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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/98

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Jarchi, in Is., xxii, 21, et qu’on retrouve aussi dans le Chronicon pascale, Pat. gr., t. xcii, col. 301, et d’après laquelle Sobna, dont parle le prophète, était de race sacerdotale. Du reste, à part ce passage d’Isaïe, l’ʾabnêt n’est nommé que dans le Pentateuque, Exod., xxviii, 4, 39, 40 ; xxix, 8 (9) ; xxxix, 29 ; Lev., viii, 7, 13 ; xvi, 4. Les Septante l’ont traduit par ζώνη, et la Vulgate ordinairement par balleus, deux fois par cingulum, Exod., xxxix, 28 (hébreu, 29) ; Is., xxii, 21, et une autre fois par zona, Lev., xvi, 4. Elle ressemblait peut-être aux ceintures de luxe égyptiennes, dont les monuments figurés de la vallée du Nil nous ont conservé la représentation.


7. — Prêtre égyptien portant la ceinture.
(Thèbes. D’après Wilklnson.)

Le texte sacré nous dit qu’elle était brodée et faite avec les matières les plus précieuses : fin liii, hyacinthe, pourpre, écarlate.Exod., xxxix, 28 (29) ; xxviii, 39. Josèphe la décrit d’une ma nière plus précise. Ant. jud., III, vii, 2. Il dit qu’elle était d’une étoffe de lin tissée avec une telle finesse, qu’elle ressemblait à la dépouille d’un serpent, et qu’elle était couverte de fleurs brodées avec des fils bleus, pourpres, écarlates et blancs. Sa largeur était d’environ quatre doigts ; sa longueur suffisante pour faire plusieurs fois le tour du corps de celui qui la portait ; elle pendait par-devant jusqu’aux pieds. Lorsque le prêtre exerçait ses fonctions sacerdotales, il rejetait sur son épaule les bouts de son’abnêt. À ces détails fournis par l’historien juif, Maïmonide ajoute, De vas. sanct., 8, que la ceinture portée par le grand prêtre et par les prêtres ordinaires était de lin blanc, brodé avec de la laine, mais qu’au jour de la fête de l’Expiation, 1’ʾabnêt du pontife était entièrement de lin blanc. Cf. Lev., xvi, 4. Sa longueur était de trente-deux coudées, c’est-à-dire de plus de quinze mètres. Cette longueur paraît bien considérable. Cf., sur cette partie des vêtements sacerdotaux, S. Jérôme, Ep. lxiv ad Fabiolam de veste sacerdotali, 12, t. xxii, col. 614.

Josèphe termine sa description par une remarque qui mérite d’être notée. « Moïse, dit-il, a appelé cette ceinture abanêt (ἀϐανήθ) ; mais nous, nous l’appelons émian (ἐμιάν), ayant appris ce nom des Babyloniens. » Cela semble indiquer que les Juifs, captifs en Chaldée, avaient changé la dénomination antique pour en adopter une nouvelle, peut-être parce qu’ils considéraient cette dernière comme sémitique, tandis qu’ils regardaient la première comme d’origine étrangère. Quoi qu’il en soit, l’origine du mot ’abnêt était demeurée jusqu’ici inconnue. Gesenius, dans le Thesaurus linguæ hebraeæ, p. 221, lui attribuait une origine perse ; d’autres orientalistes, comme J. Fürst, Hebräisches Handwörterbuch, 2e édit., 1863, l. 1, p. 15, supposaient que ’abnêt est un mot égyptien, mais sans pouvoir appuyer leur hypothèse sur aucune preuve. Le déchiffrement des hiéroglyphes a démontré que c’est bien à l’Égypte que Moïse avait emprunté le nom d’ʾabnêt. Un des noms de ceinture en égyptien est, en effet, Modèle:Égyptien ou bnt, benêt ou banal, d’où ʾabnêt (avec l’aleph prosthénque). H. Brugsch, Dictionnaire hiéroglyphique, Supplément, p. 433.

F. Vigouroux.

1. ABOAB, ou plutôt ABOHAB Emmanuel, rabbin espagnol, émigré en Hollande, est l’auteur de la Nomologie, in —4°, Amsterdam, 1629. C’est une apologie de la tradition rabbinique. Nous ne mentionnons ici cet ouvrage que parce qu’il contient des notices sur les auteurs, et en particulier sur les exégètes juifs.

