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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/846

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CON

prononcent dans ich & dans euch, l’ain & le hheth des Hébreux, ou les conformes semblables des autres langues orientales ; que les Chinois n’aient point d’r ; que les Iroquois n’aient point de consonnes labiales, que les Hurons aient beaucoup d’aspirations ; que les Arabes & les Géorgiens aient beaucoup de consonnes doubles ; ce qui vient de ce qu’ils font concourir fortement plusieurs organes à la modification d’un son, au lieu que les François n’y emploient ordinairement d’une manière forte & bien sensible qu’un seul organe, & les autres que foiblement.

Il est encore visible que dans toutes les langues, les lettres gutturales ou les aspirations, sont de véritables consonnes, puisque le gosier modifie autant le son que le palais, la langue ou les lèvres.

Enfin, pour trouver toutes les consonnes qu’il peut y avoir dans toutes les langues qui ont été en usage, ou qui peuvent être formées, il n’y a qu’à observer toutes les modifications qui peuvent arriver au son de la parole, & l’on aura par ce moyen-là toutes les consonnes qu’on peut imaginer.

Les langues du Nord écorchent le gosier de ceux qui parlent, & les oreilles de ceux qui écoutent. Toutes leurs consonnes entassées les unes sur les autres, sont horribles à prononcer, & ont un son qui fait peur. Bouh. Il y en a qui attribuent cela au froid du climat, qui ne laisse pas un mouvement libre aux organes.

Consonnante est aussi un grand instrument de Musique nouvellement inventé par l’Abbé Du Mont, qui participe du clavecin & de la harpe. Son corps est comme un grand clavecin posé à plomb sur un piédestal, qui a des cordes des deux côtés de ses tables, lesquelles on touche à la manière de la harpe.

CONSORTS. s. m. pl. terme relatif, qui se dit au Palais, de ceux qui sont engagés dans la même affaire civile, qui y ont un intérêt commun. Consors, socius. Un Poursuivant criées poursuit tant pour lui que pour ses consorts, pour ceux qui sont créanciers comme lui, de la même personne. Cet héritier exerce les droits du défunt, tant pour lui que pour ses consorts & cohéritiers. On disoit autrefois d’une femme à l’égard de son mari, qu’elle étoit sa légitime épouse & consorte. Du Cange dérive ce mot de consortes, qui signifie des voisins, possesseurs d’héritages qui se touchent les uns les autres ; supposant que ces héritages avoient été autrefois distribués par le sort, & que ceux qui en avoient eu de contigus, avoient eu la même fortune.

Consort, nom d’une Société du Tiers Ordre de S. François, établie à Milan en Italie. Consortium, Congregatio Fratrum de Pænitentia. On confioit aux Frères & Sœurs du Consort le soin d’exécuter toutes les œuvres & les legs pieux que les Fidèles faisoient en faveur des pauvres & des affligés. Dans la suite, craignant qu’on ne les soupçonnât de se les attribuer, ils remirent ce soin entre les mains de quelques laïques de Milan. Mais l’expérience ayant appris que ces Freres & ces Sœurs du Confort s’en acquittoient avec plus de fidélité, les Milanois, l’an 1477, supplièrent Sixte IV d’ordonner à ces Tiercaires de reprendre la distribution de ces aumônes. Wading ne dit point ce qui fut réglé, ni ce que devint cette Société. Voyez cet Auteur à l’an 1477, nombre 46, & le P. Hélyot, T. 7, ch. 45.

