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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/899

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COP

que ce mot s’est formé du nom Jacobite : par le retranchement de la première syllabe, on a fait Cobite, Cobta, Copte ou Cophte. Il ne donne cependant ceci que comme une conjecture ; mais il faut avouer qu’elle n’est point méprisable, quoique le sentiment précédent paroisse beaucoup plus vrai, car selon la remarque de M. l’Abbé Renaudot, les vocabulaires Cophtes & Arabes décident la difficulté, traduisant le mot Αἴγυπτος qui signifie Egyptien, Cophte ou Copte ; & les Arabes, dans leurs Histoires d’Egypte, dont il y en a un grand nombre, parlant des anciens Egyptiens, les appellent Coptes. Voyez le Pollier Jésuite, dans l’Appendix ad Alexandrinos Patriarchas de Coptis Jacobitis, imprimée en 1703, à Anvers, à la fin de son Traité des Patriarches d’Alexandrie, où il a traité fort savamment des commencemens des Jacobites, des mœurs, des sentimens, des erreurs, des rits, des sacremens, des jeûnes, de la circoncision des Coptes, &c. M. l’Abbé Renaudot, de la Perp. de la foi, T. IV, L. I, c. 9 & 10, Le P. Hel. Hist. des Ordres Relig. I, P. c. 8. Le P. Vansleb, Histoire de l’Eglise d’Alexandrie, imprimée à Paris en 1677, & dans sa relation Italienne de l’Etat présent de l’Egypte, imprimée au même lieu en 1671, & dans la nouvelle relation d’un voyage fait en Egypte, imprimée aussi à Paris en 1677.

Les Cophtes sont divisés en trois Ordres. Le Clergé d’abord, puis les Laïques qui se divisent en deux : les gens considérables, qu’ils appellent Mebaschers, mot Arabe dérivé de בשר baschar, Nuntiavit, & qui signifie Nuncius, d’où vient qu’ils appellent les Evangélistes d’un nom semblable ? Le second ordre des Laïques est composé des Artisans & de tout le peuple. C’est ce que nous appelons le Clergé, la Noblesse & le Tiers Etat.

Le P. Kirker, dans son Prodromus Coptus, c. 1, distingue les Cophtes des Coptes, ainsi qu’il les appelle, & qui sont les Coptes, ou Chrétiens Jacobites d’Egypte, dont nous venons de parler ; & il prétend que Copte est un nom forgé par les Mahométans, qui appellent ainsi les Chrétiens & les Moines d’Egypte ; que ce nom signifie coupé, circoncis : ce qu’il fait bien remarquer, parce qu’il ne se souvient point d’avoir trouvé κόφτος dans les anciens Auteurs. Le P. du Sollier, Jésuite, dans l’Appendix qu’il a mise à la fin de son Traité des Patriarches d’Alexandrie, & dans laquelle il traite des Coptes ou Cophtes, réfute le P. Kirker, & soûtient que dans les anciens Auteurs on ne trouve pas plus Copte que Cophte ; que ces noms sont aussi nouveaux l’un que l’autre. Il ajoûte qu’il ne voit pas pourquoi les Mahométans appelleroient les Chrétiens d’Egypte par dérision Coptes, c’est-à-dire, circoncis, puisqu’ils le sont eux-mêmes ; & que si c’étoit un terme de mépris, il ne conçoit pas comment la Chronique d’Alexandrie leur donneroit ce nom ; que personne avant le P. Kirker n’a fait cette distinction ; car Quaresnius, qui semble aussi la faire, Liv. I, c. 46, écrivoit en même temps que ce Jésuite ; qu’enfin on ne peut pas supposer que des le VIIIe ou IXe siècle tous les Chrétiens Jacobites d’Egypte ont été appelés Cophtites, à cause de la circoncision, puisqu’il est probable que ce n’est qu’au XIIe siècle, sous les Patriarches Macarius & Abul-Magede, que la circoncision a été communément reçue, ou recommandée parmi eux, & que si elle fut pratiquée auparavant, ce ne fut que par quelques particuliers, & sans obligation. Tout ceci est tiré de l’Ouvrage du P. du Sollier, dont nous avons parlé au mot Copthe ; & M. l’Abbé Renaudot a fait ensuite la même réflexion dans le IVe T. de la Perpét. de la Foi, Liv. I, c. 9, p. 71. Autrefois dans tout le Diocèse ou Patriarchat d’Alexandrie, il n’y avoit qu’un seul Archevêque, qui étoit le Patriarche d’Alexandrie, qui n’avoit sous lui que des Evêques. Les Grecs orthodoxes ont établi dans la suite beaucoup de Métropolitains. Les Jacobites ont conservé l’ancienne forme de la hiérarchie. Ils n’ont encore aujourd’hui d’Archevêque que leur Patriarche, qui réside ordinairement au Caire, & qui prend le titre d’Alexandrie. Il a onze ou douze Evêques sous lui. L’Evêque de Diamette est le seul qui soit appelé Métropolitain, & cela dans le XIIe siècle seulement. Le reste du Clergé, ou Séculier ou Régulier, est composé des Ordres de Saint Antoine, de S. Paul & de S. Macaire, qui ont chacun leurs Monastères. Outre les Ordres de Prêtrise, de Diaconat & de Sous-diaconat, les Cophtes ont aussi des Igoumenes, ou Archimandrites, & ils leur confèrent cette dignité avec les mêmes prières & les mêmes cérémonies que les Ordres. Elle fait une distinction considérable entre les Prêtres ; & outre le rang & l’autorité qu’elle donne à l’égard des Religieux, elle comprend le rang & les fonctions des Archiprêtres. Par un usage de plus de six cens ans, si un Prêtre élû Evêque n’a pas été Archimandrite, on lui confère cette dignité avant l’Ordination Episcopale.