2. ABOAB ou ABOHAB Isaac, un des ancêtres d’Emm. Abohab, né en Castille, fut très lié avec Abarbanel. Comme ce dernier, il quitta l’Espagne à l’époque de l’expulsion des Juifs (1492). Plein d’estime pour les doctrines cabalistes, il les suit pourtant avec modération. On lui doit un commentaire du Commentaire de Nahmanide sur le Pentateuque. Il est plus connu par son livre de morale et d’édification, si célèbre autrefois chez les Juifs : Menôraṭ hammâôr, Le candélabre du luminaire, Exod., xxxv, 14. — Son commentaire a été imprimé à part à Constantinople, in-4°, 1525 ; avec ceux de Raschi et de Nahmanide, Venise, in-f°, 1548 ; Cracovie, in-f°, 1587 ; Wilmersdorf, 1713.

3. ABOAB, ABOHAB ou ABOUAB Isaac (1606-1693), Juif d’origine portugaise, né à Saint-Jean-de-Luz, émigra aux Pays-Bas, puis au Brésil ; enfin revint mourir rabbin à Amsterdam. Parmi ses ouvrages, on remarque une traduction espagnole du Pentateuque avec un commentaire succinct ou paraphrase, Parafrasis commentado sobre al Pentateuco, in-fol., Amsterdam, 1681.

ABOBI (dans le texte grec : Ἀϐούϐού), père de Ptolémée, qui fit assassiner son beau-père Simon Machabée, avec ses deux fils, Mathathias et Juda. I Mach., xvi, 1 1, 15.

ABOMINATION. La Vulgate a traduit par abominatio deux mots hébreux différents, dont la signification réelle est souvent différente de la signification ordinaire du mot « abomination » dans notre langue, et a par conséquent besoin d’être expliquée. Les deux mots hébreux sont, dans le texte original, תזצבה, ṭôʿêbâh, et שקזץ, šiqqûs. Pour ce dernier, voir Abomination de la désolation. L’expression ṭôʿêbâh, du verbe ṭiʿêb, « rendre abominable, détestable, souillé, » désigne en général « une chose détestable, honteuse, horrible », surtout en matière religieuse. Ce terme s’emploie, en effet, particulièrement à propos du culte des faux dieux. Deut., vii, 25, 26 ; XII, 31 ; xiii, 14, etc. etc. Dans le quatrième livre des Rois, xxiii, 13, le faux dieu Moloch est nommé « le ṭôʿêbâh des enfants d’Ammon ». Les idoles ou les fausses divinités sont nommées également ṭôʿêbôṭ, Deut., xxvii, 15 ; Is., xliv, 19 ; Jer., xvi, 18 ; Ezech., vii, 20 ; xi, 21 ; xvi, 36 ; les nations idolâtres sont appelées ʿammê ṭôʿêbôṭ, I Esd., ix, 14. Le mot « abominations » dans l’Exode, viii, 22 (26), désigne les animaux que les Hébreux offraient en sacrifice, et que les Égyptiens, au contraire, vénéraient comme des dieux, en particulier le bœuf.

ABOMINATION DE LA DÉSOLATION, « abominatio desolationis. » La Vulgate a rendu par ces mots les expressions שקציט משממ , šiqqûšîm mešômêm, employées par Daniel, ix, 27, dans sa prophétie messianique des soixante-dix semaines. Ces expressions sont importantes, à cause du passage même où elles se lisent pour la première fois, et aussi parce qu’elles sont répétées par Daniel dans une autre prophétie, xi, 31, et que nous les retrouvons dans le premier livre des Machabées et dans les Évangiles ; mais le sens en est obscur, de là vient qu’elles sont interprétées de manières très différentes. Pour tacher d’en saisir le sens, nous allons les étudier successivement dans les différents endroits où elles ont été employées.

I. Dans Daniel. — Daniel, à la fin de sa prophétie des soixante-dix semaines, annonce les malheurs qui fondront sur son peuple, lorsque aura cessé l’oblation des sacrifices ; il dit qu’alors ʿal kenaf šiqqûšim mešomêm, ix, 27. Non seulement les mots ont une signification vague et peu