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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/131

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xive s., et lié avec les cérémonies du culte dont il était la mise en action et le développement littéraire et musical.

Vingt-deux D. liturgiques, dont le plus ancien se jouait dans l’abbaye de Saint-Martial de Limoges, ont été publiés par Coussemaker. Pour les parties du texte directement empruntées à l’office du jour, on se servait des mélodies qui leur étaient affectées. Les fragments ajoutés comme complément et commentaire de l’action étaient composés dans les formes ordinaires du chant grégorien. La diaphonie et le son des instruments s’y mêlaient probablement. La présence de personnages costumés dans les processions est aujourd’hui, en certains lieux, un souvenir du D. liturgique. L’église d’Elche, province d’Alicante (Espagne), a conservé la coutume d’une représentation religieuse de la Mort et l’Assomption de la Vierge, qui se renouvelle chaque année, les 14 et 15 août, et dont le texte, entièrement chanté, comprend des chants populaires d’origine très ancienne et des pièces polyphoniques du xvie s. Le tout a été publié par Pedrell. || D. lyrique. Titre donné, de préférence à celui d’opéra, à quelques ouvrages modernes de musique dramatique, et notamment à Pelléas et Mélisande, de Debussy (1902). || D. musical, traduction du titre all. Tondrama, donné par Wagner à ses grandes créations et sous lequel se caractérise sa réforme de l’opéra. (Voy. Opéra, et Oratorio.)

Dualisme, n. m. État de ce qui est double, ou qui se compose de deux éléments. Ce nom a été donné à un système théorique proposé par Œttingen et développé par Riemann, sur la base de la division harmonique et arithmétique de l’octave, enseignée par Zarlino (1558). Ce système repose sur la résonance des sons harmoniques inférieurs, que le son fondamental engendre dans un ordre inverse de celui des sons supérieurs. Ceux-ci produisent l’accord parfait majeur, et les autres, l’accord parfait mineur.

Duettino, Duetto, n. m. ital. Diminutif de duo. Petite composition à 2 parties.

Dugazon. Nom d’une éminente actrice d’opéra-comique, de la fin du xviiie s., passé dans la langue théâtrale pour désigner le genre d’emploi où elle brillait.

Dulcian, n. m. Jeu d’orgues, à anches, très doux, de huit ou seize pieds.

Dulciana ou Dolciana, n. f. Jeu d’orgues, à bouche, de la famille des jeux de gambe. On le construit en quatre et huit pieds.

Dulcimer, n. m. Ancien nom du tympanon, conservé pour désigner cet instrument dans la langue anglaise. Les textes du moyen âge le mentionnent assez obscurément et avec des variantes orthographiques telles que dulce melos et doulx de mer. Composé d’une caisse de résonance de forme trapézoïdale, sur laquelle était tendue une série de cordes que le musicien frappait avec deux bâtonnets, il est regardé comme l’un des ancêtres du clavicorde et du piano. (Voy. Clavicorde, Tympanon.)

Duo, n. m. Composition à deux voix ou à deux instruments. La diaphonie, l’organum, le déchant en présentent les premiers essais. Dans les œuvres polyphoniques du xve et du xvie s. abondent les épisodes en D. placés d’ordinaire, dans les messes, soit au Christe eleison, soit au deuxième Agnus Dei : tel est le cas pour la messe Mente tota de Fevin, réimprimée par Expert d’après l’édition de 1516. De grands recueils de D. ont été publiés en 1545 et 1590, sous le titre de Bicinia, par Rhau, de Wittenberg, et Phalèse, d’Anvers. Au xviie s. les airs à deux voix furent à la mode chez les amateurs de chant français ; on les écrivait dans les formes les plus simples, souvent en contrepoint égal, avec une basse continue. Les maîtres italiens du même temps accrurent l’intérêt du D. de chambre ou d’église, en usant davantage de la forme dialoguée et en y introduisant des réponses canoniques et des dessins contrepointés. Steffani (1653-1728) se rendit célèbre par ses Duetti de camera, aussitôt imités et dont l’influence se fit sentir jusque chez les plus grands créateurs, tels que Hændel et Bach. Les cantates à deux voix, en plusieurs mouvements, des musiciens français du xviiie s. en sont un écho moins direct. À l’époque suivante apparut, sous le titre de nocturne, un genre de D. de chambre, de proportions réduites, où les voix chantaient presque constamment ensemble et où prédominaient les suites de tierces et de sixtes, agréables à l’oreille. Un des derniers et des plus charmants exemples s’en trouve dans Béatrice et Bénédict, de Berlioz (1862). Le petit D. de chambre, ou lied à deux voix, fut abondamment cultivé en Allemagne par Mendelssohn, Küchen, Schumann