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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/977

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COU

ris copiam faciant. Mais Pasquier dit que ce mot vient de coupe, qui signifioit autrefois infidélité ; & l’on disoit d’abord, la femme t’a fait coupe ; pour dire, coupeau.

COUPE-BOURGEON, s. m. petit animal de la grosseur d’une lentille. On l’appelle Coupe-bourgeon, parce qu’il ronge les jeunes jets des arbres fruitiers. On l’appelle autrement liset.

COUPE-CERCLE. s. m. est un instrument qui sert à couper du carton circulairement pour faire des sphères & autres pièces qui servent à l’Astronomie & à la Géométrie. Les compas à quatre pointes en ont toujours une tranchante qui s’appelle le coupe-cercle.

COUPE-CU, ou COUPE-CUL. s. m. C’est le plus malheureux coup du jeu de Lansquenet, quand celui qui tient les cartes amène la sienne la première, & perd toutes les autres où il avoit couché de l’argent ; & alors on dit que celui qui a coupé, lui a donné un vilain coupe-cu.

On dit aussi adverbialement, jouer une partie à coupe-cu. Ce mot ne se dit presque plus, on dit plus ordinairement coupe-gorge, dans quelque jeu que ce soit, quand on ne veut plus jouer, ni être obligé à donner revanche.

COUPE-GORGE. s. m. Lieu où l’on vole, où l’on assassine les gens, où il est dangereux de passer à cause des voleurs. Cædibus infamis locus. Les vallées des Mores, de Torfou, sur les chemins de Chartres & d’Orléans, ont été appelées des coupe-gorges. Il y a eu des hôtelleries appelées des coupe-gorges, à cause que les maîtres y assassinoient, ou y laissoient assassiner leurs hôtes.

Coupe-gorge se dit aussi des boutiques des Marchands où l’on vend trop cher, des maisons où l’on est rançonné & mal servi, & généralement de tous les endroits où il se commet des injustices. Taberna in quibus merces justo pluris væneunt. N’allez rien acheter chez un tel Marchand, c’est un coupe-gorge. C’est là un méchant cabaret, un vrai coupe-gorge. Le monde est un coupe-gorge, il n’y a que fraude & trahison. S. Evr.

Coupe-gorge, en termes de Marine, se dit des courbes de charpenterie qui forment la gorge du vaisseau, & s’élèvent insensiblement en arc vers l’étrave & sous l’éperon. Les Charpentiers les appellent gorgères, & les Matelots coupe-gorges, au lieu de dire courbes de gorges.

Coupe-gorge. s. m. Terme de jeu de Lansquenet. C’est la même chose que coupe-cu ; mais il est plus usité. Le coupe-gorge est le plus malheureux cour de Lansquenet. L’un s’emporte, l’autre déchire les cartes ; celle-ci les mord, l’autre les écrase ; elle maudit la couleur, se désespère du coupe-gorge. S. Evremontiana.

Il a fait trente fois coupe-gorge aujourd’hui. Regnard.

Vingt fois le coupe-gorge, & toujours premier pris. Id.

COUPE-JARRET. s. m. Bretteur, assassin, qui ne porte l’épée que pour battre, assassiner & faire insulte aux autres. Sicarius, grassator. C’est un scélérat qui se fait accompagner d’une douzaine de coupe-jarrets.

COUPELLE. s. f. terme d’affineur. Manière de cu de lampe ; petit vaisseau plat, & un peu creux, préparé pour essayer & pour purifier l’or & l’argent. Ces coupelles d’affinage sont composées de cendres bien lessivées, dessalées, sèches, battues & tamisées. Ces sortes de coupelles sont aussi appelées casses, ou cendrées. Et ainsi ces trois termes sont synonymes, & signifient la même chose. Boizard. ☞ Cependant la grande coupelle, où l’on fait en grand ce qui se fait en petit dans la petite, porte particulièrement le nom de casse, & différe de la petite, non par les matières dont elle est faite, mais par sa couverture & son fourneau. Pour affiner l’or & l’argent on met une coupelle à un feu de réverbère, & on y met du plomb à proportion de la quantité & de la qualité des matières à affiner. Quand le plomb a bouilli quelque temps, on jette les matières dans la coupelle, ce qui s’appelle charger la coupelle. Ce plomb s’imbibe dans ce creuset, ou s’évapore ; & il emporte avec lui l’impureté du métal. Auro argentoque excoquendo catinus.

☞ Pour l’intelligence de cette opération, il faut remarquer en passant que tous les métaux, excepté l’or & l’argent, se vitrifient aisément avec le plomb.

On appelle or de coupelle, & plus communément, or d’essai, l’or qui approche davantage de 14 carats, qui est le plus haut titre de l’or. L’argent de coupelle est l’argent à 11 deniers 25 grains.

Coupelle est aussi une espèce de poële de cuivre, ou de fer blanc, dont se servent les Canonniers pour emplir les gargousses de poudre.

On dit figurément qu’un homme a passé par la coupelle, quand il a subi un très-sévère examen, quand il a été bien saigné & bien purgé après une grande maladie, comme on examine & on purge les métaux par la coupelle. Faire passer un ouvrage à la coupelle. Vign. Marv.

Coupelle sèche. C’est une coupelle faite de terre de creuset, qu’on appelle de la sorte, parce qu’elle ne s’imbibe pas à cause de la matière. Les Affineurs s’en servent pour adoucir avec le salpêtre & le borax, lorsqu’ils ont affiné avec l’antimoine.

COUPELLER, v. a. passer de l’or & de l’argent à la coupelle. Aurum catino excoquere. Ce n’est pas un examen suffisant que la pierre de touche, ni la coupe par le burin ; pour juger sûrement de la bonté d’un or, il faut le coupeller.

Coupellé, ée. part. Excoctum in catino aurum, argentum.

COUPE-PÂTE. s. m. terme de boulanger. C’est un instrument de fer, avec un rouleau au haut, & qui est plus délié & plus large que la paume de la main, duquel on se sert pour couper la pâte.

☞ Les Patissiers se servent aussi de coupe-pâte. Ce sont des moules servant à couper la pâte de la grandeur que l’on veut.

☞ COUPE-QUEUE. s. m. instrument dont se servent les Mégissiers pour couper les queues des peaux qu’ils veulent passer en mégie. Encyc,

COUPER, v. a. séparer avec un instrument tranchant un corps continu & solide, en deux, ou plusieurs parties. Secare, dissecare, resecare, incidere, cædere, scindere. On coupe les blés avec une faucille. On coupe l’herbe avec une faulx. On coupe les arbres avec une coignée & la serpe. Le laboureur coupe la terre avec la charrue & le coutre. Couper du pain, de la viande avec un couteau. Un fanfaron dit en menaçant, qu’il coupera bras & jambes à quelqu’un ; pour dire, qu’il fera toutes sortes de mauvais traitemens : & au figuré, on dit qu’un juge a coupé bras & jambes à une partie ; pour dire, qu’il lui a fait tout le tort qu’il a pu. Malè excipere, malè habere, malè multare aliquem. On dit aussi, couper la bourse à quelqu’un, ☞ dans le sens propre, c’est lui voler adroitement sa bourse, ce qu’il a sur lui, figurément, c’est tirer de l’argent d’une personne qui n’a pas beaucoup d’envie d’en donner. Emungere aliquem argento, diminuere alicui pecuniam. Il s’est laissé couper la bourse pour avoir la paix.

☞ COUPER signifie quelquefois tailler suivant les règles de l’art. Ce tailleur est adroit ; il sait