La seconde personne du Clergé, & qui, après le Patriarche, tient le premier rang parmi les Evêques, est celui qu’ils appellent Patriarche de Jerusalem, qui, par un ancien droit, ou coutume qui a passé en loi, gouverne l’Eglise Copthe pendant la vacance du siège Patriarcal. Ce patriarche de Jerusalem réside au Caire depuis long temps, apparemment parce qu’il y a trop peu de Cophtes à Jérusalem. Il y va seulement à Pâques, & fait quelques visites dans la partie de la Palestine qui touche l’Egypte, & qui reconnoît sa jurisdiction. Il n’est proprement qu’Evêque du Caire ; & il ne prend ce titre étranger, qu’afin que le Patriarche d’Alexandrie résidant au Caire, ne puisse y prendre aucune autorité. Ce n’est donc point comme l’a cru M. Simon, le Patriarche d’Alexandrie qui porte aussi le titre de Patriarche de Jérusalem. Pour être élu Patriarche, il faut avoir passé toute sa vie dans la continence, & même être vierge, & l’on choisit presque toujours un Religieux. C’est lui qui confère les Evêchés. Pour être Evêque, il faut être dans le célibat, & si l’on a été marié, il faut ne l’avoir été qu’une fois. Les Prêtres & les Ministres inférieurs peuvent se marier, mais on ne les y oblige point, comme l’écrit faussement Ludolph ; & l’on en voit plusieurs qui passent leur vie entière dans le célibat, comme dans l’Eglise latine. Bien plus, ils ne peuvent plus se marier quand ils ont été ordonnés, soit qu’ils ne l’aient point été avant leur ordination, soit qu’ils deviennent veufs. Il y a une infinité de Diacres ; & on les ordonne souvent dès l’enfance. On n’élève aux Ordres Ecclésiastiques que des Artisans & des gens du peuple ; de là l’ignorance où ils sont, & où les trouva le P. Roderic, Jésuite. Le respect des Laïques pour le Clergé, & des ordres inférieurs dans le Clergé pour les supérieurs, ne laisse pas d’être extrême & constant. Ils ont un Office plus long même que le Romain, qui ne change jamais en rien. L’Office du Carême est plus long qu’en autre temps, & celui des Evêques l’est plus que celui des Ordres inférieurs. Ils ont trois Liturgies, qu’ils changent selon les temps. La plus ordinaire est de Saint Basile ; les deux autres sont celles de S. Grégoire de Nysse & de S. Cyrille, qui sont beaucoup plus longues. Le P. Vansleb parle d’une Liturgie Grégorienne, dont ils ne se servent que dans les fêtes de N. S. & dans quelques autres des plus célèbres. Cet Auteur parle encore de douze autres Liturgies des Coptes, mais ce qu’il en dit paroit peu sûr au P. du Sollier.

Il y a des Religieux & des Religieuses Coptes, & la profession Monastique est en grande estime parmi eux. Pour y être reçu, il faut avoir la permission de son Evêque. Ces Religieux Coptes font vœu de chasteté perpétuelle. Ils renoncent à leurs parens & à leurs biens, & n’en possèdent aucun. Ils habitent dans les déserts. Ils ne s’habillent que de laine, ils se ceignent d’une courroie ; ils ne mangent point de viande, si ce n’est dans la dernière nécessité, & sont obligés même à retrancher de leur repas toutes les viandes délicieuses, & à se priver de toutes les sortes de nourritures sans lesquelles le corps se peut