fait mention dans les registres publics. Consignatæ in animis notiones : notions gravées, empreintes dans les esprits. Litteris consignatum, mis par écrit.

Consigné, ée. part.

☞ CONSISTANCE. s. f. mieux que consistence, état de perfection dans les choses qui sont susceptibles d’accroissement & de diminution : temps pendant lequel elles sont dans leur plus grande vigueur, sans augmentation ni dépérissement. Vigor, robur. Les animaux, les arbres, &c. ont leur état d’accroissement, de consistance, & de dépérissement. Un arbre qui a pris tout l’accroissement dont il étoit susceptible, est dans son état, dans son âge de consistance ; après ce temps il est sur le retour, il commence dépérir, à décliner. Voyez Accroissement & les articles relatifs.

Consistance, terme de Physique, état du corps dans lequel les parties qui le composent sont tellement liées entr’elles, qu’elles résistent plus ou moins à leur séparation. Firmitas, firmitudo. La consistance exprime de la difficulté à séparer les parties continues : la con-