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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/997

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toujours penchées & disposées en manière de couronne à l’extrémité de la tige, qui est surmontée par un toupet de feuilles plus larges que celles de la tige. Le pistil devient un fruit divisé en trois loges qui renferment chacune deux rangs de semence. Il y a des Couronnes impériales à fleurs jaunes & à fleurs rouges, celles-ci sont les plus ordinaires. Celles qui donnent double rang de fleurs, ou des fleurs doubles, sont les plus rares.

Cette plante fleurit au mois d’Avril. Elle est encore appelée le Lis Royal ; ses fleurs ressemblent à des lis, bien qu’elles n’aient pas les bords renversés, & qu’ils ne s’écartent pas tant à l’ouverture. Elles ne viennent pas toujours dans un nombre égal, quelquefois il en fleurit peu, & quelquefois beaucoup. L’ordre & l’arrangement de son tour change aussi-bien que la couleur de ses fleurs. Il y en a à un, à deux & à trois étages. Chaque feuille de cette fleur a dans le fond une certaine humeur aqueuse, qui forme comme une perle très-blanche, qui distille peu à peu des gouttes d’eau très-nettes & très-claires. Voyez Morin, de la Culture des fleurs. La couronne impériale ne veut de soleil que médiocrement, une terre à potager, la profondeur & la distance de quatre doigts. Comme l’oignon n’a point de robe, & qu’il est fort tendre, il ne faut le lever de terre que pour en détacher les cayeux ; ce qui se fait au mois de Septembre ; & on les replante aussi-tôt. Si on les veut tenir hors de terre, il faut les serrer dans des boîtes & les envelopper dans du papier. Morin.

Dans un Recueil de Dissertations critiques sur des endroits difficiles de l’Ecriture, &c, imprimé à Paris en 1715, l’Auteur montre dans la IIe Dissertation que si c’est une fleur qui se voit au revers de quelques médailles d’Hérode I, c’est une fleur de couronne impériale ; que la couronne impériale est le Lis de l’Ecriture, ou le שושן des Hébreux, qui croissoit dans la Terre-Sainte ; qu’elle nous est venue de Perse ; qu’on l’y appelle Thusai ; que ce sont les Turcs qui l’en ont apporté ; & que de Constantinople elle a passé dans ces pays-ci ; que les Arabes ont porté son nom en Espagne, & l’ont donné au Lis qu’on y appelle Acucena ; que le Thusai des Perses est le Lis Royal des Anciens, & que le Lis Royal est la couronne impériale ; que c’est le lilium repandum de S. Jérôme dans la Vulgate ; & enfin que l’eau qu’elle distille est la myrrhe que Salomon dit distiller du שושן ou du Lis des Hébreux. Cant. v. 13. Voyez cette Dissertation.

Couronne, en termes de Physique, se dit d’un météore qui paroît en forme de cercle lumineux autour du soleil & de la lune, quand leur lumière est réfléchie sur des nuées médiocrement épaisses. Corona. Les couronnes sont ordinairement de quatre & cinq degrés de diamètre ; mais quand le ciel est serein, elles en ont jusqu’à 45. Elles sont terminées à l’extérieur par une couleur rougeâtre-obscur. A l’intérieur elles tirent un peu sur le bleu. M. Mariotte, dans son IVe Essai de Physique, dit que les grandes couronnes qui se voient autour du soleil & de la lune sont causées par de petits filamens de neige médiocrement transparents, qui ont la figure d’un prisme triangulaire équilatéral.

Couronne, en termes de Jardinage, se dit de certaines grosses branches à l’extrémité & autour desquelles sont crues plusieurs autres petites branches par la malhabileté de ceux qui conduisent les arbres : alors on dit ironiquement, voilà de belles couronnes. Cet arbre ne manque point de couronnes. Liger. Arbor bene coronata.

☞ On emploie aussi ce mot dans les descriptions de Botanique. Coronula, petite couronne en forme de godet qui s’observe au bout de quelques semences. Cette partie forme un calice propre à chaque fleuron.

☞ Il y a aussi une manière de greffer, que les jardiniers appellent greffer en couronne. Voyez Greffer.

