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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/125

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avec la scène de l’apparition de l’ombre d’Hector, dans La Prise de Troie, de Berlioz (1863) ; ici, la voix de basse, chantant à demi-voix, descend de degré en degré la gamme chromatique, dans l’étendue d’une octave, entourée d’accords modulants auxquels une orchestration mystérieuse achève de donner un coloris incertain et comme surnaturel. Berlioz adapte des motifs descendants non seulement à la description de la mort de Didon, mais à l’expression des sentiments de honte et de désespoir qui remplissent la fin du duo d’Énée et Didon, dans Les Troyens (1863). L’étude de l’emploi réitéré de ce procédé chez Bach a été épuisée par Pirro. Il est aisé d’en découvrir la constante application au choix des leit-motive, dans les ouvrages de Wagner.

Dis, dièse dans la nomenclature allemande.

Discantur, n. m. lat. signifiant double chant. Dans les premiers temps de la polyphonie, ce nom était donné à la voix supérieure d’une composition à deux ou plusieurs voix. Sa traduction française, déchant, est devenue pendant quelque temps le nom même de l’art harmonique ou d’une de ses manifestations. (Voy. Organum.) Sous la forme diskant, ce terme est conservé dans la musique populaire bretonne pour désigner le refrain d’une chanson.

Discordance, n. f. Ancien nom de la dissonance, qui a été abandonné et auquel certains théoriciens modernes proposent de revenir en des cas déterminés. (Voy. Dissonance.)

Discordant, adj. 2 g. Se dit d’un son faux et désagréable ou d’un assemblage de sons hétérogènes.

Discorder, v. tr. Faire perdre à dessein l’accord normal à un instrument dont on veut obtenir une sonorité spéciale. Les luthistes du xviie s. pratiquaient l’accord à cordes avalées. Des cas de violon discordé sont cités dans les œuvres de Biber († 1698), de Fischer († 1721) et dans les 6e et 12e Concertos de Vivaldi. Paganini discordait son violon pour l’exécution de quelques-unes de ses pièces de virtuosité. Le solo de violon de la Danse macabre de Saint-Saëns se joue sur un instrument discordé, ce qui contribue à lui imprimer un caractère inaccoutumé. Wagner fait baisser d’un demi-ton l’accord de la 4e corde de la contrebasse, dans le prélude de Rheingold, pour obtenir une pédale très profonde.

Disdiapason, nom grec de la double octave, usité chez quelques théoriciens.

Disjoint, adj. 2 g., qualifiant deux degrés qui ne se succèdent pas immédiatement.

Disposition, n. f. adopté par les facteurs étrangers pour décrire toute la structure et les ressources d’un orgue, plan, dimensions, force, matériaux et plus spécialement le nombre et le choix de ses jeux.

Disque, n. m. Plaque circulaire de métal ou de matière durcie. Les cymbales, le tam-tam sont des D. métalliques mis en vibration par le choc. Les églises d’Orient se servent, comme signal religieux des divers moments de l’office, de D. chargés de petites clochettes, que l’on agite au moyen d’un long manche. || Dans l’appareil sonore appelé sirène, qui sert, soit aux expériences de physique, soit aux signaux maritimes ou industriels, le D. est la plaque de métal ou de carton durci, percé de trous réguliers, qui, étant mise en rotation selon des degrés calculés de vitesse, livre et ferme tour à tour le passage au courant d’air. Le nombre des tours correspond au nombre de vibrations voulu, et par conséquent au plus ou moins d’élévation du son dans l’échelle. || Dans les instruments enregistreurs, la substitution du D. plat au cylindre distingue le système du gramophone de celui du phonographe. Son principal avantage est d’occuper peu de place.

Dissonance, n. f. Intervalle qui ne satisfait pas à l’idée de repos et doit, pour y atteindre, être suivi de sa résolution sur une consonance. Cette définition classique entraîne la répartition des intervalles entre ces deux catégories. Mais cette répartition ne peut avoir rien de fixe. Elle a varié à chaque époque et continue de varier sous nos yeux en doctrine et en pratique. Le jugement de l’oreille ne suffit pas à l’opérer, et la proposition d’un criterium basé sur les rapports simples échoue, faute de pouvoir elle-même s’énoncer incontestablement. Dans l’antiquité et le haut moyen âge, seuls étaient considérés comme formant consonance les intervalles de quinte, de quarte, son complément (ou son renversement), et d’octave ; les autres intervalles étaient donc tenus pour dissonants. L’emploi des uns et des autres différenciaient certains genres. L’incertitude commence, historiquement, dès l’aurore de la composition harmonique. Presque à la même date, Francon de Cologne et l’anonyme