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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/922

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COR

Diocèse de Trêves, & par les conseils & les secours que lui fournit le Baron de Renty, & quelques autres personnes de distinction & de piété. Pendant le temps qu’il travailloit à détruire le compagnonage, dont nous avons parlé en son lieu, M. de Renty & plusieurs autres personnes de piété lui conseillèrent d’établir une sainte société de gens de la profession, qui, en gagnant leur vie du travail de leurs mains, servissent Dieu en observant certaines pratiques de dévotion, qui leur fussent communes. Le Baron de Renty, le jour de la Purification de la Sainte Vierge, l’an 1642, mena Michel Buch, qu’on appeloit le bon Henri, & qu’il avoit fait recevoir Maître Cordonnier, il le mena, dis-je, au Curé de S. Paul, qui, avec son Vicaire, les ayant interrogés, déclara que leur vocation étoit bonne, & que Dieu vouloit être honoré & servi par cette association. Ainsi ce fut ce jour-là que cette société fut résolue & formée. Le Curé de S. Paul leur donna des réglemens. M. de Renty fut déclaré leur protecteur. L’Archevêque de Paris approuva leurs réglemens. P. Hélyot, T. VIII, c. 23.

Ménage dérive ce mot de cordouanier, qui a été fait de cordouan, espèce de cuir qui vient de Cordoue. D’autres tiennent qu’il vient de corde, parce qu’autrefois on faisoit des souliers de corde. On fait encore grand trafic en Espagne & en Amérique de ces sortes de souliers, qu’ils appellent alpargates.

On appelle aussi Cordonniers, les Artisans qui font des cordons de chapeaux. Funiculorum textores.

On dit ordinairement, qu’il n’y a que les Cordonniers de mal chaussés ; pour dire, que ceux qui travaillent bien pour autrui, n’ont pas le temps de travailler pour eux-mêmes.

CORDOUAN. s. m. espèce de cuir qui vient de Cordoue, & dont on fait le dessus des souliers. Caprinum corium. Il se fait de cuir de chèvre passé en tan : ce qui le distingue du maroquin, qui est passé en galle.

Cordouan. adj. qui est de Cordoue, ville Episcopale de l’Andalousie, en Espagne.

Neprendra plus le bourdon pour l’abeille,
Ni les fredons du chantre Cordouan,
Pour les vrais airs du Cygne Mantouan. Re.

Cordouan, Tour à l’embouchure de la Garonne en Gascogne, qui diffère du méridien de Paris de 0° 14′ 27″ occid. ou 3° 36′ 45″. Sa longitude 16° 12′ 45″. Sa latitude, ou élévation du pôle 45° 30′ 10″. Cass.

CORDOUANIER. s. m. celui qui prépare & passe les cuirs nommés Cordouans.

CORDOUE. Corduba. Ville Episcopale d’Andalousie en Espagne, sur le Guadalquivir. Cordoue est une ville fort ancienne, qui fut la patrie des deux Sénèques & de Lucain. Cordoue a été plus de deux cens ans Capitale d’un Royaume des Maures, & le siège de leurs Rois, dont l’on y voit encore l’ancien Palais ; une Mosquée qui passoit pour la plus belle du monde, à la réserve de celle de la Mecque, fait aujourd’hui la Cathédrale de l’Evêque qui est suffragant de Séville. Cordoue fut reprise par ses Chrétiens l’an 1236.

Il y a une petite ville Episcopale du Paraguai, à laquelle on a donné le même nom. Laët, L. XIV, c. 10, la met au 32e degré, 30 min. de latitude méridionale.

Cordoue, forteresse de la Tucumanie, bâtie par Julien Sedenro, sous les ordres de Gomez Zurita, Gouverneur de la Tucumanie, vers le milieu du XVIe siècle. Elle étoit sur les confins des Calchaquins, peuples barbares dont elle arrêtoit les courses. Del Techo, L. I, c. 20, Hist. Parag.