Couronne d’Ethiopie, nom d’une des espèces de coquillages marins. Corona Æthiopiæ. Une couronne d’Ethiopie brune. Gers.

Couronne Papale, nom d’une espèce de coquilles. Voyez Coquille.

COURONNEMENT. s. m. cérémonie dans laquelle on met la couronne sur la tête des Souverains. Coronæ impositio, Regis inauguratio. Voyez sur le couronnement de nos Rois Du Tillet, & Lymnæus, I, II, C. 4. Charles-Quint, à son couronnement parut d’abord sous l’habit d’un Chanoine de Sainte Marie de la Tour de Rome ; ensuite il prit l’habit religieux de Diacre, & enfin il se revêtit de ses habits impériaux. Ce fut sous ce dernier habit qu’il fut sacré. Larrey. Les cérémonies anciennes & modernes du couronnement des Rois de Hongrie sont décrites dans la VIe partie de l’Histoire des Troubles de Hongrie, imprimée à Paris en 1688.

Le couronnement de la Sainte Vierge, est une cérémonie pratiquée le jour du Samedi saint dans l’Ordre des Servites. Calliste III & Innocent VIII permirent aux Religieux de cet Ordre de célébrer le même jour une messe solemnelle. Pie V abolit cette pratique. P. Hélyot, T. III, p. 301.

Couronnement, en termes d’Architecture, est la partie supérieure du bâtiment, qui termine un ouvrage. Coronis. On appelle aussi couronnement d’une voûte, le plus haut de l’extrados d’une voûte, pris au vif de la clé. Testudinis conclusura.

Couronnement, en termes de Marine, se dit du haut de la poupe d’un vaisseau, où sont les ornemens de menuiserie, & de sculpture, pour l’embellissement de l’arrière. Ornamenta, coronis.

Couronnement, en Serrurerie, est un grand morceau de fer à jour qui sert d’ornement au dessus d’une porte de clôture de chœur d’Eglise, ou de cour, ou de jardin. Coronis, ornamenta. Il est composé d’enroulemens, de feuillages, d’armes, de chiffres, &c. Les Serruriers appellent aussi couronnement de ferrure, certains ornemens qui se mettent sur l’écusson, & au dessus de l’ouverture. En général couronnement dans les Arts, se dit de quelque partie de l’ouvrage qui est au dessus des autres.

Couronnement du chemin couvert. C’est dans l’attaque des places, le logement qu’on fait sur la haut des glacis, qui enferme ou couronne toutes les branches du chemin couvert du front de l’attaque. Encyc.

Couronnement, en termes de Jardinage, est la même chose que couronne. Cet arbre étêté repoussera du tronc, au dessous de l’endroit où il avoit poussé ses branches, un grand nombre de jets ou au couronnement, ou vers le couronnement. Dodart, Acad. des Sc. 1700. Mém. p. 139. Le maronnier d’Inde pousse du couronnement, & l’orme près du couronnement. J’ai coupé 96 jets au couronnement d’un maronnier d’Inde de deux pouces de diamètre. Id.

Couronnement est aussi un terme d’Accoucheur & de Sage-femme. C’est l’entrée extérieure de la matrice. Uteri ora exterior. On appelle cette entrée couronnement, parce qu’au moment que la femme accouche, cet endroit entoure la tête de l’enfant en manière de couronne. On dit, l’enfant est au couronnement.

☞ Il ne faut pas imaginer qu’il y ait aucune partie du corps humain qui s’appelle ainsi ; c’est une position de l’enfant, lorsqu’il est sur le point de venir au monde, dans laquelle l’orifice de la matrice lui embrasse la tête.

Couronnement se dit figurément de la perfection d’un ouvrage. Coronis, operis perfectio, absolutio. Cette dernière action qu’il fit fut le couronnement de l’œuvre. C’est le couronnement de la doctrine. Pasc.

COURONNER, v. a. mettre une couronne sur la tête. Alicui coronam imponere, aliquem coronare, Regem inaugurare. On couronne le Roi, lorsqu’on le sacre. Pétrarque, voulut être couronné à Rome dans l’endroit même où l’on a coutume de couronner les Empereurs.