CONSOUDE. s. f. On disoit autrefois Consyre. Consoude est un nom qui se tire de la propriété qu’on attribuoit à plusieurs espèces de ce genre pour consolider les plaies, tant internes qu’externes. On distinguoit autrefois ces plantes en grande, moyenne & petite Consoude, & Consoude Royale. La grande Consoude, symphytum ou Consolida major, croît dans des endroits humides. Ses racines sont grosses comme le doigt, cassantes, noirâtres en dehors, blanchâtres en dedans, visqueuses, & fades au goût. Elles poussent des tiges hautes de deux à trois piés, quelquefois plus velues, aîlées & garnies de feuilles alternes, longues, étroites, velues, & de la figure de celles d’Aunée, mais verdâtres des deux côtés, & beaucoup plus étroites. Celles qui sortent immédiatement de la racine sont à peu près de même : ses fleurs, qui viennent par bouquets aux extrémités des tiges & des branches, sont des tuyaux cylindriques, ouverts par leurs deux bouts, longues de plus de demi-pouce, légèrement échancrées à leur ouverture supérieure, & de couleur ou blanche, ou pâle, ou jaunâtre, ou purpurin clair ou purpurin plus foncé. Ces fleurs sont soûtenues par des calices verdâtres, à cinq pointes, & du milieu desquels s’élève un pistil qui enfile la fleur, & qui est garni à sa base de quatre embryons, qui deviennent autant de semences semblables à des têtes de vipère. On emploie en Médecine les racines de la grande Consoude pour les crachemens de sang, & pour les dyssenteries ; elles entrent dans les tisannes vulnéraires & adoucissantes. On appelle Consoude moyenne, la Bugle. Voyez Bugle. On donne le nom de petite Consoude à la pâquerette, à la brunelle. Voyez Paquerette. Et celui de Consoude royale, Consolida regalis, à cette espèce de pié d’alouette qui vient communément dans les champs, & qu’on nomme à présent Delphinium segetum. Voyez Pié d’Alouette.

Consoude Saraine, est une espèce de verge dorée, qui a ses tiges cannelées, hautes de deux ou trois coudées. Ses feuilles sont longues, semblables à celles du Saule, un peu dentelées & lisses. Ses fleurs sont radiées, de couleur jaune, disposées en épi le long des tiges. En latin virga aurea angustifolla serrata ou solidago Saracenica. On se sert en Médecine des feuilles, qui sont astringentes, amères, dessiccatives & vulnéraires. Elles sont bonnes pour mondifier, & pour guérir les ulcères malins.

☞ CONSPIRANT, ANTE, adj. terme de Mechanique. Les Puissances conspirantes ou concourantes sont celles dont les directions ne sont pas opposées, & qui concourent plus ou moins à produire le même effet. On ne devroit même appeler Puissances conspirantes, que celles qui agissent suivant la même direction.

CONSPIRATEUR. s. m. qui ne se prend guère qu’en mauvaise part, & se dit de celui qui forme une conspiration ou qui y a part, soit dans le dessein soit dans l’exécution. Voyez Conspiration. Conjuratus. Quelques Auteurs prétendent que conspirateur n’est pas encore bien établi, cependant l’Académie l’adopte, & Corneille a dit :

Non, jamais d’assassin ni de conspirateurs
N’attaquèrent le cours d’une si belle vie.

CONSPIRATION. s. f. Union de plusieurs personnes mal intentionnées contre l’État, contre les Princes, contre les personnes publiques. Conspiratio. Tramer, faire, former, conduire, découvrir une conspiration. Voyez au mot Conjuration, les différences relatives qui se trouvent entre les mots, Complot, Conspiration, Conjuration.

Conspiration se dit aussi, mais toujours en mauvaise part, de l’intelligence de plusieurs personnes réunies pour un même dessein sans aucun rapport à l’État ni au Gouvernement. On fait une conspiration contre un Auteur. Il y une conspiration, on a fait une conspiration pour lui faire perdre son procès, pour le lui faire gagner, pour lui faire avoir, pour lui faire perdre une charge. Il y a entre les hommes une espèce de conspiration à se dissimuler ce qu’on pense les uns des autres. Nicol.

☞ CONSPIRER, v. n. être unis d’esprit & de volonté pour l’exécution de quelque dessein. Conspirare. On le dit en bonne ou en mauvaise part, selon que le dessein est bon ou mauvais, louable ou blâmable. Conspirer au bien public. Tous conspirent à sa fortune, à sa ruine. Brutus & Cassius conspirèrent contre César, pour rendre à la Ré-