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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/843

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CON

en forme de console renversée qui se met au commencement & au bas d’un escalier devant le premier polets, pour appuyer & affermir la balustrade ; ou contre des piliers de portes ou de clairevoie de fer pour affermir.

Consoles, terme de Charron. Ce sont deux morceaux de bois quarrés qui sont enchassés dans des mortoises faites au lisoir de devant, & qui servent à supporter la coquille. Encycl.

Console, terme de Botanique. On se sert de ce terme en Botanique pour exprimer les bases des feuilles de certaines plantes qui sont taillées en console. Dict. de James.

CONSOLEMENT. s. m. vieux mot. Consolation.

CONSOLER, v. a. adoucir le chagrin, la tristesse ; soulager l’affliction de quelqu’un, soit par le discours, soit par quelque autre moyen. Consolari, alicujus dolorem consolando levare. Le temps console de toutes douleurs. La Philosophie console ceux qui sont capables de réflexions. Nous nous consolons quelquefois par foiblesse des maux dont la raison n’a pas la force de nous consoler. Rochef. C’est un artifice pour consoler un affligé, que de comparer sa misère à une plus grande. Le tempérament aide bien à la raison à se consoler. B. Rab. On se peut consoler de tout quand on est médiocrement sage, ou médiocrement fou. Ch. de Mer.

Isis me consoloit de tout,
Et rien ne me console d’elle. La Sabl.

Sur les ailes du temps, la tristesse s’envole ;
On fait beaucoup de bruit, & puis on se console. La Font.

On dit, consoler les affligés est une des sept œuvres de miséricorde. On dit encore, quand on nous menace de la perte d’une chose dont nous ne nous soucions pas beaucoup : il s’en faudra consoler ; j’en serai bientôt console.

☞ Corneille, dans les Horaces a dit, consoler contre les infortunes, cela n’est pas François ; on console du malheur ; on s’arme contre le malheur. Vot.

CONSOLÉ, ÉE. part. pass. & adj. Consolatione recreatus.

Combien de fois, de douleurs accablé,
Par tes soins généreux me vis-je consolé ? Vill.

CONSOLEUR. s. m. vieux mot, ou mot fait par Marot pour avoir une sillable de moins & faire son vers. Consolateur. Consolator.

Qui te fut consoleur,
Pour supporter maintenant ta douleur ? Mar.

☞ CONSOLIDANT. adj. & s. m. terme de Chirurgie par lequel on désigne des médicamens qui, purifiant avec une chaleur & une force modérée, attirent ou chassent la corruption des plaies, affermit & cicatrise les parties divisées. Les baumes sont des consolidans, des médicamens consolidans.

CONSOLIDATION. s. f. terme de Chirurgie, qui se dit de l’action par laquelle la nature réunit les os fracturés, ou les lèvres d’une plaie. Conglutinatio, cicatrix. Cette plaie est dans une partie qui fera que sa consolidation sera longue.

Consolidation est aussi un terme de Jurisprudence, qui signifie la réunion de l’usufruit à la propriété que l’on avoit déjà d’un héritage ; ce qui arrive par la mort de l’usufruitier. Consolidatio. Forget employe le mot de consolidation pour signifier l’union des dixmes à un fief noble. L. II, p. 17

CONSOLIDE. s. f. Plante médecinale qu’on appelle à présent consoude. Voyez Consoude.

CONSOLIDER, v. a. retrait, rejoindre, rafermir. Consolidare. On ne le dit au propre qu’en Chirurgie. Les baumes consolident les plaies. On dit qu’une plaie se consolide, lorsque la chair vive commence à croître, & que la plaie se referme. Solidescere, solidari. La partie nerveuse du diaphragme étant blessée, ne se peut consolider, non plus que les intestins grêles, le cœur, le poumon, le foie, l’estomac, le cerveau, &c. On dit figurément consolider une union, consolider un traité. ☞ En Jurisprudence, on dit consolider l’usufruit à la propriété ; c’est-à-dire, réunir, ce qui arrive par la mort de l’usufruitier. Consolidare.

Consolidé, ée. part.

CONSOMMATEUR. s. m. terme théologique. Perfector. Il ne se dit qu’en certaines phrases consacrées. Jesus-Christ est l’auteur & le consommateur de notre foi. Fen. C’est-à-dire, il a achevé, il a accompli le mistère de notre foi, confirmé nos espérances. Cette expression est prise de l’Epitre aux Hébreux, XII. 2. où Saint Paul dit : jetant les yeux sur Jesus l’auteur & le Consommateur de la foi.

Consommateur se dit aussi dans l’ordre civil des citoyens qui consument le produit des terres. Plus il y a de consommateurs dans un Etat, plus cet état est puissant, mais par la même raison, beaucoup de consommation faite par un petit nombre de consommateurs, est une corrosion continuelle, & toujours croissante, du nerf de la population. L’Ami des hom.

CONSOMMATION. s. f. Ce terme a chez nous plusieurs acceptions. Quelquefois il est synonime à accomplissement, fin, consummatio, perfectio, absolutio. L’Incarnation a fait la consommation de toutes les prophéties. La consommation d’une affaire, d’un ouvrage. ☞ C’est dans ce sens qu’on dit qu’un collateur ne peut plus revenir après sa nomination, après la consommation de son droit.

☞ C’est aussi dans ce sens que l’on dit la consommation du mariage, l’union charnelle du mari & de la femme, après la bénédiction nuptiale, union qui fait que le mariage ne peut plus être dissous que par la mort d’un des deux conjoints.

Consommation se dit aussi de l’emploi, du fréquent usage des choses qui servent à l’entretien de la vie ou de la société, comme les vivres, les denrées, & qui se détruisent par l’usage. Consumptio. On devroit dite consomption ou consummation ; mais par abus on dit consommation en plusieurs phrases. Il se fait dans Paris une grande consommation de blés, de vins, de fourages, d’étofes. Il se fait une grande consommation de poudre dans une bataille. Les Fermiers des Aides ont intérêt qu’il se fasse une grande consommation de denrées. Ce malade ne pourra pas faire la Consommation de l’hostie.

☞ On dit aussi la consommation des siècles, & dans ce cas, le mot de consommation est synonime à fin ; la fin, la destruction du monde : ou bien il sera synonime à accomplissement, parce que si la consommation des siècles est la destruction de plusieurs choses, elle est aussi l’accomplissement & la perfection d’une infinité d’autres.

☞ C’est aussi dans ce sens qu’on dit en marine qu’un écrivain doit tenir régistre de la consommation ; c’est-à-dire, des cordages, voiles, poudre, balles, & en un mot de tout ce qui est employé au service du vaisseau.

Consommation, dans le terme de commerce, est synonime à débit, distribution des marchandises. Quand le commerce ne va pas, les marchands disent qu’il n’y a pas de consommation.

CONSOMMÉ. s. m. bouillon succulent qu’on tire d’une viande ☞ long temps bouillie, & qui a déposé la plus grande partie de ses sucs dans l’eau. Succus ex decoctis carnibus expressus. On lui a donné un consommé très-nourrissant.

CONSOMMER, v. a. user, dissiper des denrées, des provisions nécessaires à la vie. Consumere, absumere, effundere. Une grosse garnison consomme en peu temps bien des provisions : hors ces sortes d’exemples, où le mauvais usage a prévalu sur le bon, il faut se servir de consumer, quand on veut signifier détruire, anéantir, &c. & c’est aussi la décision de l’Académie.