CORDZILER. s. m. garde du Roi de Perse, Custos, Satelles Regis Persarum. Les Maléozogles ayant attaqué & blessé Ismaël Sophi, les Cordzilers, qui étoient autour du Prince, se jetèrent sur eux & les mirent à mort : ces Cordzilers sont les Gardes de Rois de Perse, car ils se servent de trois sortes de gens en leurs armées : de Turcomans, qui sont ceux qui ont des fiefs, & qui doivent servir le Prince quand il les mande, à peu-près comme notre ban & arrière-ban : les seconds sont les Corizzi, Coridjchi, ou Cordzilers, car on leur donne tous ces noms, qui sont stipendiés, & sont la garde du Prince ; les troisièmes sont les Auxiliaires des Provinces. A. Thomas.

Core ou Chore. s. m. Corus. Mesure des Hébreux qui contenoit dix baths, ou, selon le P. Calmer, 298 pintes, chopine, demi-setier & de pouce cube. Lorsque Dieu envoya des cailles pour la seconde fois dans le camp des Hébreux, chacun en amassa une si grande quantité, que ceux qui en avoient le moins, en eurent jusqu’à dix cores. Norab. c. XI, v. 32. Cette mesure s’appelle aussi chpmer. Les Traducteurs de Louvain la nomment coron. Je donnerai vingt mille corons de froment, & autant de corons d’orge. Paralip. ch. II, v. 10.

CORÉE, s. f. ce mot se trouve dans Pomey, pour signifier fressure de bête. Exta, viscera. D’autres disent courrée. Ces mots ne sont d’usage que dans quelques provinces.

CORÉE. Corea. La Corée est une grande presqu’Île d’Asie qui a titre de Royaume, qui tient à la Chine du côté du Japon. Voyez Martinius sur ce pays.

Corée. s. m. pié d’un vers grec ou latin, composé d’une longue & d’une brève.

Corées. s. f. pl. fêtes en l’honneur de Proserpine, que les Siciliens honoroient sous le nom de Cora. De κόρη, jeune & belle fille.

CORENTIN. s. m. nom d’homme. Corentinus. S. Corentin, premier Evêque de Quimper, étoit disciple de S. Martin, par lequel on dit qu’il fut sacré : son Eglise Cathédrale l’ayant pris pour son patron titulaire avec la Sainte Vierge, la ville s’appela depuis Quimper-Corentin, comme s’il en étoit le fondateur.

CORÉRIE. s. f. nom qui, à la grande Chartreuse, se donne à la maison d’en bas, où demeurent les Convers. Coreria. Il y a des livres imprimés à la Corerie. Coreriæ.

CORÉSIE. s. f. Coresia, terme de Mythologie, nom que les Arcadiens donnoient à Minerve.

CORÉSIEN, ENNE. s. m. & f. qui est de la Corée. Coreanus, a. Les Corésiens sont idolâtres, & ont plusieurs Religieux & plusieurs Monastères. Avant que le Tartare se fût rendu Maître de la Corée, les Corésiens se plongeoient dans toutes sortes de dissolutions. Corn.

CORESSES. s. f. pl. on nomme ainsi à Calais les lieux où l’on fait sorer le hareng ; ailleurs on les appelle Roussables.

CORÉSUS. s. m. Prêtre de Bacchus. Il y a une Tragédie intitulée, Corésus, par M. de la fosse.

CORÉVÊQUE. Voyez Chorévêque.

CORÉYEN, ENNE. s. m. & f. nom de peuple. Ce sont les habitans de la Corée, grande Peninsule, jointe à la Chine, du côté du Japon. On dit aussi Corésiens. Le P. Crasset dans son Histoire du Japon, écrit toujours Coreyen.

CORFIOTE. s. m. & f. Corcyræus, qui est de l’île de Corfou. Les Corfiotes sont presque tous Grecs schismatiques. Ils se donnèrent l’an 1386 aux Vénitiens, qui, pour être maîtres & paisibles possesseurs de cette Île, payèrent l’an 1401, trente mille ducats à Ladislas, Roi de Naples, auquel Corfou appartenoit auparavant.

Ce mot est formé de l’Italien Corfiotti.

CORFINIUM, ancienne ville d’Italie, dans le pays des Péligniens, aujourd’hui l’Abruzze citérieure. Elle n’étoit pas loin de Sulmone ; elle est ruinée. Dans la guerre appelée Sociale, les alliés, Marses, Samnites, & autres peuples d’Italie l’établirent leur Capitale, & le siège de leur Gouvernement, l’an de Rome 661, & la nommèrent Italique, comme la commune Patrie & la métropole de tous les peuples